samedi 26 juillet 2008

Déchristianisation !

7 siècles av J-C

Année 605 avant Jésus-Christ. Nous sommes en pleine conquête babylonienne. L’un après l’autre, les peuples de l’Orient tombent sous la coupe de Nabuchodonosor. Bientôt, les bruits des sabots des chevaux des armées du conquérant foulent le sol de la Palestine. Le roi Jojakim siège alors sur le trône de David à Jérusalem. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, c’est un mauvais roi, un roi qui ne se soucie ni de Dieu, ni de sa loi. Comme les rois des autres peuples, il n’aura aucune force pour résister au roi de Babylone. Nabuchodonosor entre dans la ville. Il fait prisonnier Jojakim. Surtout, il pille le temple, emportant dans son palais les objets sacrés servant au culte du Dieu d’Israël.

La main de Dieu

65 ans plus tard environ. Nous sommes au temps de Belshatsar, nouveau roi de Babylone. Un soir de grand banquet, le roi, sous l’effet du vin, ordonna qu’on apporte les coupes d’or et d’argent que son père Nabuchodonosor avait enlevées du temple. Le roi avait une idée en tête. Mettant de côté l’usage originel auquel étaient destinés ces ustensiles, le roi forma le projet de les utiliser pour y boire son vin. C’est ce qu’il fit ainsi que ses grands, ses femmes, ses concubines. Aussitôt, racontent des témoins, une main d’homme apparut et se mit à écrire 4 mots sur le mur du plâtre situé jute en face du roi. Personne ne pouvant en comprendre la signification, on appela le prophète hébreu Daniel, exilé dans le pays, pour les déchiffrer. Les 4 mots étaient : Compter, compter, peser, diviser Le message était clair. Compter : Dieu a fait le compte du règne du roi ; peser, le règne avait été pesé et trouvé léger ; diviser : le royaume de Babylone allait être divisé et donné aux Mèdes et aux Perses. Ce qui se produisit la nuit même !

21 siècles ap J-C

Qu’est ce que cette vieille histoire biblique a à voir avec nous ? Beaucoup plus qu’il n’y paraît ! S’il est une chose avec laquelle tous les sociologues s’accordent, c’est bien le fait que nous assistions, depuis plusieurs décennies (siècles) à une déchristianisation de notre société. Le processus de déchristianisation n’implique pas seulement l’abandon des doctrines liées aux grands faits sur lesquels repose le christianisme.

Car, rappelons-le, le christianisme ne repose pas d’abord sur des idées. Il n’est pas d’abord l’élaboration d’un concept ou d’une vision du monde. Il s’édifie tout entier sur un témoignage rendu à une Personne, Jésus-Christ, à l’identité revendiquée par cette Personne, présentée comme le Fils éternel de Dieu fait homme. Le christianisme s’appuie tout entier sur l’Evangile qui témoigne des faits et gestes de cet homme, signes destinés à témoigner de cette identité. Enfin, surtout, il témoigne du sens et de la valeur de la mort de cet homme, Juste mis au rang des criminels, Juste payant pour les injustes. " Je vous ai transmis, dira Paul, avant tout, que le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. Il a été enseveli et il est ressuscité (un autre fait) le 3ème jour, selon les Ecritures… "

Mais, revenons à nos moutons ! Le Christ étant la pierre d’angle de la foi chrétienne, c’est sur lui d’abord, et sur le livre qui lui rend témoignage ensuite que, depuis des siècles maintenant, se portent les attaques premières. Que n’a-t-on pas écrit sur le Christ et la Bible pour les discréditer, les interpréter à la lumière de toutes les sciences possibles, les rendre intellectuellement correct, leur ôter leur caractère surnaturel ou si éminemment divins… Loin d’être probant, le résultat de ces attaques a eu l’effet inverse de celui recherché par leurs auteurs. Elles n’ont fait que confirmer la devise qui était celle des huguenots au sujet de la Bible, Parole de Dieu, qu’ils comparaient à une enclume : " Plus à me frapper on s’amuse, tant plus de marteaux, on y use ! "

