samedi 8 janvier 2011

Les héros de la foi d'aujourd'hui !

Résistants contre l'inadmissible !



Depuis 1998, Mahmoud Yahou est pasteur d'une communauté chrétienne en Kabylie. Il affronte la justice de son pays, qui lui reproche de ne pas être musulman. En s'en prenant à lui, les autorités espèrent disperser son petit troupeau. Témoignage d'un converti.


«Vous serez jugés devant les tribunaux et les rois.» C'est écrit dans la Bible, et elle ne m'a pas trompé: j'étais prévenu! Depuis 1998, je suis pasteur au sein d'une petite communauté protestante, dans le village d'Aït Atelli, en Kabylie, à 30 kilomètres au sud de Tizi Ouzou. Parmi les 6000 habitants musulmans, nous sommes une petite centaine d'irréductibles chrétiens.

En tant que pasteur, je suis harcelé depuis des mois par les autorités algériennes. J'ai été traîné devant la justice pour ouverture de lieu de culte illicite. Les réquisitions du procureur ont été sévères: un an de prison ferme et 20.000 dinars d'amende. La sentence est tombée le 12 dé cembre: trois mois de prison avec sursis et 10.000 dinars d'amende. Ce procès n'est pas le mien, c'est celui de tout le monde, car il rappelle que, dans ce pays, nous ne sommes pas libres.
Mon seul tort est d'avoir fait l'acquisition d'une maison pour célébrer le culte. Le maire a mis en demeure la communauté chrétienne de renoncer à pratiquer: selon lui, nous sommes dans l'illégalité. Et pourtant, nous sommes affiliés à l'Eglise protestante d'Algérie, reconnue par l'Etat depuis 1975.

Je ne suis coupable que d'une chose, en réalité: j'ai renié l'islam pour me convertir au christianisme. Ici, on naît arabe et forcément musulman. Faire le choix d'une autre religion est perçu comme un acte contre-nature ou de haute trahison. C'est ma foi qui est en procès, mais rien ne me fera plier. Pourtant j'ai été un fervent musulman. Mais au fond, quelque chose me dérangeait: cette religion faisait de moi un être fermé et intolérant.

En 1993, à 26 ans, je suis parti en France. Installé à Marseille, j'ai fait la connaissance d'un groupe de jeunes protestants. Ils m'ont parlé de Jésus, de l'amour de Dieu et de la Bible. Je me suis montré très agressif à leur égard, mais ne cessais de les rencontrer. Nous avons fini par discuter de nos croyances respectives. J'étais intrigué par leur façon de prier, en agitant les bras et en chantant. Un jour, ils m'ont fait lire un passage de la Bible. Je l'ai fait par curiosité avant de m'enfuir. Je me suis senti traître à ma foi. J'ai fait la chahada * pour me débarrasser de ce sentiment de péché, mais rien n'y faisait: cette religion m'attirait, car elle m'apaisait. Après six mois de lecture et d'étude, je me suis décidé et je suis rentré en Algérie avec l'intention d'y rester. J'avais enfin trouvé la joie. Dès lors, il était inutile de chercher la fuite ou l'exil. Je me suis fait baptiser par immersion, le 4 novembre 1994, au temple protestant de Ouadhia, en Kabylie.

Une vie de tous les jours faite de vexations et de brimades

Etre chrétien dans ce pays, c'est un combat quotidien. Il faut se battre pour être accepté, pour trouver le juste équilibre dans notre pratique, sans déranger les musulmans dans la leur. Pendant le ramadan, par exemple, je fais attention de ne pas manger devant eux. L'essentiel, pour nous, est de respecter notre prochain. Le temple du village n'est pas marqué d'une croix. Ce n'est pas nécessaire, car je suis moi-même une croix! Et c'est parfois lourd à porter... Notre quotidien est fait de vexations et de brimades. Il y a les regards, la violence de certains propos, les rumeurs les plus folles sur les mœurs de notre communauté. Mais aussi la surveillance et les contrôles incessants des policiers. Je me suis récemment rendu à la préfecture afin de faire renouveler mon passeport. Le fonctionnaire m'a répondu qu'il m'était refusé, car, en tant que chrétien, j'étais un traître à la patrie et indigne d'être algérien. Que répondre face à tant d'ignorance et d'intolérance? Ils ne savent pas ce qu'ils font, car ils sont manipulés par les extrémistes religieux mais aussi par l'Etat. Je leur pardonne.
Attestation de la foi musulmane.


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

Aucun commentaire: