Textes de base :
Job 8,11 à 13 – Matthieu 11,7
Le jonc : une image du chrétien de nom
A quoi ressemble la profession
de piété du chrétien de nom ? Elle est comparée ici à un jonc qui sort du
marais, à un roseau qui fleurit dans les eaux. Cette comparaison comporte
plusieurs points :
1.
La religion du faux chrétien peut être comparée
à un jonc par la rapidité avec laquelle elle se
développe. Il y a des
conversions instantanées : celles de Saul, sur le chemin de Damas, celle
du geôlier de Philippes, quand soudainement réveillé il s’écria : « Que
faut-il que je fasse pour être sauvé ? » Mais le développement
intérieur des chrétiens n’est pas tout à fait si rapide. Des jours de
dépression profonde refroidissent leur joie ; de furieuses tentations
troublent leur paix ; leur vis spirituelle est mise en échec et ils
connaissent la douleur. Rien de pareil chez le chrétien de nom. Une fois qu’il
a fait profession d’être converti, le sentier pour lui est facile. Il ne
connaît pas les soupirs des autres sur leur corruption intérieure ; quand
les vrais croyants parlent de luttes contre leur vieille nature, il en est étonné…
Mauvais signe, cher ami, si tu n’as jamais sondé ton cœur avec anxiété pour t’assurer
qu’il ne te trompe pas.. ; Comme le jonc sur le bord des eaux, le chrétien
de nom pousse et fleurit promptement… la maison du pharisien, quoique bâtie sur
le sable, peut se tenir ferme sans bouger, jusqu’à ce que l’inondation
survienne ; mais la destruction en sera terrible, parce que les fondations
n’ont coûté aucun travail.
2.
Le jonc est une plante creuse, vide et molle.
Quiconque n’en connaîtrait pas la nature croirait pouvoir s’en servir comme d’un
bâton solide ; mais celui qui s’appuierait dessus tomberait certainement. Il
est beau aux yeux, mais sans force. Il en est de même du faux chrétien. Il peut
être de belle apparence, mais il n’y a en lui ni foi ferme, ni repentance
véritable, ni union intime avec Jésus. Chers amis, quel serait notre sort, si
quelques-uns d’entre nous devaient être trouvés creux comme des jonc du marais,
quand Dieu viendra juger le monde ! C’est pourquoi, ayez autre chose qu’une
simple profession de foi. Ne soyez pas comme le jonc spongieux et mou.
Prenez-donc garde de n’avoir que la forme extérieure de la religion, et d’être
intérieurement vide et creux comme un jonc.
3.
Une troisième remarque que suggère le jonc, c’est
qu’il a, comme le chrétien de nom, la propriété de se courber. Si le vent
souffle du Nord, il s’incline vers le Midi ; si la tempête vient du Midi,
il se penche vers le Nord. Le faux chrétien se courbe de même. Il cède à la
bonne influence d’une bonne société ; mais il reçoit aussi facilement
celle d’une mauvaise compagnie. Il est de toutes les opinions religieuses
suivant les circonstances. Le vicaire de l’église de Bray était catholique sous
Henry VIII, protestant sous le règne suivant ; de nouveau catholique sous
Marie Tudor, il redevint protestant sous Elisabeth et déclarait, malgré cela,
avoir toujours été d’accord avec lui-même – et c’était vrai ; car son but
était sa position temporelle. De telles girouettes n’ont pas un atome de l’étoffe
dont on fait les martyrs. Vos principes religieux sont sans valeur si vous ne
pouvez pas les conserver partout avec vous, et s’ils ne sont pas votre plus
cher trésor.
4.
Le jonc ne porte aucun fruit. Personne ne s’attend
à trouver des figues sur un jonc, ni du raisin sur un roseau. Il en est de même
du chrétien de nom. Il ne porte pas de fruit. Le faux chrétien peut juste dire :
« Je ne m’enivre pas, je ne jure pas, je ne fraude plus, je ne mens pas,
je ne travaille pas le dimanche. » Sa religion est toute négative, le côté
positif lui manque. Qu’a-t-il fait pour le Christ ? Peut-être a-t-il donné
quelque argent comme aumône ; mais l’a-t-il fait pour Dieu ? Y a-t-il
dans sa vie quelque chose qui serve Christ ? Il l’a prié ; mais
est-ce pour satisfaire sa conscience ou pour plaire à ses auditeurs ? Si c’est
pour la gloire de Dieu et afin d’avoir communion avec Lui, il n’est pas
chrétien de nom ; car celui-ci ne connaît pas les fruits de la repentance ;
il ne recherche pas la sainteté, ni la communion avec Christ, en qui il n’a aucune plaisir. Il n’a ni foi, ni joie,
ni espérance, ni aucune ressemblance avec le Maître, il est sans fruit. C’est
pourquoi il est comme le jonc et non comme une plante que la main droite du
Seigneur a planté.
Extrait d’un sermon de Charles Spurgeon : 1834 - 1892
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