samedi 20 mars 2010

Jacques Le-Febvre d'Etaples : un picard trop peu connu... (1)

Un homme trop méconnu

Jacques le-Fèvre d’Etaples devrait, au moins, être connu de tous les protestants français. Il occupe une telle place dans l’histoire de la révolution religieuse qui s’est produite au XVIème siècle qu’il apparaît comme un personnage incontournable. S’il n’est pas compté au nombre des réformateurs, il fût sans conteste l’un de ceux qui, par son influence, leur ouvrit la route.

Portrait

Jacques Le-Febvre naquit en 1455 à Etaples, petit bourg de Picardie. Pour les uns, sa famille était pauvre, pour d’autres aisée. Tous s’accordent à reconnaître cependant en lui, dès l’enfance, une belle intelligence, une âme noble, un cœur droit. Les détails sur ses premières années de vie nous manquent. Nous savons seulement qu’en 1490, il était à Rome où il séjourna jusqu’en 1492. C’est là qu’il étudia à la fois le latin et le grec, ce qui était rare à l’époque.

Le-Febvre s’était voué à l’état ecclésiastique par goût et aussi parce que c’était la seule ressource des roturiers qui désiraient s’instruire. De Rome il alla à Paris, où il fut nommé professeur de philosophie. Un auditoire nombreux se pressa autour de sa chaire, ravi d’entendre un homme qui savait rendre la science aimable et enseigner sans pédanterie. Pour ces raisons, au lieu d’admiration, il dut faire face à l’hostilité de ses collègues qui ne manquèrent pas de lui causer maintes tribulations qu’il supporta avec une patience admirable.

Un érudit

A cette époque, Le-Fèvre était connu sous le nom du docteur d’Étaples, par allusion au lieu de sa naissance. Son érudition était telle qu’il passait alors pour l’homme le plus savant et le plus éclairé de son temps. Le bon roi Louis XII l’honorait de son estime, ainsi que ses courtisans, fiers de posséder à Paris un homme d’un si grand mérite. Il dut à leur admiration de couler, pendant longtemps, des jours heureux, malgré les attaques de ses nombreux ennemis, qui ne lui pardonnaient pas sa gloire. Parmi ceux qui lui montrèrent une grande bienveillance, il faut placer en première ligne Guillaume Briçonnet, abbé de Saint-Germain-des-Prés, et depuis évêque de Meaux. C’était un homme doux, aimable, pieux mais faible. Il s’attacha à Le-Fèvre et se déclara ouvertement son protecteur. Le prélat devint l’ami du docteur et l’appela dans son diocèse pour y exercer les fonctions de grand vicaire.

Situation religieuse de l’époque

Le-Febvre vivait à une époque où la foi chrétienne s’était perdue. Les prêtres étaient ignorants, les évêques corrompus, le peuple superstitieux, la Bible aussi inconnue que le Coran. A la place de cette belle Église primitive, si sainte, si éclairée, on avait une Église qui ne connaissait, ni le Christ, ni sa parole. Un culte matériel avait remplacé le culte en esprit et en vérité. Au milieu de ces épaisses ténèbres pénétra soudain un brillant rayon de soleil. Le printemps succéda à l’hiver, et l’on vit tout à coup se réveiller, en France, le goût des lettres, des arts et des sciences. L’imprimerie, qui venait d’être découverte, donna une vive impulsion à ce beau mouvement auquel on donna le nom de Renaissance.

Plus, et mieux qu’un autre, Le-Febvre devait se réjouir à la vue de cette jeunesse intelligente, studieuse, avide d’apprendre, et des rangs de laquelle sortirent ces lettrés, ces savants, et ces artistes, qui immortalisèrent le règne de François Ier. Au milieu d’eux, Le-Febvre était comme un père, il encourageait leurs efforts, et quoique très âgé, il était le premier, par le zèle, la science et la piété. Pendant longtemps cependant il ne put faire briller, devant eux, le flambeau de l’Évangile. Pour lui, comme pour tous ses contemporains, la vérité chrétienne était alors un trésor caché. Le-Febvre était donc catholique, un catholique pieux, sincère, droit. Comme il croyait que l’homme se sauve par ses œuvres, il s’efforçait de faire celles dont l’Église romaine fait dépendre le salut : chaque jour il disait dévotement sa messe, récitait les litanies des saints, se soumettait à de longs jeûnes, et s’administrait la discipline.

Tous ces exercices corporels ne lui donnaient pourtant pas la paix. Son cœur était donc plein de tristesse. mais Le-Febvre ne se décourageait pas. Il nourrissait l’espérance que Dieu aurait pitié de lui ; et Dieu, qui se révèle toujours à celui qui le cherche sincèrement, lui répondit. Attirant son regard sur la Bible, il trouva la source où le pécheur puise son salut.



Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

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