samedi 25 avril 2009

Calvin : 1509 - 2009 (4)

L’œuvre écrite magistrale de Calvin

C’est à un Calvin exilé que l’on doit la préface de son œuvre littéraire principale qu’est l’Institution de la religion chrétienne. La préface, appelée Epître au roi, s’adresse à François 1er, dans le temps où la persécution sévit avec force contre ceux qu’on appelle les " Bibliens ou les Evangéliques. " Tiraillé entre le besoin dans lequel il se trouve d’avoir l’appui des princes protestants allemands dans le conflit qui l’oppose aux espagnols catholiques, le roi justifiait ses exactions en faisant courir le bruit que les suppliciés n’étaient que des extrémistes condamnés pour des raisons politiques, et non religieuses. Le souvenir des " hordes de paysans fanatiques " ayant dévasté l’Allemagne, sous prétexte d’adhésion au luthéranisme, était encore dans toutes les mémoires.

Ne supportant pas le mensonge diplomatique, Calvin prend la plume pour défendre la foi, l’honneur et l’intégrité de ses coreligionnaires. Plutôt que de prêter l’oreille à des racontars, Calvin exhorte le roi à instruire en toute connaissance la cause de ses sujets injustement calomniés. Il profite aussi de l’occasion qui lui est donnée pour rappeler au " Très chrétien François 1er " les principes selon lesquels il doit gouverner pour accomplir avec justice le mandat qui lui a été confié par Dieu.

Extrait de l’épître au roi

" C’est votre office Sire, dit-il, de ne détourner vos oreilles, ni votre courage d’une si juste défense, principalement quand il est question de si grandes choses. C’est à savoir comment la gloire de Dieu sera maintenue sur terre, comment sa vérité retiendra son honneur, comment le règne de Christ demeurera en son entier. Oh ! matière digne de vos oreilles, digne de votre juridiction, digne de votre trône royal ; car cette pensée fait un vrai Roi, s’il se reconnaît être un vrai ministre de Dieu au gouvernement de Son Royaume ; et au contraire celui qui ne règne point à cette fin de servir à la gloire de Dieu, n’exerce pas règne mais brigandage.... Quelque chose convient mieux à la Foi que de nous reconnaître nus de toute vertu, pour être vêtus de Dieu ? vides de tout bien, pour être emplis de lui ? serfs de péché, pour être délivrés par lui ? aveugles, pour être de lui illuminés ? boîteux, pour être de lui redressés ? débiles, pour être de lui soutenus ? de nous ôter toute matière de gloire, afin que lui seul soit glorifié, et nous en lui ? "

Puis Calvin, dans le but d’éclairer le roi, l’invite à lire les documents joints dans lesquels il explique les principes de la foi qui anime ceux qu’il persécute. Le roi, semble-t-il, ne lira jamais la lettre que Calvin lui adressa.

L’Institution de la religion chrétienne

Au moment où Calvin adresse son écrit au roi, en 1536, celle-ci n’est en fait qu’un petit livret de 6 chapitres. Sa présentation à la foire de Francfort, au printemps 1536, va faire de lui, un jeune inconnu de 27 ans, l’une des personnalités les plus en vue du monde religieux européen. Car ce qui frappe dans l’écrit de Calvin, ce n’est pas tant les nouveautés qui s’y trouvent, mais la clarté et l’ordre avec lesquels ils les arrangent et les expliquent pour les rendre accessibles aux plus grands nombres. Si, jusqu’à présent, on reconnaissait en Calvin le prédicateur, le théologien, le juriste et l’humaniste, l’Institution va le révéler comme possédant un don supplémentaire non négligeable à l’époque : celui d’écrivain.

Si en 1536, l’Institution ne comprenait que six livrets, Calvin n’aura de cesse tout au long de sa vie de l’augmenter. Ainsi, en 1541, Calvin éditera à Strasbourg une première traduction en français de l’Institution revue et considérablement augmentée. C’est ici le premier ouvrage de cette importance qui ait jamais été écrit dans notre langue. Plus tard, en 1559, Calvin remaniera complètement son exposé, le transformant dans sa version définitive en Somme théologique de 4 livres et 24 chapitres.

Nous verrons dans un prochain billet quels en sont les thèmes majeurs.


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je viens de commencer la lecture de l'Institution de la Religion chrétienne, de J. Calvin, commandé à Excelsis - ed Kerygma. Je pensais que c'était une folie, cette commande...si difficile, si austère, ...Eh bien non : un livre clair, facile à lire, en français moderne, tout en respectant la beauté du style, attrayant, et exempt des éternels préjugés d'ensemble...Bravo à ceux qui se sont lancés avec bonheur dans l'aventure...A mon sens une lecture intéressante pour tous les chrétiens...