Pour une foi
réfléchie
La
théologie n’est peut-être pas votre tasse de thé ! Elle vous paraît
compliquée, indigeste, d’une autre époque. Cela tombe bien ! Un livre peut
vous aider à vous en faire une amie. Ecrit à plusieurs mains, sous la direction
d’Alain Nisus, l’ouvrage s’intitule « Pour une foi réfléchie », (Editeur Maison de la Bible).Pour vous donner
l’envie de le lire, je vous propose dans ce billet un extrait. Commençant par
le thème de Dieu, les auteurs récapitulent les arguments de réflexion qui
plaident en faveur de l’existence de Dieu. Ces arguments ne sont pas d’hier. Ils
datent de plusieurs siècles et ont été formulés par plusieurs penseurs.
L’argument
ontologique
Le
mot ontologique vient de ontos :
forme du participe du verbe être en grec. Résumé de l’argumentation de Anselmede Cantorbéry (1033 – 1104)
1. Même l’insensé (qui nie l’existence de
Dieu) accepterait de définir Dieu comme celui dont on ne peut pas penser (ou concevoir)
de plus grand.
2. L’être tel que rien ne peut être pensé de
plus grand existe dans la réalité et pas seulement dans l’intelligence, sinon
il serait moins que l’être tel que rien ne peut être pensé de plus grand.
3. Donc Dieu, l’être tel que rien ne peut
être pensé de plus grand, existe dans la réalité.
Descartes :
extrait des Méditations métaphysiques
1. Il s’agit de trouver une forme claire et
distincte que je n’aurais pas pu construire moi-même. Cette forme, c’est l’infinie
perfection, c’est Dieu. Je n’ai jamais vu Dieu et je n’ai pas pu créer en moi l’idée
d’infinie perfection.
2. L’idée d’infini est claire et distincte,
et pourtant me dépasse.
3. Seul un être effectivement infini (cause)
peut produire cette idée en moi qui suis un être fini. Il faut donc qu’elle ait
une réalité objective.
Thomas d’Aquin (1224 – 1274) a développé 5 arguments qui reposent non sur la connaissance, mais sur l’expérience :
L’argument du mouvement
1. Tout dans notre monde est en mouvement.
2. On ne peut pas remonter à l’infini, il
doit exister un être immobile capable de communiquer le mouvement aux autres,
un moteur immobile initial.
3. Donc Dieu doit exister en tant que moteur
immobile initial
L’argument de la causalité
1. Tout est soumis à la causalité : tout ce qui arrive a une cause efficiente, il existe un enchaînement de causes à effets dans la nature.
2. On ne peut pas remonter à l’infini, il
doit exister une cause première.
3. Donc Dieu doit exister en tant que cause
première.
L’argument de la contingence
1. Les êtres de notre univers sont contingents, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune nécessité à leur existence. Ils existent pourtant : c’est qu’un autre être, lui-même contingent, les a amenés à l’existence. L’ensemble des êtres contingents est lui-même contingent.
2. On ne peut pas remonter à l’infini :
il doit exister dans l’univers un être dont l’existence est nécessaire, sinon,
rien n’existerait.
3. Donc Dieu doit exister en tant que seul
être dont l’existence est nécessaire et qui existe par lui-même.
L’argument de la perfection (repris de Platon)
1. Il y a des perfections dans les êtres et
les choses, mais à des degrés différents.
2. Il faut nécessairement qu’il y ait un
être qui possède ces perfections à un degré maximum, puisque dans la nature
toutes les perfections sont limitées.
3. Donc Dieu doit exister en tant qu’être
absolument parfait, le plus haut degré de perfection.
L’argument téléologique :
L’argument repose sur le constat d’une finalité du grec telos : un des sens du mot
1. On observe que les choses privées de
connaissance comme les corps naturels agissent en vue d’une fin ;
toujours, ou le plus souvent, ils agissent de la même manière de façon à
réaliser le meilleur.
2. Ce n’est pas par hasard, mais en vertu d’une
tendance déterminée qu’ils parviennent à leur fin : ce qui est privé de
connaissance ne peut tendre à une fin que dirigé par un être connaissant et
intelligent, comme la flèche par celui qui la lance.
3. Il y a donc un être intelligent, par
lequel toutes les choses naturelles sont orientées vers leur fin. Cet être, c’est
Dieu.
Autres arguments
L’argument cosmologique
1. On observe que le monde est caractérisé par un ordre précis.
2. L’expérience commune montre que le hasard
est un mauvais maître d’oeuvre ; seule l’intelligence est capable d’organiser,
d’ordonner.
3. Il ya donc un être intelligent, par
lequel tout est ordonné, un ordonnateur. Cet être, c’est Dieu.
L’argument anthropologique
C’est l’argument centré sur l’être humain (en grec anthrôpos)
1. On observe que l’être humain a des
caractéristiques telles que l’amour, la rationalité, la motivation par un but
qui le mettent à part des éléments purement matériels.
2. Si l’univers était entièrement
impersonnel, il ne pourrait pas nous avoir créés, car il ne nous correspondrait
pas. Ce serait comme si la nature accouchait d’un poisson alors qu’elle ne
contient pas d’eau.
3. Il y a donc un être personnel à l’origine
des autres êtres personnels. Cet être, c’est Dieu.
L’argument moral
1. On observe que l’être humain a un sens moral, une conscience du bien et du mal.
2. La reconnaissance de normes et de
concepts moraux ne peut pas être attribuée à un processus évolutif quelconque
3. Il y a donc un être à l’origine du sens
moral. Cet être, c’est Dieu.
Reproduit avec l’autorisation de l’Editeur.
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