mardi 28 novembre 2006

Du rouge sur la croix


Du rouge sur la croix !

C’est le titre du film présenté récemment par la télévision suisse sur la vie d’Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. Interviewé par des journalistes sur la raison des libertés qu’il a prise à l’égard de l’histoire réelle d’Henry Dunand, le réalisateur du film a répondu : « J’ai mis de côté volontairement la foi chrétienne qui animait Henry Dunant pour ne pas entraver la portée du message. » Cette façon d’agir, de dénaturer les faits pour les rendre publiquement corrects, m’amène à me poser plusieurs questions. Est-ce vraiment rendre hommage à un homme que de taire volontairement la motivation essentielle qui était au cœur de son entreprise ? L’hommage soi-disant rendu à Henry Dunant à travers le film ne serait-il pas plutôt perçu par lui comme un affront ? On s’insurge avec raison contre le révisionnisme, pratique qui consiste à remettre en cause des faits pour la simple raison qu’ils nous dérangent (exemple : le génocide des juifs par les nazis lors de la seconde guerre mondiale). Mais n’est-ce pas également agir de la sorte que d’adapter les faits qui se rapportent à une vie pour la présenter sous le jour qui nous convient ? « Celui qui proclame la vérité révèle ce qui est juste, dit la Bible, mais le témoin mensonger dénature les faits. »[1]

N’en déplaise à Dominique Othenin-Girard, réalisateur de ce film, Henry Dunant n’était pas un simple humaniste romantique. Cet homme se sentait inspiré par Dieu dans son action et ne s’en cachait pas. Dans une lettre écrite en 1852, il dira : « Nous voulons proclamer dans le monde cette grande vérité que tous les disciples de Jésus qui trouvent en lui leur seul refuge, leur unique justification devant Dieu, ne forment qu’une seule et unique famille spirituelle. » Outre le fait qu’il fonda la Croix-Rouge et reçut le premier, le prix Nobel de la Paix, Henry Dunant fut en son temps l’un des fondateurs de l’Alliance Universelle des Unions chrétiennes de jeunes gens, mouvement à caractère évangélique très marqué.

Adaptation pour convenance…

Cette façon de dénaturer les faits ou d’adapter l’histoire pour la faire coller à ce que l’on a envie d’entendre n’est pas propre qu’ici, au cas d’Henry Dunant. Elle concerne également et largement le Modèle dont Henry Dunant s’est inspiré pour entreprendre l’œuvre de sa vie : Jésus-Christ. Personnage historique, nul ne peut, mis à part quelques irréductibles, nier son existence. Mais Jésus-Christ, manifestement, dérange. On veut bien faire de lui l’homme de bien le plus grand que la terre ait porté, mais de là à lui reconnaître l’identité de Fils de Dieu sous laquelle la Bible le présente… Mais, comme le dit le philosophe C.S Lewis, « c’est justement là la chose à ne pas dire. Un homme qui ne serait qu’un homme et qui tiendrait les propos que tenait Jésus ne serait pas un grand professeur de morale. Ce serait soit un fou – tel l’individu affirmant qu’il est un œuf poché – soit le démon des enfers. Il vous faut choisir : ou bien cet homme était et reste le Fils de Dieu, ou bien il ne fut rien d’autre qu’un aliéné ou pire encore. Vous pouvez l’enfermer comme fou, lui cracher au visage et le tuer comme un démon ; ou, au contraire, vous jeter à ses pieds et l’appeler Seigneur et Dieu. Mais ne vous laissez pas entraîner à favoriser ce non-sens, à savoir qu’il est un grand maître issu de l’humanité. Jésus ne nous a pas laissé le choix. Il n’a pas eu cette intention. »[2]

Oui ! Le christianisme sans Jésus-Christ n’est qu’une coquille vide. C’est seulement si nous recevons l’Evangile dans les termes dans lesquels il nous a été annoncé à l’origine qu’il a la puissance de nous transformer. Jésus n’est pas d’abord venu pour régler le problème de la misère dans le monde, mais celui du péché, origine de toutes les misères. Il n’est pas d’abord venu pour nous montrer comment bien vivre ensemble, mais pour rendre possible la réconciliation entre Dieu et nous. La plus grande œuvre qu’il ait accomplie ne l’a pas été de son vivant, mais au moment de sa mort, suivie de sa résurrection. En pensant à lui, n’oubliez pas la chose la plus importante le concernant : la croix rouge de son sang versé pour votre salut !



[1] Proverbes 12,17
[2] C S Lewis : Les fondements du christianisme Editions LLB page 66


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

2 commentaires:

Aurélien Lang a dit…

« J’ai mis de côté volontairement la foi chrétienne qui animait Henry Dunant pour ne pas entraver la portée du message. »

Luc Ferry, brillant philosophe, fait la même erreur dans son ouvrage : Apprendre à vivre, pp. 274-275.

Très bon post !

Tim a dit…

Merci pour ce blog, Gilles. Merci aussi pour ce rappel sur la vie d'Henry Dunant ...

Bien fraternellement, Tim