samedi 2 juin 2012

Les voies étranges du bien et du mal (1)

Bien et mal

Il est habituel, dans la pensée courante, de séparer et d’opposer de manière radicale le bien et le mal. Effectivement, qu’y a-t-il de commun entre le gant dont se sert le meurtrier pour ne laisser aucune trace permettant de l’identifier, et celui du chirurgien qui opère en vue de sauver la vie de son patient ? Mis à part l’accessoire qui habille la main de l’un et de l’autre, rien ne les regroupe. Dans la vie de tous les jours cependant, on constate déjà que le mal et le bien ne sont pas toujours si éloignés que cela. Croyant faire le bien, il arrive qu’on fasse mal et que la situation soit pire qu’avant. Victime d’un mal, on voit parfois la situation se retourner à notre avantage. Du mal qui nous a atteints est finalement sorti un bien.

Ce lien étrange qui semble tenir le bien et le mal dans une certaine cohabitation n’est pas étranger à la Bible. De plusieurs manières, l’Ecriture situe le bien et le mal dans une proximité et une ressemblance étonnantes. Quelques exemples nous en convaincront :

Cohabitation

Commençons avec la genèse, le 1er livre de la Bible, celui des commencements. Après la création de la terre, des cieux, du monde végétal, animal et de l’homme, nous sommes projetés dans une vision du paradis. Le paradis est un jardin rempli d’arbres magnifiques de toute espèce. L’auteur ne nous décrit aucun d’entre eux. Il s’attarde plutôt sur deux arbres, l’arbre de la vie, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal situé tous deux au centre du jardin. Le premier, l’arbre de vie, a pour objet de conférer à l’humanité, si elle choisit l’obéissance à Dieu, la vie éternelle. Le second, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, nous est présenté comme le danger maximal auquel ont à faire face nos premiers parents. Dieu est clair à son sujet : pour qui prend et goûte à son fruit, c’est la mort assurée.

Quel manque de sagesse de la part de Dieu, pourrait-on penser ! Si l’arbre de la connaissance du bien et du mal est si dangereux, pourquoi donc le mettre au centre, si près de l’autre arbre. Ne valait-il pas mieux le reléguer dans le coin le plus obscur du jardin pour le soustraire à tout regard ? La proximité de la mort et de la vie, au centre du jardin, est pourtant la marque de la volonté délibérée de Dieu. Oui ! Dieu le veut : les questions qui touchent au bien et au mal, à la vie et à la mort, doivent être au centre de la préoccupation de chaque vie !

Comme dit plus haut, la proximité entre le bien et le mal n’est pas le seul élément troublant. Il y a encore la ressemblance. Alors que le roi Salomon écrit ses proverbes, il a à cœur d’utiliser une métaphore pour décrire ce que sont la sagesse et la folie. Il compare ainsi la sagesse à une femme assise sur les hauteurs de la ville et qui invite les stupides à entrer chez elle pour manger de son pain et boire de son vin. Puis, décrivant la folie, il lui donne les traits d’une femme bruyante assise devant sa maison et hélant les passants en disant : « Que celui qui est stupide entre ici ! Les eaux dérobées sont douces et le pain du mystère est agréable ! » Même apparence et, à s’y méprendre, quasiment même message !

Un autre exemple de cette proximité et de cette ressemblance entre le vrai et le faux nous est donné par Jésus lui-même. Parlant de ce que va devenir le christianisme qu’il est venu fonder, Jésus utilise une parabole. Il raconte que le royaume de Dieu dans ce monde ressemble à un champ dans lequel a été semé deux semences : du blé (par le propriétaire du champ) et de l’ivraie (par un ennemi). Au début, personne ne voit rien. Mais lorsque les épis se mettent à pousser, les serviteurs s’aperçoivent du coup tordu fait au propriétaire. Le problème est que, non seulement l’ivraie et le blé se ressemblent, mais que leurs racines sont si entremêlées les unes aux autres qu’il est impossible d’arracher la mauvais plante sans déraciner la bonne. La seule solution est d’attendre la moisson où, pour toujours, blé et ivraie seront séparés.

Quelles leçons tirer de cet étrange paradoxe entre le bien et le mal, la vie et la mort ? C’est ce que nous verrons la semaine prochaine !

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