Handicap
« Tu n’es pas à ma place ! Tu as beau parler, vouloir me consoler, tu ne sais pas ce que c’est que d’être comme moi ! » La réplique de la personne handicapée au bien-portant est sans appel. Que sait-il en effet de sa souffrance, de ses frustrations, de ses limites ? A-t-il une idée de ce que signifie vivre un seul jour, une seule heure, paralysé, emprisonné seul avec lui-même ?
Jésus est-il apte à comprendre les personnes handicapées ? La question est de taille. Lui qui marche sur la mer et semble n’avoir jamais connu de maladie, que sait-il du monde des paralysés, des infirmes, des blessés… ? N’est-il pas l’étranger par excellence de la société des invalides ? L’apparence est trompeuse…
Le handicap de Jésus
La question des limites
L’obligation de vivre dans des limites imposées est ce qui distingue en premier la personne handicapée du bien-portant. Nous nous méprenons sur la personne de Jésus si nous pensons que l’humanité ne lui a rien coûté. Car, dit l’Evangile, Jésus existait avant d’être homme. De toute éternité, il était Dieu, libre, tout puissant, sans limite, assujetti à aucune contingence. Devenir homme l’a donc contraint à quitter un état supérieur pour une condition nettement moindre.
Le premier handicap de Jésus a été son humanité. Une perte de son état premier comme celle que connaîtrait un homme à qui l’on imposerait de devenir fourmi, ver de terre ou… cafard. Un choix qu’il a cependant fait volontairement, comme tout ce qu’il fera dans sa vie…
La différence
Si la personne handicapée souffre de la différence, sachons que Jésus a connu cette souffrance également. Car si quelqu’un, en son temps, était hors norme, c’était bien lui. Jésus ne cadrait avec aucun système dans lequel on voulait le classer. Pour les hommes religieux, il buvait et mangeait trop pour être pris au sérieux. Pour les nationalistes juifs, il était trop ami avec les occupants romains. Pour les Romains, il était un Juif trop remuant. En tout et partout, Jésus par sa simple présence, perturbait, gênait.
Aussi le regard des autres sur Jésus était-il souvent hostile, inamical. Plus Jésus affirmera ce qu’Il est, plus il se fera d’ennemis. Plus aussi, il se retrouvera seul, trahi, abandonné de tous. Parce qu’il n’entre pas dans les schémas établis, Jésus vivra une marginalisation, un rejet progressif. Comme la personne handicapée, il souffre de son identité particulière. Une identité dont on ne veut pas entendre parler, parce qu’elle dérange. Seule une poignée d’amis (et encore) lui resteront fidèles jusqu’au bout.
La solitude
Si Jésus était souvent entouré, il savait aussi ce que signifie être seul. Sa solitude ne venait pas tant de l’isolement que de l’incompréhension des autres. Même sa famille naturelle, sa mère, ses frères et sœurs ne le comprenaient pas. Pour eux, il était quelqu’un d’anormal, d’un peu « dérangé, un objet de scandale. Aussi le provoquaient-ils parfois, allant presque jusqu’à se moquer de lui. Mêmes réactions à Nazareth, le village où il a grandi. Jésus n’est pas le bienvenu. On préfère qu’il s’en aille, qu’il ne se mêle pas aux autres.
Comme la personne handicapée, Jésus connaît ce que veut dire être mis de côté. Il sait ce que signifie le fait de souffrir du mépris, de la honte des autres, du rejet. Ayant connu la solitude, il est le compagnon idéal de tous les solitaires, de ceux, nombreux, qui souffrent en silence d’être déconsidérés.
La souffrance
« Si tu veux ma place, prends aussi mon handicap ! » Disposé sur un parking à l’endroit réservé aux personnes handicapées, cet écriteau interpelle. Il propose un échange : l’avantage personnel que représente la place de parking contre les limites quotidiennes qui sont imposées à son bénéficiaire. A ce jeu-là, le calcul est vite fait. Nul besoin d’un long temps de réflexion. N’importe quelle personne handicapée, si vous lui posez la question, signe immédiatement le contrat. Pas sûr que, du côté des bien-portants, on soit aussi emballé par la proposition.
