samedi 28 mai 2011

The Tree of Life : décryptage

The Tree of Life

Heureuse et légitime surprise ! La palme d’or du festival de Cannes 2011 revient à l’excellent film de Terrence Malick « The Tree of life », l’Arbre de Vie. Au beau milieu de l’actualité glauque du moment, où la seule préoccupation des journalistes est de savoir s’il y avait du sperme d’un « présumé » violeur sur le chemisier de sa « présumée » victime, le film est un vrai bol d’oxygène.

Au travers d’un mari et de sa femme, le film expose les deux voies par lesquelles le genre humain fonde son existence. La 1ère, la voie naturelle, est la voie du mérite. La réussite dans la vie, l’acceptation des autres, tout passe par là. Sa place dans l’histoire, l’estime dans le cœur des autres, se gagnent à la force des poignets. Telle est la voie à laquelle croit le père et dans laquelle il éduque ses enfants. Exigence et rigueur sont donc les mots d’ordre de la voie naturelle. Les règles sont strictes, les conventions obligatoires ! La seconde est la voie de la grâce, de l’amour inconditionnel, incarnée par la femme !

Loi et grâce

La faille de la voie naturelle est très visible dans le film. Elle est double ! Dans la vie de celui qui l’incarne et dans celles à qui il l’impose. Elle souligne, mieux que tout discours, où aboutit la loi simplement appliquée. La loi sans amour est une trique qui blesse. Elle est sans pitié, sans indulgence, sans discernement. Elle fait fi de l’ingrédient principal qui noue toute relation : l’amour. Pire, elle le simule. Exemple est donné quand le père force son fils à l’embrasser, à lui dire « je t’aime ». Les mots, les gestes y sont, mais le cœur est froid. La loi montre ce qui devrait être fait. Mais elle ne communique aucune force, puissance, aucun désir, aucune motivation stimulante pour faire. Plus grave ! Elle conduit celui qui l’applique à des extrêmes tels que le bon sens et la conscience suffisent pour le condamner. Un homme peut être religieux, il reste incapable par lui-même d’aimer. La voie naturelle du mérite et de l’effort déshumanise, car elle ôte à l’homme ce qui fait de lui sa beauté d’homme : la grâce !

Cette beauté humaine est incarnée par la femme dans le film. La grâce ne se voit pas seulement dans le visage de l’épouse. Elle est surtout présente dans ses attitudes. Loin du père autoritaire, elle offre la liberté d’être aux enfants. Quand la loi n’est plus là, la vie jaillit. L’amour inconditionnel règne alors ! Les enfants rient, chantent, jouent avec la mère sans crainte. Le père de retour, la vie, immédiatement, se crispe, se fige.

Autant que les enfants, la mère souffre de la tyrannie qu’exerce le père. Grâce et loi ne peuvent faire bon ménage ! Quand la loi régit les comportements, la grâce est étouffée, elle se tait ! Elle pleure, prie, souffre. Car la loi ne produit qu’une chose : la colère. Plus le temps passe, plus elle gronde, mûrit… jusqu’au jour où elle explose en haine. Haine du fils contre le père, qui se transforme en haine contre tout, Dieu, la vie, le frère… Effet pervers : alors qu’elle devait mener au bien, la loi produit le mal. Que faudra-t-il pour que les choses changent ? Le film le montre !

Le malheur

Le malheur qui frappe ! Aveugle, inexplicable, en sens contraire de la logique. Il tue l’enfant, le second, le soumis. Déraillés de leur logique, le père, le fils rebelle sont désorientés. La mère est brisée. Malheur salutaire ! Le père comprend que Dieu ne suit pas les schémas de la loi. Le malheur frappe le méchant comme le bon. Il ne s’enquiert pas des mérites, de la valeur.

Mais le malheur interroge ! Il questionne ! Il place chacun face à lui-même, réduit à néant les logiques qu’il a suivies. Il oblige aussi à découvrir Dieu. Ce Dieu si puissant qui, de rien a fait l’univers, n’a-t-il pas le pouvoir d’empêcher le malheur ? Bien sûr qu’il l’a ! Et s’il l’a, pourquoi ne le fait-il pas ?

La fin du film renvoie à la seule réponse recevable pour nous les hommes. C’est dans la grâce et la bonté de Dieu, au-delà du malheur et de l’incompréhensible, que l’homme doit mettre sa foi ! La grâce est la seule source d’espérance que nous ayons dans ce monde. Or l’espérance ne trompe pas ! Si, ici-bas, elle est une promesse dont la foi se saisit, son objet est certain. Il se réalisera dans la résurrection !

Le film ne dit jamais le nom de Jésus. La musique et les chœurs entendus l’évoquent. Il est celui par qui la grâce nous est donnée. Contre toute logique, il nous dit que Dieu nous aime, nous reçoit, nous pardonne indépendamment de ce que nous avons produit. Jésus met fin à la tyrannie de la loi naturelle. En Lui se trouve « The Tree of Life », l’Arbre de Vie ! Quelle grâce !


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samedi 21 mai 2011

Le paradis perdu : suite et fin

7ème livre :

A la demande d’Adam, l’ange Raphaël poursuit le récit des choses qui se sont passées au Ciel avant la création de l’homme. Il raconte à Adam comment et pourquoi ce monde a été créé. Dieu, ayant expulsé Satan et ses anges de son ciel, déclara que son plaisir était de créer un autre monde et d’autres créatures pour y habiter. Il envoie son Fils dans la gloire avec un cortège d’anges pour accomplir l’œuvre de la création en 6 jours. Les anges célèbrent par des cantiques cette création et le retour dans la gloire du Fils après sa victoire sur les forces célestes rebelles à Dieu.

8ème livre :

Adam continue à interroger Raphaël sur diverses choses de la création. Raphaël l’incite à chercher à connaître des choses plus dignes d’être connues. La simple curiosité ne doit pas être le but de l’intérêt d’Adam pour les choses qui l’entourent. Adam comprend. Il témoigne à Raphaël de ce dont il se souvient depuis sa propre création : son premier regard sur le monde dans lequel il venait d’arriver, le dialogue avec Dieu sur la solitude qu’il éprouvait et le besoin d’une vis sociale différente, sa première rencontre et ses noces avec Eve… Le soir venu, Raphaël quitte Adam, non sans lui avoir répété auparavant avec insistance des avertissements sur le danger qui le guette.

9ème livre :

Satan, ayant parcouru la terre avec une fourberie méditée, revient de nuit comme un brouillard dans le Paradis. Il entre dans le serpent endormi. Le matin, Adam et Eve sortent pour vaquer à leurs occupations. Eve propose à Adam de diviser le travail en parts et de se séparer. Adam n’y consent pas. Il craint que l’ennemi profite de la solitude d’Eve pour la tenter. Eve s’offense du manque de confiance d’Adam en elle. Adam cède. Voyant Eve seule, le serpent s’approche d’elle et la flatte. Eve s’étonne d’entendre l’animal parler. Le serpent lui dit qu’en goûtant un certain fruit, il avait acquis de nouvelles capacités : la parole et la raison. Eve lui demande de le conduire à l’arbre en question. Elle voit qu’il s’agit de l’arbre défendu. Devenu plus hardi, le serpent, à coup d’astuces et d’arguments, l’engage à goûter du fruit. Il lui assure qu’il n’y a là rien de mortel, lui-même étant plus vivant que jamais. Eve goûte : le fruit lui semble délicieux. Elle délibère pour savoir si elle en donnera à Adam. Elle lui porte du fruit. Adam est consterné. Mais, la voyant perdue, il se résout, par amour pour elle, à se perdre avec elle. Il goûte aussi du fruit. Les effets sur les deux sont immédiats. A la vue de leur nudité, la honte s’empare d’eux. Ils tombent en désaccord et commencent à s’accuser l’un l’autre de ce qu’ils viennent de faire.

10ème livre :

La transgression d’Adam et Eve connue, les Anges qui gardaient le Paradis retournent au ciel pour justifier leur vigilance. Ils sont approuvés. Dieu envoie Son Fils pour juger les transgresseurs. Il descend et leur fait connaître la sentence de leur péché. Par pitié pour eux, il les revêt d’habits de peaux.

Le PECHE et la MORT, assis aux portes de l’enfer, sentent que leur père Satan a réussi son coup dans le nouveau monde. Il quitte le lieu où ils se trouvent pour rejoindre le monde des hommes. Pour aller d’un lieu à l’autre (l’Enfer – le monde) ils construisent un immense pont au-dessus du Chaos en suivant la première trace de Satan. Ils le rencontrent en cours de route, lui revenant vers l’Enfer. Ils se félicitent mutuellement. Arrivé au lieu où sont les esprits précipités dans l’Abîme, Satan raconte son succès sur l’homme. Au lieu d’applaudissements, il est accueilli par des sifflements stridents. Tous sont transformés subitement en serpent rampants selon la sentence prononcée par le Fils dans le Paradis.

Dieu prédit la victoire finale de Son Fils sur les puissances mauvaises. En attendant, il ordonne à ses anges divers changements dans les Cieux et les Elements. Adam, profondément affligé, refuse les consolations qu’Eve lui offre. Elle persiste et finit par l’apaiser. Ils parlent ensemble des solutions éventuelles qui s’offrent à eux, comme le suicide… Adam se souvient de la promesse du Fils : sa race, un jour, se vengera du serpent. Adam exhorte Eve à chercher avec lui la réconciliation de la Divinité offensée par le repentir et la prière.

11ème livre :

Le Fils de Dieu présente à son Père les prières de nos premiers parents repentants. Il intercède pour eux. Dieu les exauce, mais il déclare qu’ils ne pourront plus habiter longtemps dans le Paradis. Il envoie Michel avec une troupe de Chérubins pour les en déposséder et pour révéler à Adam ce qui doit arriver par la suite. Eve s’effondre en entendant l’arrêté de Dieu ordonnant leur expulsion. Adam s’excuse, mais se soumet. L’Ange le conduit au sommet d’une haute colline, et lui découvre, dans une vision, ce qui arrivera jusqu’au déluge.

12ème livre :

L’Ange Michel continue de raconter à Adam ce qui arrivera à la suite du déluge. Parlant d’Abraham, il explique par degrés qui sera celui de la race de la femme qui accomplira la promesse faite par Dieu. Il parle de son incarnation, de sa mort suivie de sa résurrection et de son ascension. Il lui rapporte ce que sera l’Eglise dans son développement et évoque le retour final du Fils à la fin des temps. Adam est satisfait et rassuré par les récits de l’ange et les promesses entendues. Il redescend de la montagne et retrouve Eve qui avait dormi pendant ce temps. Des anges, par des songes paisibles, l’avaient tranquillisée. Michel les conduit tous deux par la main hors du Paradis. Des Chérubins se postent à l’entrée armés d’épées flamboyantes, pour en interdire désormais l’accès. Le Paradis est perdu, mais Adam et Eve ne partent pas seuls : une promesse de salut, inscrite dans leurs cœurs, les accompagne désormais !

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samedi 14 mai 2011

Le paradis perdu

Le paradis perdu

L’épopée que raconte John Milton commence au moment où, précipités des cieux après sa révolte contre Dieu, Satan se retrouve avec la bande d’anges qui l’a suivi, couché sur un lac brûlant, évanoui. Revenant à lui, le bel ange défiguré voit à côté de lui, Béelzébuth, méconnaissable. Dès lors, Satan n’aura plus qu’un but : tirer vengeance de sa défaite et récupérer son trône. Les douze livres, qui composent le paradis perdu, nous racontent cette épopée fantastique dont l’action se déroule avant la création et jusqu’au 3ème chapitre de la genèse.

1er livre :

Réveillé et souffrant, Satan se lève du lieu où il a atterri. Il réveille avec lui toutes ses légions, confondues et amoindries comme lui. Elles se lèvent. Ensemble, ils essaient de trouver un endroit où la souffrance est moindre. Chose faite, Satan leur adresse un long discours. Il leur fait part de son espérance de gagner à nouveau le ciel. Surtout, il leur parle d’une nouvelle espèce de créatures qui doivent un jour être formées. Les esprits tiennent conseil pour savoir ce qu’il convient de faire.

