samedi 21 avril 2007

Dédé le Breton !


Enfance

C’est en février 1904 que le petit Théophile augmente d’une unité l’addition de la famille Badoual. Dans le petit village de Saint-Gouëno (Côte d’Armor), le père de Théo exerçe le métier de maréchal-ferrant et la mère, celui de couturière. Le couple tient un « cabaret-quincaillerie-mercerie ». L’univers familier de Théo dès son enfance est donc « le bistrot ». Dès qu’il est en âge de grimper sur les bancs et d’atteindre les verres des consommateurs, l’enfant s’habitue à en vider les restes au grand amusement des clients.

Les parents

Le dieu bouteille prit une place importante dans la vie de Pierre Badoual, père de Théo. Sa mère Adèle fit ce qu’elle put pour protéger ses enfants de ce père buveur. Mais avec le temps, les scènes de violence se firent de plus en plus fréquentes. Un jour, effrayée par la violence de son époux, elle lui jeta au visage un verre plein d’eau. Blême de colère, Pierre Badoual alla chercher un seau d’eau froide et le lança sur sa femme. Lasse, Adèle ne trouve pas la force de changer ses vêtements. Peu de temps après elle contracte une broncho-pneumonie dont elle ne se rétablira pas. Théo venait d’avoir 10 ans lorsque, le 17 février 1914, Adèle Badoual s’éteignit.

Descente aux enfers

6 mois après le père de Théo se remarie. Livré de plus en plus à lui-même, la vie de Théo Badoual va connaître une véritable descente aux enfers. Son premier emploi trouvé, il se met à boire et à fumer. Aidé par de mauvaises fréquentations, il commence ensuite à voler. A 18 ans, il s’engage pour 3 ans dans la marine. Là, ses penchants pour l’alcool et la bagarre ne font que s’amplifier. Il connaîtra dans ce cadre ses premières prisons. Revenu à la vie civile, Théo se plonge de plus en plus dans le milieu. Proxénète à l’âge de 22 ans, cambrioleur la nuit, Théo Badoual, plus connu sous le nom de Dédé le Breton, comptera, lorsque pour la dernière fois il sera arrêté, pas moins de 20 condamnations.

La relégation

A 39 ans, le tribunal le condamne à la relégation, peine s’appliquant aux récidivistes destinée à retirer de la société les individus moralement incurables. « La relégation, dit Théo, ce sera jusqu’à la fin grisaille de jours qui se ressemblent, des jours sans joie dans lesquels alterneront frustrations, sodomie, clans entre créatures vivant dans un univers fermé, violence et un cafard à rendre fou. Des jours ternes, infernaux où la pourriture de l’âme semblera avoir précédé celle du corps. » Quel espoir, quel avenir pour un homme condamné à perpétuité ?

1ère libération

Dans l’isolement de sa cellule, Théo s’interroge. S’il n’y a plus d’espoir du côté des hommes, peut-être y en a-t-il un du côté de Dieu ? Transféré à la prison de Riom, il se procure une Bible contre un paquet de cigarettes. Il y lit alors cette phrase du Christ dans le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui… » Touché, le cœur de Théo s’ouvre au pardon gratuit de Dieu offert par Jésus-Christ. C’est le commencement d’une vie nouvelle. Condamné à perpétuité, mais libéré des chaînes intérieures qui l’avaient lié jusqu’alors, Théo trouve dans sa prison la seule chose qu’il n’a jamais trouvé au-dehors : la paix de l’âme.

2ème libération

Le 20 juin 1940, les troupes allemandes déferlent sur Riom. Dans la prison, les vivres commencent à manquer. De 7O kg, Théo passe à 46. Plus d’une fois, Théo croit mourir. Mais chaque fois il se rétablit et réintègre l’atelier où il travaille exhortant ses compagnons de misère à se réconcilier avec Dieu. En 1947, Théo est avec d’autres transféré à la citadelle de Saint-Martin de Ré. Là, le changement de vie de Théo devient évident pour tous. Serviable, il refuse l’alcool, se détourne de l’immoralité et chaque jour lit sa Bible et prie devant tous. Examiné par la chambre des libertés conditionnelles, le dossier Badoual reçoit un avis favorable. Le 2 avril 1948, Théo est averti de sa libération prochaine. Le 1er janvier 1949, il sort pour toujours de la prison.

Deux fois gracié !

L’histoire de Théo ne s’arrête pas là. Aidé par des amis chrétiens, Théo peut, hors des murs de la prison, se reconstruire socialement. Il suit une formation en cuisine. Le 5 février 1953, un événement inattendu se produit. Vincent Auriol, président de la République, gracie Théo Badoual. Du jour au lendemain, son casier judiciaire redevient vierge. Ses 20 ans d’interdiction de séjour sur le territoire français et le régime de liberté conditionnelle sous lequel il vivait sont supprimés. Juridiquement et civilement, Théo redevient un citoyen libre. Lorsqu’il reçoit la nouvelle, ses collègues surpris lui disent : « Mais, Théo, tu ne sautes pas de joie ! » Ce à quoi, il répond : « Bien que je sois heureux, je suis libéré depuis longtemps par Christ. La grâce des hommes n’est rien en comparaison de la grâce de Dieu ! »

Tiré du livre : j’étais prisonnier… et Tu m’as visité : Editions Ouverture


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

3 commentaires:

Ichtus02 a dit…

Dommage qu'à Saint-Goueno, on ne se rappelle pas de Théo badoual

Anonyme a dit…

Théo Badoual aimait bien revenir dans sa Bretagne natale pour ses vacances et pour y partager sa foi. Breton comme lui, ancien marin comme lui et ancien buveur comme lui, Théo était le prédicateur le jour où, pour la première fois de ma vie j'ai mis les pieds dans une église protestante évangélique. Quel souffle de liberté! Je n'oublierais jamais cette coïncidence préméditée par Dieu.
Alain Monclair.

Bernard Badoual a dit…

On se souvient de Théophile et on en parle assez souvent en fait. Pas à Saint Gouéno où il n'y a plus guère de Badoual que gravés sur les croix, mais aux alentours...
Mon grand-père Jean-Baptiste d’un an son ainé, son cousin d'enfance à Saint Gouéno, en parlait souvent ; Evidemment pas comme d'un exemple, mais plutôt comme d'une originalité. Il faut dire que mon grand-père était à la fois droit comme la justice et anticlérical.
Il y a depuis peu un autre Theo Badoual sur cette terre, il ira bientôt à l'école à Pontchartrain. Un jour je lui raconterai ce que je sais de l'histoire de son homonyme avec lequel il partage quelques gènes datant d’Adrien Gilles Badoual décédé en 1855