Liberté perdue
Nous avons vu dans le billet précédent à quel point la liberté était une aspiration inscrite au plus profond de l’être humain. Trois puissances ont cependant le pouvoir d’amener l’homme à renoncer à sa liberté. Si deux d’entre elles sont nuisibles et négatives, la dernière se révèle comme une force, une vertu, un bien si supérieur que c’est avec joie que la liberté s’efface pour elle. Explications
1ère puissance : la manipulation par le mensonge
Le récit biblique rapporté par la genèse sur la chute de nos premiers parents en témoigne. Alors qu’Adam et Eve, dans le jardin d’Eden, jouissent d’une totale liberté, ils vont, sous l’impulsion d’un mensonge, consentir à y renoncer. Remarquons ici la force qu’a le mensonge. Le mensonge est la formulation d’une proposition séduisante qui promet beaucoup, mais ne démontre rien. Ils sont légions, ceux qui, comme nos premiers parents, ont renoncé à leur liberté pour les mirages d’un mensonge. En regardant le monde, on se demande d’ailleurs où se trouvent les propositions qui ne fonctionnent pas sur ce mode : publicité, programme politique, messages des sectes… Tous promettent, déçoivent, laissant ceux qui les ont crus plus malheureux après qu’avant. Si les aspirations des peuples égyptiens et tunisiens à la liberté sont légitimes, plus que jamais ils sont, dans leur situation nouvelle, la proie idéale du mensonge et de la séduction. Puissent ils en être conscients !
2ème puissance : la contrainte par la menace
La technique est, pourrait-on dire, vieille comme le monde. L’abandon de leur liberté, ce droit inné qui revient à tout homme de penser autrement, est le but poursuivi par tous les tortionnaires des victimes de la dictature. Qu’elle touche au physique ou au psychique, la méthode reste la même. On cherche par la menace, la souffrance, l’intimidation à obliger la victime à une seule chose : renoncer à ce qui fait sa liberté pour épouser le moule de la pensée ou de la conduite qu’on veut lui imposer. Partout où une pensée unique domine, l’homme libre dérange. Il est l’ennemi à abattre. Aussi, là où le mensonge ne réussit pas, la pression doit prendre le relais.
Peut-être pensons-nous que l’arme de la menace est celle dont se servent surtout les dictatures religieuses et politiques islamiques ou communistes ! Ne sommes-nous pas, en Occident et surtout en France, des nations libres, bâties sur la tolérance ? Certes ! Mais évoquez une opinion contraire au sens du courant majoritaire sur des sujets éthiques sensibles, comme ceux de l’avortement ou de l’homosexualité ! Il ne faudra pas longtemps pour que vous soyez mis à l’index et cataloguer comme un dangereux extrémiste… Estimez-vous heureux encore de ne pas vous retrouver devant un tribunal pour avoir à défendre votre opinion ! Patience, cela ne saurait tarder…
3ème puissance : l’abandon par amour
C’est ici la puissance qui, selon la Bible, amena Jésus, le Fils de Dieu, à quitter le ciel pour s’enfermer dans les limites étroites d’une vie humaine. Se faisant, il démontra, plus que par les mots, par les actes que le seul maître auquel la liberté doit consentir à devenir le valet est l’amour. Par amour, Jésus renonça à sa liberté d’être Dieu, puis à la liberté que lui donnait le fait d’être juste parmi les hommes, pour accepter d’être crucifié, pieds et poings, privé ainsi de la plus élémentaire des libertés. Ce sont, dit la Bible, nos péchés, c’est-à-dire tout ce qui, à l’intérieur de nous nous aliène, qui l’ont conduit à ce sacrifice d’amour.
Depuis cet acte, qui est la matrice, la pierre d’angle du christianisme, tout véritable disciple de Jésus comprend que sa liberté personnelle est subordonnée à l’amour. C’est l’amour qui, au 12ème siècle, poussera un riche marchand de Lyon, Pierre Valdo, à renoncer à la liberté qu’aurait pu lui procurer ses biens, pour fonder un ordre évangélique de charité envers les pauvres. C’est l’amour qui poussera Robertson Mc Quillin à renoncer au poste élevé qu’il possédait dans le Columbia Bible College, aux Etats-Unis, pour se consacrer à sa femme Muriel, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Partout où le christianisme a été correctement reçu et compris, la loi de l’amour prévaut sur celle de la liberté.
Puisse-t-il imprégner à nouveau la société pour que les revendications égoïstes si nombreuses aujourd’hui fassent place à un nouvel élan de générosité et de bonté sans précédent !
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus