samedi 1 octobre 2011

La peine de mort (2)

Nous avons vu dans le précédent billet les deux raisons sur lesquelles la Bible fonde la peine de mort comme jugement rétributif du crime ou de tout ce qui porte atteinte à la dignité de l’homme, image de Dieu. Jésus-Christ étant venu dans ce monde pour porter les péchés des hommes et subir la peine de mort qu’ils méritaient, la question se pose : la sentence divine établie avant sa venue est-elle devenue caduque ou a-t-elle toujours cours ? Essayons de trouver, au travers des paroles de Jésus, une esquisse de réponse !

Jésus et la loi

Jésus a été formel sur le sujet : sa venue n’a pas pour objet d’abolir la loi. « En vérité je vous le dis, dit Jésus, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui–là sera appelé grand dans le royaume des cieux : Matthieu 5,18-19. » L’endroit où Jésus prononce cette parole ne relève pas du hasard. La déclaration de Jésus au sujet de la pérennité de la loi se situe pratiquement en introduction de son célèbre sermon sur la montagne, véritable charte des valeurs qui, données à ses disciples, ont cours dans ce que Jésus appelle le royaume de Dieu. Jésus est clair : ce qu’il introduit dans le monde ne va pas à l’encontre de ce qui a été introduit avant lui par Dieu.

L’apôtre Paul, qui suivra Jésus, sera sur la même position que lui. «Nous savons bien, dira-t-il, que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage légitime, et qu’on sache que la loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les indisciplinés, les impies et les pécheurs, les sacrilèges et les profanes, les parricides et les matricides, les meurtriers, les débauchés, les homosexuels, les trafiquants d’esclaves, les menteurs, les parjures, et tout ce qui en outre est à l’opposé de la saine doctrine : 1 Timothée 1,9-10.

Trop souvent, dans l’esprit populaire, on sépare Jésus du Dieu de l’Ancien Testament. Jésus serait le Dieu du pardon et de la grâce tandis que l’Eternel serait le Dieu qui condamne. Il n’y a rien de plus faux. Jésus et l’Eternel (qui ne sont qu’un) sont sur la même ligne quant à la gravité du péché et de la sentence qu’il mérite. Il n’y a rien dans la bouche de Jésus qui laisserait entendre qu’il soit en désaccord avec l’Eternel sur quoi que ce soit !

Jésus et la miséricorde

Si Jésus pense comme l’Eternel au sujet de la validité de la loi, quelle valeur a le message de pardon qu’il est venu apporter ? Un texte connu de l’Evangile peut nous éclairer :

Alors les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère, la placent au milieu et disent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a prescrit de lapider de telles femmes : toi donc, que dis–tu ? Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils persistaient à le questionner, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu’aux derniers, et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors Jésus se redressa et lui dit : Femme, où sont tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus : Jean 8,3 à 11.

Une brève analyse du texte fait apparaître les éléments suivants :

- Jésus ne contredit pas les accusateurs de la femme adultère sur le point de la loi qu’ils avancent. Le faire aurait été contredire Moïse, donc Dieu qui avait donné à Moïse la loi.

- Le texte ici ne le dit pas : mais en cas d’adultère, ce n’était pas que la femme qui devait être jugée, mais celui qui avait péché avec elle. La loi l’exigeait. Il y a donc ici vice de procédure.

- Jésus autorise les accusateurs à lapider la femme. Auparavant, il retourne le miroir de la justice et de la vérité vers eux. Qu’ils s’examinent eux-mêmes : sont-ils aptes à appliquer la loi pour le péché de cette femme ? Qu’en est-il d’eux ?

- Jésus, le seul qui était sans péché, choisit de faire grâce à la femme coupable. Il la prévient cependant : la grâce donnée n’est pas une autorisation pour poursuivre dans la voie du passé, mais l’occasion donnée pour s’en détourner.

La réaction de Jésus aux accusateurs de la femme adultère met le doigt sur une difficulté trop souvent ignorée quant à l’application de la loi de Dieu. Si nous vivions dans une société parfaite, c'est--dire qui respecte la loi de Dieu, il est évident que chaque crime, chaque atteinte à la dignité humaine serait perçue par chacun au niveau de gravité que Dieu lui donne. C’est la perfection qui donne au crime le relief véritable de l’horreur que son acte représente. Dans une société où la corruption est devenue si générale que les juges et les autorités qui détiennent le pouvoir paraissent plus pourris que les auteurs de délits, l’application légale et radicale de la justice envers le commun des mortels ne peut passer que comme une injustice. La véritable difficulté de l’application de la peine de mort ne tient pas à sa légitimité, mais au caractère si relatif avec laquelle la loi s’applique par ailleurs envers ceux qui détiennent le pouvoir.

Le vice de procédure de l’accusation met aussi en évidence une vérité quant à la décision prise par Jésus : aucune condamnation ne devrait être prononcée contre une personne tant que tous les éléments rendant son procès le plus équitable possible soient réunis. Le doute, la malversation, à aucun niveau, ne sont permis dans l’exercice de la justice.

La décision prise par Jésus nous rappelle enfin que, par Lui, Dieu nous tend la main pour nous faire grâce de nos crimes. L’exercice de la justice est nécessaire dans notre monde qui, sans elle, sombrerait bien vite dans le chaos. Le fait de recevoir de la part de Dieu le pardon n’est pas incompatible avec celui qui conduit à devoir assumer devant les hommes les conséquences de ses actes. Tant que nous serons dans ce monde imparfait, corrompu, la justice aura toujours un goût d’injustice. Seul le règne futur du Christ sera un règne juste, car justice et équité sont la base de son trône !

Pour approfondir le sujet : La Peine de mort : deux objections et trois réponses théologiques – Jean-Marc Berthoud : Editions l’Age d’Homme Case Postale 34 CH – 1001 Lausanne

Témoignage de Ted Bundy, criminel, condamné à mort aux Etats-Unis : http://vonballmoos-chretienphotographe.hautetfort.com/temoignage-ted-bundy/

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