Nous l’avons déjà dit, la première dimension du handicap de Jésus a été de devenir homme. De la liberté totale, absolue, éternelle, il est passé pour un temps aux limites physiques de l’humanité. Là ne s’arrête cependant pas son parcours. Car Jésus avait comme objectif non seulement de devenir homme, mais d’être pleinement assimilé à eux, dans leurs détresses, leurs souffrances. En ce sens, plus que quiconque, il a connu sur la croix la situation extrême du handicap. Cloué, non dans un fauteuil, mais sur deux poutres de bois, il était pendu là, en plein soleil, des heures durant. Tourmenté par la soif, dans l’impossibilité de se mouvoir, se gratter le nez, changer de position, essuyer ses larmes, bouger bras ou jambes… Livré au bon plaisir d’autrui, il a agonisé, seul, en proie au mépris, à la moquerie d’une foule déchaînée du sein de laquelle plusieurs le ridiculisaient, riaient de la souffrance qui défigurait son visage et déformait son corps meurtri. Il est ici l’homme de douleur par excellence…
La croix, dit la Bible, est le lieu d’un échange. Là, Jésus troque la condition d’homme juste, sans tache, ni tare, pour celle de l’homme meurtri, blessé, affligé des maux dus au péché. Il accepte de prendre notre place et, pour ce faire, il subit dans sa personne la souffrance résultant de la rupture avec Dieu. Le handicap de Jésus atteint ici son point culminant. Affaibli à l’extrême, aucune partie de son corps n’est épargnée par la douleur. De la tête aux pieds, il n’est que plaies, déchirures, blessures, amas de chair vive sanguinolente.
Dans son âme, la souffrance n’est pas moindre. Il est seul, abandonné de tous, plongé dans la nuit la plus noire. Le désespoir est à son comble. Il est ici privé, handicapé de la présence de son Père. Il ne lui reste plus rien. Il boit, jusqu’à la dernière goutte, la coupe du tourment. Les flammes du remords et de la culpabilité, conséquences de nos péchés, le ravagent, le consument entièrement. Pour moi, pour vous, pour notre salut, il devait passer par là.
Extrait de mon livre : Je vis avec cet intrus, le handicap : Editions BLF
« Tu n’es pas à ma place ! Tu as beau parler, vouloir me consoler, tu ne sais pas ce que c’est que d’être comme moi ! » La réplique de la personne handicapée au bien-portant est sans appel. Que sait-il en effet de sa souffrance, de ses frustrations, de ses limites ? A-t-il une idée de ce que signifie vivre un seul jour, une seule heure, paralysé, emprisonné seul avec lui-même ?
Jésus est-il apte à comprendre les personnes handicapées ? La question est de taille. Lui qui marche sur la mer et semble n’avoir jamais connu de maladie, que sait-il du monde des paralysés, des infirmes, des blessés… ? N’est-il pas l’étranger par excellence de la société des invalides ? L’apparence est trompeuse…
Le handicap de Jésus
La question des limites
L’obligation de vivre dans des limites imposées est ce qui distingue en premier la personne handicapée du bien-portant. Nous nous méprenons sur la personne de Jésus si nous pensons que l’humanité ne lui a rien coûté. Car, dit l’Evangile, Jésus existait avant d’être homme. De toute éternité, il était Dieu, libre, tout puissant, sans limite, assujetti à aucune contingence. Devenir homme l’a donc contraint à quitter un état supérieur pour une condition nettement moindre.
Le premier handicap de Jésus a été son humanité. Une perte de son état premier comme celle que connaîtrait un homme à qui l’on imposerait de devenir fourmi, ver de terre ou… cafard. Un choix qu’il a cependant fait volontairement, comme tout ce qu’il fera dans sa vie…
La différence
Si la personne handicapée souffre de la différence, sachons que Jésus a connu cette souffrance également. Car si quelqu’un, en son temps, était hors norme, c’était bien lui. Jésus ne cadrait avec aucun système dans lequel on voulait le classer. Pour les hommes religieux, il buvait et mangeait trop pour être pris au sérieux. Pour les nationalistes juifs, il était trop ami avec les occupants romains. Pour les Romains, il était un Juif trop remuant. En tout et partout, Jésus par sa simple présence, perturbait, gênait.