Mais là n’est pas encore le sujet de mon billet. En lien avec l’histoire relatée au début, une autre forme de déchristianisation, moins directe, mais tout aussi pernicieuse, marque l’Occident. C’est, pourrait-on dire, le hold-up suivi du détournement des nombreux apports du christianisme dans la construction de l’identité de la civilisation occidentale, pour un usage purement laïque. Oui ! Il en est du christianisme dans notre société comme des objets sacrés du culte emportés par le roi de Babylone dans son palais. Ces ustensiles sont devenus une part de sa richesse. Mais, même si le roi les considérait comme une partie de son trésor, en réalité ils ne lui appartenaient pas. Ils étaient à Dieu et à son peuple. C’est parce qu’il en avait oublié l’origine que Belshatsar a changé leur usage sacré en un usage vil. Au prix de la perte définitive de son royaume.

Actualisation

Qu’il le veuille ou non, c’est en grande partie grâce à l’apport précieux du christianisme et de ses valeurs que l’Occident est devenu ce qu’il est. Ce lien étroit entre notre civilisation et l’Evangile est tel, pour ceux qui ne sont pas occidentaux, qu’il est évident. Pour bizarre que cela puisse être, il n’y a en fait que les occidentaux pour contester cette évidence. Il serait trop long ici de détailler tout ce que l’Occident a reçu du christianisme, tant dans le domaine de la pensée que celui des actions, et qui, longtemps, a fait sa grandeur et sa supériorité sur les autres civilisations.
Mais voilà ! Considérant comme naturel d’être au bénéfice de cet apport, l’Occident a fini par perdre (ou n’a plus voulu) le souvenir de ce qui en est la source. Comme pour le trésor du roi de Babylonie qui était un, l’Occident considère que tout ce qu’ell est et ce quelle a lui appartient, refusant du même coup " de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ". Aussi prit-elle à son propre compte et à son nom, à la fois les œuvres et les idées dont la genèse se trouvait en Dieu et dans l’Evangile. Comme Belshatsar avec les ustensiles sacrés pris dans le temple, l’Occident désacralisa le butin pris sur le christianisme pour en faire des concepts et des idées purement humaines. C’est ce dont Luc Ferry, parmi d’autres, témoigne dans son livre " Apprendre à vivre " :

" Il y a dans le contenu du christianisme, notamment sur le plan moral, des idées qui, même pour des non-croyants, ont encore aujourd’hui une importance majeure, des idées qui vont, une fois détachées de leurs sources purement religieuses, acquérir une autonomie telle qu’elles vont pouvoir être reprises dans la philosophie moderne, et même par des athées. Par exemple, l’idée que la valeur d’un être humain ne dépend pas de ses dons ou de ses talents naturels, mais de l’usage qu’il en fait, de sa liberté et non de sa nature, est une idée que le christianisme va donner à l’humanité et que bien des morales modernes, non chrétiennes voire antichrétiennes, vont malgré tout reprendre à leur compte… "

L’issue de tout cela

Mais peut-on, à long terme, faire usage des concepts et des valeurs issus du christianisme en reniant Celui qui en est, à la fois, l’origine et la source ? Ma réponse est sûre et certaine : non ! Et cela se voit déjà. Coupées de leur origine, les idées chrétiennes n’ont pas plus de force que les autres pour changer le monde. Car pour vivre le christianisme, il faut être chrétien, vivre une relation personnelle et vivante avec le Christ ! En se coupant du Christ, l’Occident est en train de couper la branche maîtresse de l’arbre sur lequel il est assis. Dans cette coupure, viendra le moment qui marquera le point de rupture qui précipitera la catastrophe ! Il y a fort à parier que, bientôt, la main de Dieu écrive sur le mur de chaux de la civilisation occidentale les quatre mots qui figuraient sur le mur de la salle de banquet du roi Belshatsar, là même où il transforma l’usage des ustensiles sacrés du temple de Dieu en objet d’usage vil : compter, compter, peser et diviser…


P.S : les J.O de Pékin approchant, je vous propose dans ce billet et ceux qui suivent plusieurs reportages sur la croissance de l'influence de Jésus en Chine


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

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