Modes de
révélation
« Après avoir autrefois, à
bien des reprises et de bien des manières, parlé aux pères par les prophètes,
Dieu nous a parlé, en ces jours qui sont les derniers par le Fils… : Hébreux 1,1-2.
La Bible témoigne ici des modes
différents de communication que Dieu a employés au cours du temps
pour se
révéler. Ces modes étaient profondément liés à l’étape dans
laquelle la Révélation se trouvait lorsqu’ils ont été mis en œuvre. Tant que le Fils n’était
pas venu, Dieu dut user de moyens divers pour se révéler. Il eut recours à des
visions, des rêves, des théophanies (des manifestations visibles ou audibles de
Dieu), des symboles… Le Fils étant venu, l’Esprit ayant été donné à tous ceux
qui croient, ces modes provisoires de communication ne sont plus normatifs.
Visions que reçut Daniel : dessin de Gustave Doré |
Visions
ou méditations
A la lecture de ce que certains
prophètes ont vécu, des croyants ou simples lecteurs de l’Ecriture pourraient
être amenés à les envier. Etre l’objet de visions ou de révélations
irréfutables doit être quelque chose de fantastique. Evidemment, pensons-nous,
si notre relation avec Dieu était marquée par de tels phénomènes, nous ne
serions pas les croyants que nous sommes. Rien ne nous ferait plus douter,
chanceler, chavirer dans la foi !
Sans nier l’impact d’une vision
donnée par Dieu sur la foi d’un croyant, j’aimerais faire ici l’apologie du
bienfait incomparable que produit pour la foi la méditation éclairée de l’Ecriture.
L’exemple le plus probant de l’effet des deux modes de communication divine
nous est donné par le prophète Daniel. Homme de vision, Daniel est aussi un
homme de méditation. Or, il me semble, la pratique régulière de la méditation a
produit chez le prophète des effets beaucoup plus profonds que les visions dont
il fut l’objet.
Le
quotidien et l’exceptionnel
Si Daniel fut le sujet de grandes visions, c’était, dans le
quotidien de sa vie, la Parole de Dieu qui faisait l’objet de sa méditation. Les
visions que reçut Daniel sont impressionnantes. Elles occupent une place
centrale dans son livre dont l’objet est de faire avancer la révélation donnée
par Dieu jusque là des temps et de l’histoire. Mais il faut noter que ces
visions étaient rares. Elles n’étaient pas, loin s’en faut, le quotidien du
prophète. Elles se produisirent lors d’événements exceptionnels, lors surtout
des changements de royauté dans les empires qui se sont succèdés au long de sa
vie.
Dans le quotidien, la relation de Daniel avec Dieu ne
fonctionnait pas sur un autre mode que le nôtre. La Parole de Dieu était la
nourriture de la foi, de l’espérance du prophète. Le chapitre 9 du livre en
témoigne. Elle nous parle d’un moment particulier qui se produisit lors d’un
exercice quotidien. Alors qu’il méditait sur le livre du prophète Jérémie,
Daniel comprit quelque chose qui le bouleversa et le remua complètement. S’en
suit la prière personnelle la plus longue du livre. L’impact de la Parole de
Dieu lue et méditée fut tel qu’il affecta le prophète profondément.
Comparaisons
Dieu, selon le dessein particulier qu’Il avait en vue pour
Daniel, l’enseigna par de grandes visions. Mais celles-ci ne se substituaient
pas à la Parole déjà révélée. Elles la complétaient, dans un temps où tout n’avait
pas encore été dit. Ce chapitre en témoigne qui ajoute à la révélation reçue
par la Parole, la vision qui l’explicite.
Si la vision s’impose d’elle-même de l’extérieur, le propre
de la Parole est d’agir à l’intérieur. Par la vision, Dieu présente au regard
du prophète une réalité qu’il ne connaît et ne comprend pas toujours. Le prophète
devient alors un spectateur qui raconte. Le travail qu’opère la méditation de
la Parole est tout autre. La Parole s’adresse au cœur, à l’esprit, à la
conscience du prophète. Elle éveille en lui des pensées, des sentiments qui,
par son éclairage, le saisissent et en font un acteur de l’œuvre de Dieu. La Parole
est comme une nourriture que l’on ingère, que l’on assimile et qui, ensuite,
devient partie intégrante de notre être. La vision fait davantage de celui qui
la reçoit un sujet passif. Le prophète voit, décrit et transmet. Ce chapitre,
qui nous rapporte la plus longue prière qui ait été formulée par Daniel, est le
témoignage du travail intérieur profond qu’opèrent la lecture et la méditation
de l’Ecriture. Seule la Parole vivante de Dieu a le pouvoir de produire en nous
un tel chavirement. Elle seule pénètre au plus profond de notre être, jusque
dans ses articulations, pour produire en nous l’effet escompté : Hébreux 4,12.
Méditons, méditons,
méditons encore…
Méditant le livre de Jérémie la première année de Darius,
Daniel comprit ce qu’il n’avait pas encore vu. Il saisit, comme jamais
peut-être, le fil conducteur qui reliait le temps dans lequel il vivait au
passé glorieux, puis déclinant d’Israël. La vision que Dieu lui donnera par
Gabriel lui révélera ce qu’il peut, dans la foi, attendre pour l’avenir. Si la
lecture de la parole est un exercice auquel on doit s’adonner chaque jour, il y
a des moments où celle-ci correspond à un rendez-vous particulier de Dieu. Il y
a des dates, dans l’exercice de notre piété, marquées d’une pierre blanche. Elles
témoignent de moments au cours desquels la Parole écrite, ancienne est devenue
si actuelle, si personnelle que c’était comme si elle n’avait été écrite que
pour nous. C’est ici ce qui se produisit pour Daniel.
Tous les hommes qui reçurent de la part de Dieu de grandes
visions étaient des hommes de l’Ecriture. L’Ecriture habitait en eux. Elle
imprégnait, saturait leur pensée. Dieu pouvait faire d’eux le réceptacle de
nouvelles révélations parce qu’ils étaient habités par celles qu’Il avait déjà
donné jusqu’ici à Son peuple. Le privilège du croyant qui vit aujourd’hui est
qu’il n’a plus besoin d’attendre de Dieu qu’Il active pour lui un tel mode de
communication. Il peut certes le faire à titre exceptionnel. Dieu reste
souverain sur Ses manières d’agir. Mais le
croyant en Jésus-Christ possède des atouts que ceux qui ont vécu avant Sa venue
et celle des apôtres ne possédaient pas. Il a une Révélation achevée : la
Bible est close. Il possède l’Esprit de Christ qui vit en Lui. Paul dira à
ce sujet qu’il a la pensée de Christ en lui. Il a l’Eglise, le peuple de Dieu
doté de tous les dons de connaissance dont il a besoin…
Croyons que dans notre vie quotidienne, nous pouvons, habités
par l’Esprit de Christ, entendre la voix de Dieu au travers de la méditation de
la Parole inspirée. Il vit en nous et veut s’adresser, dans le silence et le
secret, au plus profond de notre être. N’attendons pas de Dieu un mode de
communication extraordinaire. Ici, à l’intérieur, Il nous donne rendez-vous. Il
veut que chaque jour soit une date marquée par une pierre blanche, celle de Sa
Parole rendue vivante, actuelle et personnelle pour nous. Alors, chrétien,
médite, médite et médite encore la Parole ! Tu ne peux pas trouver pour
ton quotidien mets préparé par Dieu plus succulent pour ton âme !
Visitez : www.gillesgeorgel.com/
1 commentaire:
Que dire ? Oui c'est vrai, méditons !
Enregistrer un commentaire