samedi 5 décembre 2009

Pourquoi tant de souffrances ?

1. INTRODUCTION


Suite à la naissance en 1990 de Florine, notre fille myopathe, nous avons eu, en tant que parents, l’occasion de nous pencher, non pas simplement de manière théorique, mais, je dirais, de manière existentielle sur le sujet de la souffrance.

La question de fond qui s’est posée à nous, et qui se pose inévitablement derrière celle qui nous occupe ce soir est : Comment rendre compatible la réalité de la souffrance avec celle de Dieu, en particulier avec l’idée d’un Dieu à la fois bon et tout-puissant ?

Ce Dieu bon ne pouvait-il pas éviter à l’humanité de vivre et de connaître les drames qui engendrent tant de souffrances en son sein ?

Ce Dieu Tout-Puissant ne pouvait-il pas faire que la souffrance n’existe pas ? En quoi la toute-puissance de Dieu peut-elle nous être utile dans la souffrance ?

C’est à ces 3 questions que je vais tenter en 12 mn de répondre ce soir !


2. CONSTAT :

Si la souffrance apparaît dans notre monde comme une anomalie, une sorte d’intrus, sachons bien qu’elle l’est tout autant dans le monde de Dieu. La souffrance qui se déroule dans ce monde ne plaît pas plus à Dieu que le handicap n’est agréable à vivre pour ma fille.


C’est pourquoi je le dis, et c’est la 1ère réponse que je tiens à faire au sujet de ce problème épineux de la souffrance présente dans le monde : la souffrance est un intrus dans le monde de Dieu.

Qui dit intrusion dit deux choses :

- La 1ère est qu’il y a dans l’existence de la souffrance quelque chose que Dieu n’a pas voulu, mais qui s’est imposé par une volonté extérieure à la sienne. Un intrus, comme je le fais remarquer dans mon livre, n’est pas un invité désiré. C’est quelqu’un qui, sans que vous donniez votre avis, arrive chez vous et vous oblige, que vous y soyez favorable ou non, à une cohabitation forcée.

Croyons bien (et si vous ne pouvez retenir qu’une seule chose ce soir de la question de la souffrance, c’est celle-ci), qu’il en est pour Dieu de la question de la souffrance exactement ce que j’en dis ici : elle n’est pas le fuit du désir et de la volonté de Dieu, mais elle s’impose à lui comme une cohabitation forcée.

- La 2ème chose que le terme d’intrusion suppose est que, si l’intrus n’est pas un invité désiré, alors sa présence signifie qu’elle est le résultat d’une volonté mauvaise et hostile à celui à qui elle s’impose.

Alors que beaucoup d’hommes lèvent le poing contre Dieu à cause de la souffrance, il apparaît que c’est vers le péché, et derrière le péché, la présence d’un esprit mauvais, que la Bible pointe le doigt pour identifier l’origine de la souffrance. Le péché, c’est la volonté de la créature se mettant en travers de celle du Créateur. Or, dès l’origine, il apparaît que péché et souffrance sont liés, l’un engendrant l’autre et l’autre étant inséparable du premier.

Quand je dis que la souffrance résulte du péché, il ne faudrait cependant pas croire (ce serait mal comprendre la chose) que tous ceux qui souffrent doivent leur souffrance directement à leurs péchés. Jésus, parlant d’un aveugle né, s’est d’ailleurs clairement inscrit en faux par rapport à cette pensée.

Ce que je veux dire, c’est que le péché étant entré dans le monde, inévitablement la souffrance a suivi : qu’elle soit d’ordre physique, mentale ou spirituelle. De même que, d’après la genèse, les chardons et les épines apparurent sur la terre après la révolte de nos premiers parents, la souffrance est le chardon et l’épine que l’homme a récolté en lui-même en voulant s’affranchir de Dieu.


