En 1935, le contexte politique, économique et ecclésial dans lequel
Dietrich Bonhoeffer prend la
direction du séminaire de Finkenwalde,
comme chargé de la formation théologique et pastoral des futurs pasteurs
de l'Eglise confessante est on ne peut plus difficile. A 30 ans, il a
déjà beaucoup réfléchi aux impératifs du combat contre un ordre dont les
fondements et les objectifs ne l'ont jamais trompé. Comment tenir
ensemble fidélité évangélique, amour du prochain, respect des lois et
résistance active ? Entre 1935 et 1937, Bonhoeffer développera le fruit
de ses méditations à la lumière du « Viens et suis-moi ».
Dietrich Bonhoeffer |
L'ennemi n°1 de l'Eglise
« La grâce à bon marché est l'ennemie mortelle de notre Eglise. Actuellement dans notre combat, il y va de la grâce qui coûte.
La grâce à bon marché, c'est la grâce considérée comme une marchandise à liquider, le pardon au rabais, la consolation au rabais, le sacrement au rabais. La grâce servant de magasin intarissable à l'Eglise, où des mains inconsidérées puisent pour distribuer sans hésitation, ni limite ; la grâce non tarifée, la grâce qui ne coûte rien. Car on se dit que, selon la nature même de la grâce, la facture est d'avance et définitivement réglée. Sur la foi de cette facture acquittée, on peut tout avoir gratuitement. Les dépenses sont infiniment grandes, par conséquent les possibilités d'utilisation et de dilapidation sont, elles, aussi, infiniment grandes.
Le trésor caché
La grâce à bon marché, c'est la justification du péché et non point du pécheur. Puisque la grâce fait tout toute seule, tout n'a qu'à rester comme avant. “Toutes nos œuvres sont vaines.” Le monde reste monde et nous demeurons pécheurs “même avec la vie meilleure”. Le monde est justifié par grâce ; il faut donc (en raison du sérieux de cette grâce, pour ne pas résister à cette irremplaçable grâce !) que le chrétien vive comme le reste du monde ! Le chrétien, donc, n'a pas à obéir à Jésus, il n'a qu'à mettre son espoir dans la grâce !
Ceci, c'est la grâce à bon marché
La grâce qui coûte, c'est le trésor caché dans le champ : à cause de lui, l'homme va et vend joyeusement tout ce qu'il a ; c'est la perle de grand prix ; pour l'acquérir, le marchand abandonne tous ses biens ; c'est la royauté du Christ : à cause d'elle, l'homme s'arrache l'œil qui est pour lui une occasion de chute ; c'est l'appel de Jésus-Christ : l'entendant, le disciple abandonne ses filets et le suit.
La grâce qui coûte, c'est l'Evangile qu'il faut toujours chercher à nouveau ; c'est le don pour lequel il faut prier, c'est la porte à laquelle il faut frapper.
Dietrich Bonhoeffer : 1906 - 1945
Visitez : www.gillesgeorgel.com/
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