Un inconnu blessé…
Au Nord-Ouest de l’Inde, un groupe d’hommes descend dans la vallée portant sur une civière un blessé aux yeux bandés. Ils l’amènent à la clinique du docteur blanc. Dès qu’il les voit arriver, le Docteur Pennell, médecin missionnaire anglais, s’avance sur le seuil de la porte. « Qui amenez-vous là ? » Les porteurs haussent les épaules. « Nous l’ignorons. L’homme gisait gravement blessé au bord du chemin, alors nous l’avons emmené. As-tu de la place pour lui, Docteur ? » Le médecin se penche sur le malheureux. Pas de doute : c’est un Afghan, probablement membre de la tribu des pillards Patau qui combat sans cesse les tribus voisines. Sûrement un nouveau cas de vengeance sanglante ! « Amenez-le, pour lui nous avons un lit », réplique aimablement le médecin.
Dialogue
Dans son lit, le patient s’agite. Le Docteur Pennell s’approche et le malade éclate :
- Docteur, redonne-moi la vue, je pourrai alors retrouver et tuer l’homme qui m’a mis dans cet état. Mon cœur crie vengeance. Lorsque je l’aurai tué, cela me sera égal d’être aveugle toute ma vie.
- Mon ami, répond le Docteur, tu as été admis dans une clinique chrétienne. Notre Seigneur Jésus-Christ veut que nous apprenions à pardonner à nos ennemis.
S’asseyant sur le bord du lit, il se met à lui parler du Fils de Dieu qui vint sur la terre pour révéler aux hommes le chemin de l’amour, en mourant pour ses ennemis.
- Ce sont de beaux mots, interrompt le malade, mais pour moi, ils ne signifient rien ; je veux me venger… me venger ! Mon ennemi m’a pris les yeux, cela lui coûtera la vie. Il n’y a pas de puissance plus grande que la vengeance. Dans ma tribu, je serai couvert de honte si je ne me venge pas.
- D’autres malades m’attendent encore. Mais ce soir, je reviendrai et je raconterai l’histoire de quelqu’un qui s’est aussi vengé, déclare le Docteur Pennell en s’éloignant.
Récit
A la tombée de la nuit, d’autres malades désirant aussi écouter l’histoire se groupent autour du docteur.
« Il y a longtemps, le gouvernement anglais envoya le capitaine Conolly comme ambassadeur en Afghanistan. Cependant, celui-ci ne parvint pas jusqu’à la capitale du pays, car, dans une contrée déserte, il fut assailli par une tribu de ce peuple qui le saisit et s’empara de tous ses bagages. Il fut accusé d’espionnage et jeté en prison. Un autre anglais, le capitaine Stoddard, lui aussi attaqué sans raison, était enfermé dans la même prison. Quelle joie pour ces deux hommes de se trouver ensemble ! On autorisa même le capitaine Conolly à garder le livre de prières que sa sœur lui avait donné à son départ pour les Indes.
Les semaines et les mois s’écoulèrent dans une extrême monotonie, interrompue uniquement par les brutalités des gardiens. La nourriture était mauvaise, insuffisante, et le cachot uniquement éclairé par un petit trou en haut du mur. Le livre de prières était leur seul réconfort : il leur montrait les choses essentielles de la vie, les consolait par ses prières et ses cantiques qui leur faisaient sentir la présence de Jésus. Le livre de prières remplit encore un autre service. Par le moyen d’un gardien, les deux hommes avaient réussi à se procurer de quoi écrire. Les marges du livre se remplirent de notes sur leur existence et leurs souffrances.
Un an s’écoula ainsi. Les dernières inscriptions relataient comment, un jour, les deux hommes furent sortis de prison, publiquement battus, et comment ils durent creuser deux tombes. Les familles, les amis, et le gouvernement anglais attendirent en vain un signe de vie. Tout espoir disparut lentement. Plus de vingt ans s’écoulèrent…
Un officier russe, flânant dans les rues de Boukara en Asie Centrale, entra un jour dans une boutique de brocanteur. Il y trouva un livre de prières anglais avec de nombreuses annotations. Il ne pouvait pas en déchiffrer le contenu, mais découvrit une adresse sur la première page. « Peut-être ce livre a-t-il une valeur pour ces gens-là », pensa-t-il. Il l’acheta et l’envoya en Angleterre. Ainsi, après plus de vingt-deux ans, la sœur du capitaine Conolly reçut le livre qu’elle avait offert à son frère…
Elle se plongea dans la lecture des annotations et son cœur saigna en apprenant la grande injustice dont avaient été victimes les deux hommes. Que devait-elle faire ? Cela méritait des représailles ! Mais des représailles… chrétiennes. La sœur du capitaine Conolly n’était pas riche. Pourtant, elle décida d’envoyer à la clinique de Patau tout l’argent qu’elle pouvait rassembler ou économiser, avec la recommandation suivante : « Dans cette clinique, un lit doit toujours être disponible pour accueillir un Afghan malade ou blessé, qui sera soigné gratuitement jusqu’à sa guérison. Je fais cela en souvenir de mon frère qui a tant souffert de la part des Afghans et qui est mort dans leur pays. »
Epilogue
Le silence règne dans la petite salle. Le docteur Pennell pose alors sa main sur l’épaule de l’Afghan aveugle : « Mon ami, tu es couché dans ce lit : la vengeance de la mort du capitaine Conolly est que tu puisses guérir de tes blessures. » Le blessé comprend alors qu’il y a une puissance plus forte que la haine : la puissance de l’amour de Jésus-Christ.
Tiré du magazine « La bonne nouvelle dans la famille » : mars 2003
Au Nord-Ouest de l’Inde, un groupe d’hommes descend dans la vallée portant sur une civière un blessé aux yeux bandés. Ils l’amènent à la clinique du docteur blanc. Dès qu’il les voit arriver, le Docteur Pennell, médecin missionnaire anglais, s’avance sur le seuil de la porte. « Qui amenez-vous là ? » Les porteurs haussent les épaules. « Nous l’ignorons. L’homme gisait gravement blessé au bord du chemin, alors nous l’avons emmené. As-tu de la place pour lui, Docteur ? » Le médecin se penche sur le malheureux. Pas de doute : c’est un Afghan, probablement membre de la tribu des pillards Patau qui combat sans cesse les tribus voisines. Sûrement un nouveau cas de vengeance sanglante ! « Amenez-le, pour lui nous avons un lit », réplique aimablement le médecin.
Dialogue
Dans son lit, le patient s’agite. Le Docteur Pennell s’approche et le malade éclate :
- Docteur, redonne-moi la vue, je pourrai alors retrouver et tuer l’homme qui m’a mis dans cet état. Mon cœur crie vengeance. Lorsque je l’aurai tué, cela me sera égal d’être aveugle toute ma vie.
- Mon ami, répond le Docteur, tu as été admis dans une clinique chrétienne. Notre Seigneur Jésus-Christ veut que nous apprenions à pardonner à nos ennemis.
S’asseyant sur le bord du lit, il se met à lui parler du Fils de Dieu qui vint sur la terre pour révéler aux hommes le chemin de l’amour, en mourant pour ses ennemis.
- Ce sont de beaux mots, interrompt le malade, mais pour moi, ils ne signifient rien ; je veux me venger… me venger ! Mon ennemi m’a pris les yeux, cela lui coûtera la vie. Il n’y a pas de puissance plus grande que la vengeance. Dans ma tribu, je serai couvert de honte si je ne me venge pas.
- D’autres malades m’attendent encore. Mais ce soir, je reviendrai et je raconterai l’histoire de quelqu’un qui s’est aussi vengé, déclare le Docteur Pennell en s’éloignant.
