Il est habituel, dans la pensée
courante, de séparer et d’opposer de manière radicale le bien et le mal.
Effectivement, qu’y a-t-il de commun entre le gant dont se sert le meurtrier
pour ne laisser aucune trace permettant de l’identifier, et celui du chirurgien
qui opère en vue de sauver la vie de son patient ? Mis à part l’accessoire
qui habille la main de l’un et de l’autre, rien ne les regroupe. Dans la vie de
tous les jours cependant, on constate déjà que le mal et le bien ne sont pas
toujours si éloignés que cela. Croyant faire le bien, il arrive qu’on fasse mal
et que la situation soit pire qu’avant. Victime d’un mal, on voit parfois la
situation se retourner à notre avantage. Du mal qui nous a atteints est
finalement sorti un bien.
Ce lien étrange qui semble
tenir le bien et le mal dans une certaine cohabitation n’est pas étranger à la
Bible. De plusieurs manières, l’Ecriture situe le bien et le mal dans une
proximité et une ressemblance étonnantes. Quelques exemples nous en convaincront :
Cohabitation
Commençons avec la genèse, le 1er
livre de la Bible, celui des commencements. Après la création de la terre, des
cieux, du monde végétal, animal et de l’homme, nous sommes projetés dans une
vision du paradis. Le paradis est un jardin rempli d’arbres magnifiques de
toute espèce. L’auteur ne nous décrit aucun d’entre eux. Il s’attarde plutôt
sur deux arbres, l’arbre de la vie, et l’arbre de la connaissance du bien et du
mal situé tous deux au centre du jardin. Le premier, l’arbre de vie, a pour
objet de conférer à l’humanité, si elle choisit l’obéissance à Dieu, la vie
éternelle. Le second, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, nous est
présenté comme le danger maximal auquel ont à faire face nos premiers parents.
Dieu est clair à son sujet : pour qui prend et goûte à son fruit, c’est la
mort assurée.
Quel manque de sagesse de la part
de Dieu, pourrait-on penser ! Si l’arbre de la connaissance du bien et du
mal est si dangereux, pourquoi donc le mettre au centre, si près de l’autre
arbre. Ne valait-il pas mieux le reléguer dans le coin le plus obscur du jardin
pour le soustraire à tout regard ? La proximité de la mort et de la vie,
au centre du jardin, est pourtant la marque de la volonté délibérée de Dieu. Oui !
Dieu le veut : les questions qui touchent au bien et au mal, à la vie et à
la mort, doivent être au centre de la préoccupation de chaque vie !
Comme dit plus haut, la
proximité entre le bien et le mal n’est pas le seul élément troublant. Il y a
encore la ressemblance. Alors que le roi Salomon écrit ses proverbes, il a à
cœur d’utiliser une métaphore pour décrire ce que sont la sagesse et la folie. Il
compare ainsi la sagesse à une femme assise sur les hauteurs de la ville et qui
invite les stupides à entrer chez elle pour manger de son pain et boire de son
vin. Puis, décrivant la folie, il lui donne les traits d’une femme bruyante
assise devant sa maison et hélant les passants en disant : « Que
celui qui est stupide entre ici ! Les eaux dérobées sont douces et le pain
du mystère est agréable ! » Même apparence et, à s’y méprendre,
quasiment même message !
Un autre exemple de cette
proximité et de cette ressemblance entre le vrai et le faux nous est donné par
Jésus lui-même. Parlant de ce que va devenir le christianisme qu’il est venu
fonder, Jésus utilise une parabole. Il raconte que le royaume de Dieu dans ce
monde ressemble à un champ dans lequel a été semé deux semences : du blé
(par le propriétaire du champ) et de l’ivraie (par un ennemi). Au début,
personne ne voit rien. Mais lorsque les épis se mettent à pousser, les
serviteurs s’aperçoivent du coup tordu fait au propriétaire. Le problème est
que, non seulement l’ivraie et le blé se ressemblent, mais que leurs racines
sont si entremêlées les unes aux autres qu’il est impossible d’arracher la
mauvais plante sans déraciner la bonne. La seule solution est d’attendre la
moisson où, pour toujours, blé et ivraie seront séparés.
Quelles leçons tirer de cet
étrange paradoxe entre le bien et le mal, la vie et la mort ? C’est ce que
nous verrons la semaine prochaine !
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