3. DIEU ET LA SOUFFRANCE

A partir de là, deux questions se posent :

- la 1ère : pourquoi Dieu n’a-t-il pas empêché l’intrus de pénétrer dans ce monde pour le détruire et y imposer la souffrance

- la seconde : qu’est ce que Dieu va faire maintenant que la souffrance est là ?

Si Dieu n’a pas empêché l’irruption de la souffrance, vous allez peut-être trouver la réponse dérangeante, c’est tout simplement qu’il ne le pouvait pas ! Si je dis qu’il ne le pouvait pas, il ne faut cependant pas comprendre cette incapacité en termes de moyens. Quant aux moyens, Dieu aurait pu le faire.

S’il ne l’a pas fait, c’est qu’il y avait en lui une impossibilité de le faire liée à Sa nature.

Car Dieu, montre la Bible, n’est pas comme nous, qui sommes si souvent changeants. Dieu, dit la Bible, est quelqu’un d’immuable, qui ne change pas. Aussi ne peut-Il pas, après avoir décidé d’une chose, changer d’avis et se montrer autre si la chose qu’Il a décidé ne fonctionne pas comme il le souhaitait.

Il nous est impossible de comprendre les raisons pour lesquelles Dieu n’a pas empêché la souffrance, si nous ne comprenons pas quels ont été les principes qui été ceux de Dieu au moment où Il choisit de créer le monde (et plus particulièrement l'homme et la femme).

Ce principe était celui de créer l’homme et la femme à son image, à sa ressemblance, des êtres dotés d’une personnalité et d’une capacité d’auto détermination. Si c’est à l’homme lui-même qu’il revient de décider de ce que sera sa vie et son parcours, soit en accord avec Dieu, soit en opposition à Lui, Il n’était pas possible à Dieu d’éviter à l’homme la souffrance, fruit de son mauvais choix

Les choses étant ainsi, il nous faut encore répondre à la seconde question : que Dieu va-t-Il et que peut-Il faire maintenant que la souffrance est là ?

Pour y répondre, j’aimerais l’expliquer par une image qu’il sera facile de comprendre pour tous : celle de l’huître perlière. On retrouve en effet, pour la fabrication des perles de nacre par une certaine espèce d’huître, le même principe que celui que j’ai développé au sujet de Dieu quant à la souffrance.

C’est par l’intrusion, contre sa volonté, d’un grain de sable qui le fait souffrir que commence, chez l’huître, le processus qui va la conduire à créer une perle. Incapable de se débarrasser de l’intrus, l’huître a trouvé un moyen simple pour atténuer la blessure et la gêne que provoque en elle ce corps étranger. Au fil des ans, elle le recouvre, par un processus qu’elle seule connaît, de carbonate de calcium, qui cristallise ensuite sous forme d’aragonite, pour finir par donner une perle.


Toute l’histoire de ce grain de sable, à l’origine intrus et auteur de la souffrance de l’huître, devenant par un procédé chimique miraculeux perle précieuse et magnifique, résume le procédé de Dieu pour vaincre le mal. La politique de Dieu à l’égard du mal, et de la souffrance qui l’accompagne, n’est pas de l’éradiquer brutalement du monde, mais de l’anesthésier par la puissance du bien et de son amour.

Jésus-Christ en est la preuve majeure. Alors que c’est le péché qui fait venir Jésus dans ce monde, en mourant pour le péché, Jésus libère Sa vie qui agit, dans le cœur de tous ceux qui croient, comme le carbonate de calcium autour du grain de sable de l’huître. Couche après couche, grâce après grâce, le cœur est guéri de la souffrance occasionnée par le péché… en attendant qu’un jour le corps y soit aussi !


Ce billet est le texte de mon intervention lors de la soirée Véritas, organisée par les GBU, du lundi 30 Novembre au Bar l'Equitable de Douai

INFO :  le livre "je vis avec cet intrus, le handicap" sera vendu au profit du Téléthon dans la librairie Cognet 21, rue Victor Basch à Saint-Quentin les 4,5 et 6 décembre. Dédicace de l'auteur sur place.

Visitez : http://georgelbooks.blogspot.com/


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

5 commentaires:

Enfer Noir ... a dit…

Bonjour,

Dans votre billet, l'affirmation suivante me semble "Si c’est à l’homme lui-même qu’il revient de décider de ce que sera sa vie et son parcours, soit en accord avec Dieu, soit en opposition à Lui, Il n’était pas possible à Dieu d’éviter à l’homme la souffrance, fruit de son mauvais choix"
Quand on est un enfant, une personne handicapée et qu'on dépend des choix d'une tiers personne, doit-on souffrir par ses
décisions. Quant un pays est en guerre et que des miliers d'âmes souffrent (hommes, femmes, enfants, personnes âgées) qu'elles choix ont-ils ? Pourquoi Dieu, laisse faire ? Pourquoi des personnes naissent avec dans leur valise un fardeau trop lourd à porter tandis que d'autres non ?
Ma foi vacille à chaque fois que j'ouvre les yeux et que j'essaye de comprendre ... Je ne veux surtout pas dénigrer la foi, nous avons tous besoin de croire et de se rattacher à elle à un moment ou a un autre, c'est juste que j'aimerai comprendre.
Bon dimanche,

Ichtus02 a dit…

Bonjour Enfer noir,

Je suis allé visiter ton site hier soir. Je trouve que tu as un vrai talent pour la poésie expressive. J'aime écrire, mais ce n'est pas du tout mon domaine. Bravo donc.

Je comprends bien ta réflexion. La question de la souffrance qui atteint les innocents est l'une des plus épineuses.

Voici ce qui pourrait être un élément de réponse. Il apparaît que dans la Bible personne ne vit comme une entité unique. Nous sommes tous organiquement liés les uns aux autres. J'appartiens à une famille. Je suis né dans la dépendance de mes parents, soumis à ce qu'eux-mêmes allaient opter comme choix de vie. J'appartiens à une nation. Si la nation a à sa tête un fou (comme en Corée du Nord), j'en subirai les conséquences. Devant Dieu, personne n'est responsable de faits qui dans sa vie sont dus à la souffrance d'autrui. Chacun devra rendre compte pour la façon avec laquelle il a assumé les responsabilités qu'il a reçues, y compris dans les effets que cela aura eu dans les autres vies.

La Bible montre qu'en ce qui concerne le jugement, celui-ci se fera à plusieurs niveaux. La Bible parle de jugement individuel, mais aussi au niveau d'une nation. Une nation est une entité, un organisme en lui-même. Dieu considère que les orientations prises dans une nation représente l'idée de la nation. Si Dieu devait juger la France, nous serions inclus dans le jugement de la nation.

Maintenant, au niveau individuel nous pouvons nous soustraire de façon spirituelle aux entités auxquelles nous sommes rattachés sur le plan naturel. je me suis converti à Jésus-Christ à l'âge de 19 ans... contre l'avis total de mes parents. L'Etat français valide et cautionne l'avortement. En tant que chrétien, je le condamne et le dénonce comme un crime. Lié à jésus-Christ par la foi, Dieu considère que je suis rattaché à Lui. Je suis assimilé à Ses yeux à l'entité Jésus-Christ. Il est mon garant auprès de Dieu.

Même si je devais mourir par exemple suite à un jugement de Dieu sur la France, je ne subirais cette peine que dans mon corps. En esprit, mon éternité m'est assurée par mon appartenance à Jésus-Christ en vertu de la pleine suffisance de Sa mort pour effacer mes péchés.

Les fils de la souffrance sont profondément entremêlés avec ceux de l'humanité depuis l'entrée du péché dans le monde. Mais un jour Dieu démêlera tout cela. Si j'appartiens à Christ, il ne restera plus que ce qui est de Christ pour l'éternité.