Récit
A la tombée de la nuit, d’autres malades désirant aussi écouter l’histoire se groupent autour du docteur.
« Il y a longtemps, le gouvernement anglais envoya le capitaine Conolly comme ambassadeur en Afghanistan. Cependant, celui-ci ne parvint pas jusqu’à la capitale du pays, car, dans une contrée déserte, il fut assailli par une tribu de ce peuple qui le saisit et s’empara de tous ses bagages. Il fut accusé d’espionnage et jeté en prison. Un autre anglais, le capitaine Stoddard, lui aussi attaqué sans raison, était enfermé dans la même prison. Quelle joie pour ces deux hommes de se trouver ensemble ! On autorisa même le capitaine Conolly à garder le livre de prières que sa sœur lui avait donné à son départ pour les Indes.
Les semaines et les mois s’écoulèrent dans une extrême monotonie, interrompue uniquement par les brutalités des gardiens. La nourriture était mauvaise, insuffisante, et le cachot uniquement éclairé par un petit trou en haut du mur. Le livre de prières était leur seul réconfort : il leur montrait les choses essentielles de la vie, les consolait par ses prières et ses cantiques qui leur faisaient sentir la présence de Jésus. Le livre de prières remplit encore un autre service. Par le moyen d’un gardien, les deux hommes avaient réussi à se procurer de quoi écrire. Les marges du livre se remplirent de notes sur leur existence et leurs souffrances.
Un an s’écoula ainsi. Les dernières inscriptions relataient comment, un jour, les deux hommes furent sortis de prison, publiquement battus, et comment ils durent creuser deux tombes. Les familles, les amis, et le gouvernement anglais attendirent en vain un signe de vie. Tout espoir disparut lentement. Plus de vingt ans s’écoulèrent…
Un officier russe, flânant dans les rues de Boukara en Asie Centrale, entra un jour dans une boutique de brocanteur. Il y trouva un livre de prières anglais avec de nombreuses annotations. Il ne pouvait pas en déchiffrer le contenu, mais découvrit une adresse sur la première page. « Peut-être ce livre a-t-il une valeur pour ces gens-là », pensa-t-il. Il l’acheta et l’envoya en Angleterre. Ainsi, après plus de vingt-deux ans, la sœur du capitaine Conolly reçut le livre qu’elle avait offert à son frère…
Elle se plongea dans la lecture des annotations et son cœur saigna en apprenant la grande injustice dont avaient été victimes les deux hommes. Que devait-elle faire ? Cela méritait des représailles ! Mais des représailles… chrétiennes. La sœur du capitaine Conolly n’était pas riche. Pourtant, elle décida d’envoyer à la clinique de Patau tout l’argent qu’elle pouvait rassembler ou économiser, avec la recommandation suivante : « Dans cette clinique, un lit doit toujours être disponible pour accueillir un Afghan malade ou blessé, qui sera soigné gratuitement jusqu’à sa guérison. Je fais cela en souvenir de mon frère qui a tant souffert de la part des Afghans et qui est mort dans leur pays. »
Epilogue
Le silence règne dans la petite salle. Le docteur Pennell pose alors sa main sur l’épaule de l’Afghan aveugle : « Mon ami, tu es couché dans ce lit : la vengeance de la mort du capitaine Conolly est que tu puisses guérir de tes blessures. » Le blessé comprend alors qu’il y a une puissance plus forte que la haine : la puissance de l’amour de Jésus-Christ.
Tiré du magazine « La bonne nouvelle dans la famille » : mars 2003
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus
1 commentaire:
Merci pour cette belle histoire, qui illustre bien l'amour de Christ manifesté par ses enfants. C'est un bel exemple de laisser Dieu agir, plutôt que de laisser le péché prendre le dessus dans des situations difficiles. je vais faire un lien sur mon blog (http://www.timcorbeau.blogspot.com/)
vers cet article.
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