vendredi 20 juin 2014

L'Eglise selon Jésus

Dans le monde sans en être…

L’Eglise chrétienne vit sa propre vie au milieu du monde et, par tout son être, par toute son action, rend à chaque instant témoignage de ce fait que « la figure de ce monde passe », que le temps est court, et le Seigneur proche. Cela la remplit de la joie la plus intense. Le monde devient trop petit pour elle. Elle marche encore dans la chair, mais son regard est dirigé vers les cieux d’où reviendra celui qu’elle attend.
Ici, en pays étranger, elle est comme une colonie loin de la patrie, une communauté d’exilés qui profite de l’hospitalité du pays dans lequel elle vit, qui obéit à la loi de ce pays et en respecte l’autorité. Elle use avec reconnaissance de ce qui fait partie des besoins du corps et de la vie, en toutes choses elle se montre honnête, juste, pure, douce, tranquille et prête à servir. A tous les hommes, elle manifeste l’amour de son Seigneur « et surtout envers les frères dans la foi ».

Elle est patiente et joyeuse dans la souffrance, et se fait gloire de l’affliction. Elle vit sa vie propre sous une autorité et une juridiction étrangères. Elle prie pour toute autorité et, ce faisant, elle lui rend le plus beau des services. Mais elle n’est là que comme en passant. A chaque instant peut retentir le signal donnant l’ordre de poursuivre la marche. Alors, elle plie bagage, et abandonne toue amitié, toute parenté de ce monde pour suivre uniquement la voix qui a lancé l’appel. Elle abandonne le pays étranger, et fait route vers sa patrie, le ciel.

Le sel de la terre

Ils sont pauvres, affligés, affamés et altérés, débonnaires et miséricordieux, pacifiques, persécutés et outragés dans le monde, et, pourtant, c’est à cause d’eux seuls que le monde est maintenu encore. Ils préservent le monde du jugement et de la colère de Dieu. Ils souffrent pour que le monde puisse encore vivre sous le régime de la patience divine. Ils cherchent les choses qui sont en haut etnon celles qui sont sur la terre.

Car leur véritable vie n’a pas encore été manifestée, elle est encore cachée avec le Christ en Dieu. Ils ont là devant les yeux le reflet de ce qu’ils seront. Ici, seule leur mort apparaît, leur mort secrète et quotidienne au vieil homme, et leur mort publique devant le monde. De même, ils sont encore cachés à leurs propres yeux. La main gauche ne sait ce que fait la main droite. C’est précisément en tant qu’Eglise visible qu’ils se demeurent totalement inconnus à eux-mêmes. Ils ne regardent qu’à leur Seigneur. Lui est au ciel, en lui se trouve la vie qu’ils attendent. Mais lorsque le Christ, leur vie, paraîtra, eux aussi paraitront avec lui dans la gloire.

Une gloire cachée bientôt visible

« Ils avancent sur terre et vivent aux cieux. Ils sont sans force et protègent le monde. ils goûtent la paix au milieu du tumulte. Ils sont pauvres et ont pourtant ce qui leur plaît. Ils sont dans la souffrance et demeurent dans la joie. Ils semblent morts aux sens extérieurs et vivent intérieurement la vie de la foi. Lorsque le Christ, leur vie, paraîtra, lorsqu’un jour il se présentera dans la gloire, avec lui, princes de la terre, ils paraîtront aussi, glorieusement, à l’étonnement du monde. Ils régneront, triompheront. Tels de somptueux luminaires, ils orneront les cieux. Alors on pourra ressentir la joie révélée.[1] »

C’est l’Eglise de ceux qui ont été appelés, l’ecclesia, le corps du Christ sur terre, ceux qui suivent la voie de l’obéissance à Jésus, ses disciples.

Tiré de « le prix de la grâce » : Dietrich Bonhoeffer



[1] Extraits de La joie intérieure des chrétiens resplendit de Chr. Fr. Richter


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