Aussi le regard des autres sur Jésus était-il souvent hostile, inamical. Plus Jésus affirmera ce qu’Il est, plus il se fera d’ennemis. Plus aussi, il se retrouvera seul, trahi, abandonné de tous. Parce qu’il n’entre pas dans les schémas établis, Jésus vivra une marginalisation, un rejet progressif. Comme la personne handicapée, il souffre de son identité particulière. Une identité dont on ne veut pas entendre parler, parce qu’elle dérange. Seule une poignée d’amis (et encore) lui resteront fidèles jusqu’au bout.
La solitude
Si Jésus était souvent entouré, il savait aussi ce que signifie être seul. Sa solitude ne venait pas tant de l’isolement que de l’incompréhension des autres. Même sa famille naturelle, sa mère, ses frères et sœurs ne le comprenaient pas. Pour eux, il était quelqu’un d’anormal, d’un peu « dérangé, un objet de scandale. Aussi le provoquaient-ils parfois, allant presque jusqu’à se moquer de lui. Mêmes réactions à Nazareth, le village où il a grandi. Jésus n’est pas le bienvenu. On préfère qu’il s’en aille, qu’il ne se mêle pas aux autres.
Comme la personne handicapée, Jésus connaît ce que veut dire être mis de côté. Il sait ce que signifie le fait de souffrir du mépris, de la honte des autres, du rejet. Ayant connu la solitude, il est le compagnon idéal de tous les solitaires, de ceux, nombreux, qui souffrent en silence d’être déconsidérés.
La souffrance
« Si tu veux ma place, prends aussi mon handicap ! » Disposé sur un parking à l’endroit réservé aux personnes handicapées, cet écriteau interpelle. Il propose un échange : l’avantage personnel que représente la place de parking contre les limites quotidiennes qui sont imposées à son bénéficiaire. A ce jeu-là, le calcul est vite fait. Nul besoin d’un long temps de réflexion. N’importe quelle personne handicapée, si vous lui posez la question, signe immédiatement le contrat. Pas sûr que, du côté des bien-portants, on soit aussi emballé par la proposition.
Nous l’avons déjà dit, la première dimension du handicap de Jésus a été de devenir homme. De la liberté totale, absolue, éternelle, il est passé pour un temps aux limites physiques de l’humanité. Là ne s’arrête cependant pas son parcours. Car Jésus avait comme objectif non seulement de devenir homme, mais d’être pleinement assimilé à eux, dans leurs détresses, leurs souffrances. En ce sens, plus que quiconque, il a connu sur la croix la situation extrême du handicap. Cloué, non dans un fauteuil, mais sur deux poutres de bois, il était pendu là, en plein soleil, des heures durant. Tourmenté par la soif, dans l’impossibilité de se mouvoir, se gratter le nez, changer de position, essuyer ses larmes, bouger bras ou jambes… Livré au bon plaisir d’autrui, il a agonisé, seul, en proie au mépris, à la moquerie d’une foule déchaînée du sein de laquelle plusieurs le ridiculisaient, riaient de la souffrance qui défigurait son visage et déformait son corps meurtri. Il est ici l’homme de douleur par excellence…
La croix, dit la Bible, est le lieu d’un échange. Là, Jésus troque la condition d’homme juste, sans tache, ni tare, pour celle de l’homme meurtri, blessé, affligé des maux dus au péché. Il accepte de prendre notre place et, pour ce faire, il subit dans sa personne la souffrance résultant de la rupture avec Dieu. Le handicap de Jésus atteint ici son point culminant. Affaibli à l’extrême, aucune partie de son corps n’est épargnée par la douleur. De la tête aux pieds, il n’est que plaies, déchirures, blessures, amas de chair vive sanguinolente.
Dans son âme, la souffrance n’est pas moindre. Il est seul, abandonné de tous, plongé dans la nuit la plus noire. Le désespoir est à son comble. Il est ici privé, handicapé de la présence de son Père. Il ne lui reste plus rien. Il boit, jusqu’à la dernière goutte, la coupe du tourment. Les flammes du remords et de la culpabilité, conséquences de nos péchés, le ravagent, le consument entièrement. Pour moi, pour vous, pour notre salut, il devait passer par là.
Extrait de mon livre : Je vis avec cet intrus, le handicap : Editions BLF
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus
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