2ème livre :

La délibération du conseil donne lieu à plusieurs propositions. Quelques-uns pensent qu’il faut livrer une nouvelle bataille pour retrouver le ciel. D’autres les dissuadent. Satan suggère plutôt de s’enquérir sur la réalité de la prophétie parlant de la création imminente d’un autre monde. Sa proposition est retenue, mais une question demeure : qui essaiera, à ses risques et périls, de s’échapper de l’Abîme ? Satan, étant le chef, se propose. Il est acclamé et applaudi. Prenant son envol, il finit après un long voyage par arriver aux portes de l’Enfer. Il les trouve fermées et gardées par la MORT et son fils PECHE. Reconnaissant en Satan leur père, la MORT lui ouvre les portes. Dirigé par le CHAOS, il parvient à la vue du monde nouveau qu’il cherchait.

3ème livre :

Dieu, siégeant sur son trône, voit Satan qui vole vers ce monde nouvellement créé. Il le montre à son Fils bien-aimé qui siège à sa droite. Il prédit le succès de Satan qui pervertira l’espèce humaine, bien qu’il ait créé l’homme libre et capable de résister au Tentateur. Il déclare sa volonté de faire grâce à l’homme qui ne tombera pas de sa propre méchanceté, mais suite à la séduction de Satan. Dieu ajoute cependant que sa Justice nécessite la mort de l’homme pour sa faute. Le Fils de Dieu s’offre volontairement comme rançon de l’homme. Le Père l’accepte, ordonne l’Incarnation, et commande à tous les anges de l’adorer. Ils obéissent et chantent en chœur les louanges du Père et du Fils.

Arrivé aux portes du Ciel, Satan prend la forme d’un ange inférieur. Il rencontre l’ange Uriel, à qui il prétexte le pieux désir de contempler la nouvelle création et l’homme que Dieu y a placé. Uriel lui communique tous les renseignements dont il a besoin.

4ème livre :

A la vue d’Eden, Satan est agité de plusieurs passions : frayeur, envie, désespoir. Il se confirme dans le mal et s’avance vers le Paradis. Il en franchit les limites et s’installe, sous la forme d’un cormoran, sur l’arbre le plus haut du jardin, l’arbre de vie. Satan découvre Adam, le premier homme, et Eve, la première femme. Il s’étonne de l’excellence de leur forme et de leur heureux état. Plus que jamais, il est résolu à travailler à leur chute. Il les écoute et apprend, par leur discours, qu’il leur est interdit sous peine de mort de manger du fruit de l’arbre de la science. Il projette de fonder sa tentation sur le sujet.

Voyant Satan partir, Uriel se rend compte de sa méprise. Il avertit Gabriel, gardien des portes du Paradis. Celui-ci dépêche des légions pour trouver Satan. Le soir, alors qu’Adam et Eve sont endormis, Satan s’approche d’Eve pour lui suggérer de mauvaises pensées. Deux anges le découvrent et l’obligent à le suivre jusqu’à Gabriel. Celui-ci l’interroge, mais Satan ne lui répond que par le mépris. Satan est chassé du Paradis.

5ème livre :

Eve raconte le mauvais rêve qu’elle a eu à Adam. Adam la console. Puis ils sortent ensemble pour leurs travaux du jour. Dieu, afin de rendre l’homme inexcusable, envoie vers eux Raphaël. Raphaël descend au Paradis et exhorte Adam et Eve à l’obéissance. Il les prévient du danger qui les guette en leur révélant qui est Satan. Il leur raconte la genèse de sa révolte. Elle commença le jour où Dieu établit Son Fils chef de toute la création et jura par lui-même que tout genou devait se plier devant lui. Ange supérieur, Lucifer le prit mal. Se retirant dans le Nord avec ses légions, il incite les anges à la rébellion. Il discourt si bien qu’un seul, parmi ceux qui l’écoutent, s’oppose à lui : Abdiel, le séraphin. Il quitte la troupe des conjurés et part vers le Ciel.

6ème livre

Averti de la révolte de Satan, Dieu envoie Michel et Gabriel combattre contre lui et ses anges. Satan perd la première bataille. Il se retire avec les siens en conseil. Ils inventent des machines diaboliques. Les anges fidèles à Dieu sont surpris lors de la seconde bataille par les stratagèmes de Satan. Le combat est rude entre les deux camps. Le 3ème jour, Dieu décide d’envoyer son Fils. Arrivé sur place, il ordonne aux légions d’anges fidèles de rester sur place. Puis, il se précipite avec son char et ses armes au milieu de ses ennemis, incapables de lui résister. Tous sont précipités vers la muraille du Ciel. Le Ciel s’ouvre et les esprits rebelles tombent en bas. Avec horreur et confusion, ils sont jetés après 9 jours de chute au lieu du châtiment préparé pour eux dans l’Abîme. Le Fils retourne triomphant vers son Père.

Suite du récit la semaine prochaine…



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samedi 7 mai 2011

Les silences de Dieu

Le silence de Dieu

Jean-Paul Sartre disait : Dieu se tait, donc il n’existe pas pour l’homme. Si la parole de Dieu peut être dérangeante, son silence, pour certains, l’est davantage encore. Le silence de Dieu, à leurs yeux, le rend coupable. Comment Dieu peut-il se taire alors que tant d’horreurs se passent sur notre terre ? Comment peut-il rester muet alors que ceux qui se revendiquent comme étant son peuple sont mis à mal, persécutés, tués dans le monde entier ? Le silence de Dieu justifie l’athéisme des hommes, disait Sartre ! Que dire, que penser du silence de Dieu ?

Tout parle de Lui !

La 1ère chose que la Bible dit est que, sans parole, la perception de qui est Dieu se voit à travers sa création. Le ciel (le cosmos, l’infini) raconte la gloire de Dieu, dit le roi David. Depuis la création, ajoute l’apôtre Paul, les œuvres de Dieu parlent à la pensée et à la conscience des hommes de ses perfections invisibles. Certes, il n’y a là ni parole, ni langage. Mais le sens esthétique, la diversité, l’originalité de chaque création, l’intelligence, l’ordre : tout cela témoigne des attributs du concepteur.

Chacun de nous sait que les mots ne sont pas la seule forme de communication entre les êtres. La musique, la peinture, le mime, des gestes, le comportement, le visage sont autant de révélateurs expressifs de ce qui habite les humains. Dieu a donné dans ses œuvres suffisamment de lumière pour ceux qui veulent le voir, mais aussi assez d’obscurité pour ceux qui ne le veulent pas. Je ne poursuivrai pas ma réflexion sur les autres moyens par lesquels Dieu parle. Un autre article du blog traite le sujet. J’aimerais plutôt revenir sur le silence de Dieu. Il est une réalité biblique comme sa parole. Pour trois raisons, Dieu privilégie par moments le silence à la parole!

Le choix du silence

1. le silence : un cadre

La première raison est que le silence offre souvent le meilleur cadre pour entendre Dieu. Alors que le prophète Elie était sur le mont Horeb, découragé, il eut droit à la visite de Dieu. la Bible raconte qu’un grand violent, suivi d’un puissant tremblement de terre et d’un feu passa devant lui. Mais, dit le texte, Dieu n’était pas dans ces élément puissants et bruyants. Puis Elie entendit un murmure léger, le bruissement du silence. Et il entendit la parole de Dieu.

Nous n’aimons pas, en général, le silence. Nous lui préférons le bruit qui nous empêche de faire silence pour entrer en nous-mêmes. Aucune relation profonde avec Dieu n’est possible sans silence. Jésus l’a dit : « Si tu veux prier, va dans la pièce la plus reculée de ta maison. Là enferme-toi et adresse-toi à ton Père qui est dans le secret… Le silence étant le cadre privilégié de l’écoute de Dieu, Il travaille souvent pour en produire les conditions. Il nous fait sortir de notre train-train quotidien, nous force à l’isolement, nous conduit dans l’échec parfois pour que nous soyons plus réceptifs à sa parole. Dieu aime la joie, pais aussi le silence. Et le silence est le meilleur prélude à la joie qu’il veut nous donner !

2. le silence : un choix

Tout la Bible est l’expression de ce que Dieu a dit durant des siècles. Dieu a parlé de plusieurs reprises et de plusieurs manières, dit un auteur (voir article blog). Cette parole n’a pas été continue. Comme en musique, elle alterne avec des temps de pause, de silence qui lui donne son rythme. Il faut faire remarquer ici que, si Dieu parle, il ne nous dit que ce que nous avons besoin d’entendre, rien de plus. Nous aimerions parfois spéculer sur les silences de Dieu sur certains sujets. Acceptons le fait que, dans sa sagesse, Dieu sait ce qu’il fait. Ce que nous avons de Dieu suffit pour que nous lui fassions confiance au sujet de ce que nous ignorons.

Certains commentateurs hébreux de la genèse ont fait remarquer que le premier mot de la Bible commence par un B : Béréchit = au commencement. Avant le B, il y a le A de Alpha. Or, l’Alpha, c’est Dieu ! Si nous pouvons connaître les choses à partir du B, il y a une partie des choses qui touchent au A que nous ne pourrons jamais connaître. Elles font partie du silence de Dieu, un silence que nous devons respecter, le silence qui exprime et exprimera toujours l’infinie distance qui sépare la créature de son Créateur !

Dieu est un peu (avec tout le respect que je lui dois !) comme la lune. Il a une face lumineuse et une face cachée. Moïse nous précise la raison de cette ambivalence divine : les choses cachées sont à Dieu, les choses révélées sont à nous… pour que nous les mettions en pratique

3. le silence : un signe

Si la Parole de Dieu est, en majorité, signe d’espoir, le silence de Dieu est souvent signe de sa colère ou de son abandon. Dans la période du juge Samuel, la parole de Dieu était rare. C’était le temps où chacun faisait ce qui lui semblait bon… sans se soucier aucunement de ce que Dieu pensait. Si la plupart de nos contemporains n’entendent pas Dieu, la raison principale n’est-elle pas, qu’au fond d’eux-mêmes, ils n’ont aucune envie de l’entendre ?

Après avoir désobéi maintes fois, le roi Saül voulut consulter Dieu. Il utilisa tous les moyens à sa disposition pour cela. Mais Dieu ne répondit pas. Il y a un temps où Dieu parle, et on ne l’écoute pas. On passe allègrement sur ce moment qui nous invite à faire silence. Ce peut être la mort qui frappe de près, une souffrance qui nous déstabilise, quelque chose qui trouble notre paix et notre conscience… Vient le moment où, tout à coup, nous aimerions entendre Dieu… et nous n’entendons rien. Aujourd’hui, si tu entends sa voix, n’endurcis pas ton cœur !

Jamais cependant le silence de Dieu n’aura été plus dramatique dans l’histoire qu’au moment où Jésus est sur la croix. Alors que toute sa vie d’homme, un dialogue ininterrompu animait la relation entre le Père et le Fils (Jésus est appelé la Parole), le silence s’abattit soudain sur lui. Jésus, à la croix, dit Paul, incarne le péché, notre péché. La rupture est consommée. D’où la détresse du Fils se traduisant, face au silence du Père, par ce cri déchirant : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M’as-Tu abandonné ? Maltraité, affligé, dit le prophète, il n’a pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui le tondent, il n’a pas ouvert la bouche. Le jugement qui devait tomber sur nous, à cause de notre rébellion, est tombé sur lui.

Le silence qui accompagna la mort de Jésus nous rappelle que la détresse la plus grande de l’homme sera de ne plus être au bénéfice d’une seule parole de Dieu. La mort, le lieu de l’éternité sans Dieu, est appelée dans la Bible la demeure du silence : un silence juste interrompu par les pleurs, les cris, le remords rongeur de ceux qui se souviendront de leur folie de ne pas avoir écouté en temps voulu… la parole qui voulait les sauver !

Bons luvres sur le sujet :
- l'exil de la parole : André Neher
- le silence dans la Bible : Luc Pelsy (les cahiers de "Christ seul")


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