La chèvre de M Seguin
C’est à un certain Pierre Gringoire, poète lyrique à Paris que Alphonse Daudet destina, parmi les lettres de son moulin, la fameuse histoire de la chèvre de M Seguin. Dès le début, le but de la morale du récit est défini. Alors que Pierre Gringoire se voit offrir une place de chroniqueur dans un bon journal parisien, celui-ci, sous prétexte de liberté, se permet l’aplomb de refuser. Scandalisé par l’attitude de son ami (fictif ou réel), Daudet lui écrit l’histoire de la chèvre de M Seguin, pour que, face à sa stupidité, celui-ci voit ce que l’on gagne à vouloir vivre libre.
Au-delà de la simple leçon de morale, de nombreux parallèles peuvent être tirés entre l’épopée, les malheurs et la fin tragique de la chèvre de M Seguin et ceux de l’homme. La Bible comme le récit d’Alphonse Daudet mettent en relief les mêmes causes. Regard chrétien sur un récit parabolique dont, la longueur ne le permettant pas, je ciblerai des extraits choisis.
1. L’admiration de M Seguin pour sa chèvre
« Ah ! Gringoire, qu’elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! Qu’elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C’était presque aussi charmant que le cabri d’Esmeralda, tu te rappelles, Gringoire ? – et puis docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre... »
2. La haute opinion que Dieu a de la valeur de la vie humaine
Nous avons toujours l’impression, en pensant à Dieu, qu’il ne doit pas avoir une haute opinion de l’homme ! Détrompons-nous ! Pour Dieu, l’homme est la plus magnifique de ses créatures, son chef d’œuvre. Preuve en est par plusieurs indices qui nous sont donnés dans la Bible.
- Alors que Dieu crée l’univers, le soleil, la lune, les étoiles, la terre, la végétation, les poissons, les oiseaux, portant le regard sur toutes ces œuvres, Il conclut en se disant que tout cela est bon. Mais quand, au 6ème jour, il crée l’homme comme la couronne de sa création, son commentaire va de la satisfaction à l’extase. Dieu vit ce qu’Il avait fait et c’était très bon : Genèse 1,27. La seule présence de l’être humain a suffi pour transformer le qualificatif bon en très bon. S’il y a bien quelqu’un dans l’univers qui a une haute opinion de ce qu’est l’homme, c’est Dieu !
- A deux reprises au moins, dans ses psaumes, le roi David reviendra sur le sujet :
« Quand je regarde ton ciel, œuvre de tes mains, la lune et les étoiles que tu as mises en place, qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, qu’est ce que l’être humain, pour que tu t’occupes de lui ? Tu l’as fait de peu inférieur à un dieu, tu l’as couronné de gloire et de magnificence, tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds : Psaume 8, 4 à 7 »
« Je te célèbre car j’ai été fait de façon merveilleuse : Psaume 139,13. »
La haute valeur que Dieu donne à l’homme se voit aussi dans les lois qu’Il a prescrit pour sa protection. Aussitôt après le déluge, Dieu institue le ministère de la justice. L’objectif unique de cette institution est la préservation de la valeur de la vie humaine. La peine de mort est la sentence que mérite tout homme qui verse le sang de son prochain.
« Votre sang, qui est votre vie, j’en demanderai compte. J’en demanderai compte à tout animal qui aura tué un homme, comme à un homme qui aura tué son semblable. Je demanderai compte de la vie de l’homme. Celui qui répand le sang de l’homme, c’est par l’homme que son sang doit être répandu. Car l’homme a été fait à la ressemblance de Dieu : Genèse 9,5 et 6
Le premier malheur de ce monde n’est-il pas dans le fait que nous avons perdu le sens élevé de la valeur que le Créateur a donné à la vie humaine, devenue matière marchande, outil de production, amas de cellules dont on peut disposer comme il nous plaît ! Béni soit Dieu pour la valeur que j’ai pour Lui !
Suite semaine prochaine
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus