samedi 4 février 2012

Le bien marié au mal


Les deux biens


La cause du mal peut être le bien, et vice versa

Il est de coutume pour beaucoup de gens, y compris les croyants, de penser que le bien vient de Dieu et le mal du diable. Au risque de nous surprendre, la Bible ne présente pas les choses de cette manière. Elle affirme dès ses premières pages que le bien comme le mal sont entrés dans le monde avec la chute. S’il y a un bien qui vient de Dieu, il existe une autre conception du bien qui n’a rien à voir avec lui. Ne pas différencier la source et l’origine des deux biens, c’est inévitablement se fourvoyer sur l’état réel de l’homme et le remède à lui apporter.

L’esprit de la chute

Alors que nos premiers parents vivaient en relation directe avec Dieu, la chute, selon la Bible, n’a pas uniquement consisté à les séparer de leur Créateur. La proposition de Satan visait non seulement à briser la communion, mais aussi à modifier leur mode de fonctionnement. Jusqu’alors on ne parlait ni de bien, ni de mal. Ce qui était vrai, réel, était ce que Dieu disait. La Parole de Dieu était la norme et le cadre de référence suffisant à la pensée et au comportement de nos premiers parents.

Ce cadre ôté, il fallait en donner un autre. Le bien et le mal vont désormais remplacer la Parole divine. Ce qui compte désormais n’est plus le vrai, comme point de référence moral, mais le bien et le mal. Apprenant à penser hors de Dieu, le bien et le mal correspond au système autonome à l’intérieur duquel chacun va décider de sa conduite. Le prophète Esaïe ne s’est pas trompé en donnant sa définition singulière du péché. « Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie : Esaïe 53,6. Dit autrement : chacun faisait ce qui lui semblait bon ou bien ! Il y a donc un « bien » que l’homme fait qui procède du mal.

Nature des deux biens

Quelle différence y a-t-il entre le bien selon Dieu et le bien issu du mal ? Elle est considérable. Le bien selon Dieu est inséparable de Dieu, de son caractère, de sa volonté. Il est remarquable à ce sujet que Jésus, l’homme qui a fait le plus de bien sur terre, n’en a jamais parlé. Jésus était préoccupé d’une chose : non faire le bien, mais faire la volonté de son Père qui était dans les cieux. Tout le reste s’alignait à cette priorité. Il ne niait pas par ailleurs le fait que, sans Dieu, les hommes puissent faire le bien. « Méchants comme vous l’êtes, disait-il, savez donner de bonnes choses à vos enfants : Matthieu 7,11. » Ce bien là, cependant, n’avait rien à voir avec celui que Dieu désigne comme tel.

Rien n’est peut-être plus sournois pour l’homme que le bien qui procède du mal. A quoi sert-il ce bien, sinon à le tromper sur lui-même, et sur son état ? Sans conteste le Malin, en introduisant dans l’humanité le bien aux côtés du mal, a réussi un coup de maître. Aucune autre idée ne justifie autant le nom de rusé qu’il porte. Car désormais les hommes peuvent le dire. Certes, ils sont mauvais, mais ils sont aussi capables de faire le bien. Les multiples associations caritatives sans lien aucun avec Dieu qui existent dans le monde n’en sont-elles pas la preuve ?

Le bien issu du mal est inséparable de lui

Il y a cependant une faille à l’exercice du bien issu du mal. C’est que ce bien là est aliéné au mal. Il ne peut s'en séparer et, tôt ou tard, il finit par le servir. Dans la cohabitation du bien et du mal, ce n’est pas le bien qui a le dessus : c’est le mal. Les exemples abondent. Animés par le désir du bien, les hommes cherchent à s’affranchir de ce qu’ils estiment un mal. Ils le renversent. Pour se faire, toujours au nom du bien, ils estiment que la fin justifie tous les moyens. Le mal donc peut être un outil possible au service du bien. Arrivés à leurs fins, les révolutionnaires du bien se trouvent dans l’obligation de l’imposer. Ils combattent donc à leur tour tous ceux qui en viendraient à contester le bien pour lequel ils ont combattu… jusqu’au jour où, devenus à leur tour le mal, ils se font renverser par de nouveaux révolutionnaires du bien ! Le bien et le mal sont comme Docteur Jekill et Mister Hyde : les deux faces d’un même être !

Pensé hors de Dieu,  le bien inévitablement évolue. Dieu seul, en effet, est un point fixe, immuable. Lui seul peut donner une juste définition du vrai, du juste, du bien. L’homme étant plein de confusion en lui-même, le bien issu de lui le reflète. Telle chose qui était bien hier (préserver la vie, par exemple) ne l’est plus aujourd’hui. De la catégorie du mal auparavant, avortement et euthanasie sont rangés dans la catégorie du bien. Impensable autrefois, l’évolution de la notion de bien en vient à justifier ce qui, toujours, a été considéré contre nature. Bientôt, il sera bien de marier des personnes homosexuelles et de leur ouvrir le droit à l’adoption ! Le bien du passé est devenu désuet et le mal du passé porte les habits de la respectabilité.

Le bien issu du mal est une telle illusion qu’il en est devenu la justification à toutes les horreurs. Un ami me le rappelait récemment. C’est au nom du bien, et non du mal, que toutes les guerres, les pires horreurs, les génocides ont été perpétrés dans le monde. A tel point qu’au procès de Nuremberg, les nazis n’ont, pour la plupart, fait part d’aucun sentiment de regret devant leurs juges. A leurs yeux, ils n’ont fait qu’obéir. Or, qui peut dire qu’obéir n’est pas bien ?

Solutions

S’il faut trouver une solution aux maux du monde, il nous faut changer radicalement notre façon de penser et de l’aborder. Non ! Le mal seul n’a pas à être combattu. Ce qu’il nous faut changer, c’est toute notre manière de fonctionner. Tant que nous pensons en-dehors de Dieu, le bien ne pourra conduire qu’au mal. C’est le retour vers Dieu qui est la source du rétablissement du vrai et du juste dans le monde.

Nous avons eu tort, en tant que croyants, de ne mettre l’accent que sur le mal. Pour Jésus, le bien que les gens faisaient autour de lui étaient aussi dangereux que le mal. Jésus s’en est pris avec sévérité aux pharisiens qui étaient prompts à condamner les voleurs et les prostituées, mais qui ne voyaient pas à quel point le mal était mêlé au bien qu’ils prétendaient faire. La réforme de l’homme ne passe par la correction de ses plus pires défauts. Il lui faut changer de mentalité, de façon de penser. Il lui faut s’aligner au point de vue de Dieu, un point c’est tout. C’est ce que Jésus et Jean-Baptiste appelaient la repentance.

Jésus et les apôtres l’ont dit. Il existe dans la vie des hommes des œuvres bonnes qui sont mortes. Elles sentent le soufre. Le bien véritable n’est pas en nous. Il vient lorsque nous reconnaissons devant Dieu que la source de tout mal tire son origine de notre déconnexion de Lui. « Chacun suit sa propre voie, dit le prophète. » Puis il ajoute : Mais l’Eternel a fait retomber sur lui (Jésus) la faute de nous tous : Esaïe 53,6.

Tant que nous voulons vivre et penser en-dehors de lui, aucun bien n’aura un quelconque poids devant Dieu. Par Jésus, une vie nouvelle est possible pour chacun en communion avec Lui. Nous entrons alors dans des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance pour nous afin que nous les pratiquions : Ephésiens 2,10.


P.S : Après réflexion, il m'apparaît que c'est donner à Satan une intelligence créatrice trop grande de le faire auteur du système parallèle du bien et du mal comme substitut à celui de la Parole suffisante de Dieu comme cadre de comportement pour nos premiers parents. L'arbre qui portait le fruit de la connaissance du bien et du mal faisait partie du jardin d'Eden. Il était présent avant la chute. La prouesse du Malin n'a pas été de l'inventer, mais de convaincre nos parents du fait qu'il était meilleur que l'autre. Il n'empêche que ce nouveau système n'est pas le cadre dans lequel Dieu voulait que nous évoluions !
 

1 commentaire:

Ichtus02 a dit…

Commentaire d'un ami reçu par mail :

Je ne vois pas les choses ainsi. Il y a bien sûr une corruption du bien, une forme d'autonomie du bien, a cause du péché. Mais cela n'en fait en aucun cas un bien issu du mal. Par la grâce commune de Dieu, c'est un vrai bien.

Je ne crois pas non plus juste de dire que le bien soit entré dans le monde par la rupture avec Dieu. Je ne lis pas cela dans l'Ecriture. Je crains que cela soit manquer un peu de finesse et confonde plusieurs concepts, par exemple morale et bien, etc.

Ces concepts en lien avec la redoutable question du mal étant difficiles à gérer, je m'en tiendrai là (Ps 131). Je crains trop la rationalisation de ce qui reste un mystère "scandaleux".