C'est là la bonne nouvelle que Dieu nous transmet par l'Evangile. Ce que tu soulèves doit tous nous rendre conscient que nous rendrons compte à Dieu de tout ce que notre vie a transmis, produit, engendré dans la vie des autres. Si je n'étais pas sûr du pardon de Dieu, je tremblerais.

J'espère avoir répondu un peu à ta question !

Enfer Noir ... a dit…

Bonsoir,
Merci pour votre avis sur mes textes, vos billets (du moins ceux que j'ai lu entre hier et aujourd'hui sont aussi intéressant, je suis en apprentissage en quelque sorte ...)
J'ai lu plusieurs fois votre commentaire, j'arrive très bien à comprendre votre point de vue et sur quoi elle se base. Peut être suis-je tout simplement en colère et que je refuse de lui donner (Dieu, il m'arrive de lui faire la tête et de laisser derrière la porte, si je peux me permettre ...), comment puis-je dire cela, je refuse de m'abandonner à lui, il me semble que les limbes ne trichent pas bien que je n'irai pas m'y vautrer ... Vous devez vous dire que vous êtes tombé sur un "cas", sourire.
Bonne fin de soirée, je reviendrai, vos billets sont intéressants.

Unknown a dit…

Bonjour,

Vous dites que Dieu ne peut pas changer d'avis lorsqu'il a pris une décision, et j'aurais tendance à être d'accord si plusieurs passages dans la Bible n'indiquaient pas le contraire:
Jérémie 18 7 Soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, D’arracher, d’abattre et de détruire ;
8 Mais si cette nation, sur laquelle j’ai parlé, revient de sa méchanceté, Je me repens du mal que j’avais pensé lui faire.
9 Et soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, De bâtir et de planter ;
10 Mais si cette nation fait ce qui est mal à mes yeux, Et n’écoute pas ma voix, Je me repens du bien que j’avais eu l’intention de lui faire.

Pareil pour la ville de Ninive dans le livre de Jonas, et de même dans Exode 32:10: Maintenant laisse–moi ; ma colère va s’enflammer contre eux, et je les consumerai ; mais je ferai de toi une grande nation. où Moïse parvient à faire changer Dieu d'avis.
A quoi servirait l'intercession si Dieu était immuable ? Si le christianisme est une religion fataliste, serait-il utile que nous priions pour influer sur la volonté de Dieu ?

Après, et c'est une question que je me pose à l'instant, peut-être que seule la nature de Dieu, le commencement et la fin sont immuables: il est assez puissant et intelligent pour adapter ce qu'il y a "au milieu", d'envisager plusieurs plans qui concorderaient avec ces 3 conditions... sauf dans certains cas (où s'il changeait d'avis, sa nature elle-même s'en verrait changée), et c'est là que la souffrance apparait.

Faites moi savoir si je raconte une hérésie ;-)

Ichtus02 a dit…

Bonjour David,

dans les passages que tu cites, la question se pose : Dieu a-t-Il changé d'avis ? Ou n'a-t-Il fait que retarder l'exécution de l'arrêt que sa justice lui dicte d'appliquer, au vu du changement d'attitude des concernés ?

Dieu a épargné Ninive sous Jonas, mais quelques dizaines d'années, Il la condamne sous Nahum. Dieu reporte Son jugement sur Juda à cause de Josias, mais quelques générations plus tard, juda est à son tour déporté.

Dans le domaine que je cite dans mon article, qui est celui des principes qui ont guidé l'acte créateur de Dieu, Dieu ne pouvait pas modifier ce qu'Il avait décidé par avance. Son plan était plutôt de mettre en oeuvre un moyen de salut qui annulerait les effets de la désobéissance de l'homme. Jésus-Christ est la preuve que Dieu n'a pas pu empêcher l'irruption du péché, mais qu'Il ne laisse pas les hommes livrés à eux-mêmes dans cet état.