Troy Davis
Rien n’y a fait. Ni l’ultime recours de ses avocats, ni la mobilisation des comités de soutien, ni les protestations des autorités de nombreux pays. Troy Davis, condamné à mort pour meurtre du policier Mark Mc Phail, 27 ans, en 1991 dans l’Etat de Georgie, a été exécuté ce mercredi, en présence de la famille de la victime. Acte de justice pour les uns, procédé indigne d’une nation moderne pour les autres, la peine de mort, en tant que sentence exécutive de la condamnation d’un crime, continue à diviser. Au-delà de l’émotion que la mort d’un homme peut susciter, que dire du principe ? Sur quoi repose-t-il, quels fondements moraux ? Que dit la Bible sur le sujet ?
Peine de mort et Bible
C’est Dieu qui, le premier, après le déluge, forme de peine de mort globale, l'institua comme rétribution au crime. Cette mesure, prise directement après l’élimination quasi totale de l’humanité à cause du degré inouï de violence et de perversion qu’elle avait atteint en peu de siècles, est clairement dans la pensée de Dieu une mesure de protection. Le monde précédant Noé n’avait pour garde-fou que la crainte de Dieu. Manifestement, ce seul frein ne suffisait plus. Dieu va changer les choses. Deux mesures vont être prises. La première consistera à limiter le nombre d’années de la vie des hommes. De 900 ans et plus qu’elle pouvait atteindre, elle ne dépassera plus désormais les 120 ans : Genèse 6,3. Seconde mesure : il va charger une juridiction humaine de porter l’épée pour lui et d’exercer en son nom sa vengeance contre le crime. « Sachez-le, dit Dieu, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à tout animal ; et je redemanderai l’âme de l’homme à l’homme, à l’homme qui est son frère. Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car Dieu a fait l’homme à son image : Genèse 9,8. » Le but est clair : la peine de mort a pour objet d’inspirer la crainte,. Elle est une mesure dissuasive, mais pas uniquement !
Dieu a fait l’homme à son image ! Mis à part l’aspect préventif et protecteur, la peine de mort se justifie pour une autre raison liée à la dignité de l’homme. Si l’homme est libre de tuer l’animal pour se nourrir, il ne peut agir avec la même liberté à l’égard de son prochain. L’homme est une création d’un ordre supérieur. Il est l’objet d’un dessein élevé. Il possède une identité hors du commun : il est l’image de Dieu. A cause de la valeur qu’a l’homme pour Dieu, le tuer revient, d’une certaine manière, à porter atteinte à ce qui, aux yeux de Dieu, porte la marque la plus élevée du sacré. C’est un crime d’une gravité exceptionnelle qui ne saurait rester impuni, et qui mérite le châtiment le plus sévère.
Institué pour punir les crimes de sang, la peine de mort va être étendue, avec la loi de Moïse, à tous les délits qui foulent d’une manière ou d’autre ce caractère intrinsèque de la dignité de l’homme :
- Celui qui frappera son père ou sa mère sera puni de mort : Exode 21,15. Celui qui maudira son père et sa mère sera puni de mort : Exode 21,17. Le non-respect des parents équivaut aux yeux de Dieu à un crime. Car c’est ici la cellule de base de la société que Dieu protège. Et toucher à cette cellule, c’est détruire le fondement même de l’unité et de la cohésion de l’humanité.»
- Celui qui dérobera un homme, et qui l’aura vendu ou retenu entre ses mains, sera puni de mort : Exode 21,16. C’est ici la traite des esclaves, le rapt, l’enlèvement, le commerce humain en général, qui sont sanctionnés. Jamais qui que ce soit comme humain ne doit être dégradé au point d’être ravalé au stade de la marchandise.
- Quiconque couche avec une bête sera puni de mort : Exode 22,19. C’est ici la perversion dans sa forme la plus dépravée qui est sanctionnée. Non, même en privé, l’homme et la femme ne sont pas libres d’adopter le comportement sexuel qui leur convient. Dieu a fait la sexualité pour un but précis. Elle est un plaisir qui se vit entre un homme et une femme, dans le cadre d’un pacte de fidélité mutuelle. Il y a aussi pour Dieu dans ce domaine des limites à la transgression et à l’abominable.
Nombre d’autres crimes ou délits sont sanctionnés dans la loi par cette même sentence : le sacrifice d’enfants à des divinités : Lévitique 20,2, l’inceste : Lévitique 20,11-12, l’homosexualité : Lévitique 20,13, le viol : Deutéronome 22,25-26…
Conclusion :
En première partie de cette réflexion, nous pouvons tirer des textes bibliques plusieurs conclusions quant à la justification divine de l’application de la peine de mort :
1. La peine de mort ne serait pas nécessaire si l’homme n’était pas si mauvais. Ce sont les excès terribles auxquels l’homme se livre dans sa folie qui ont contraint Dieu, contre son gré, à une mesure si radicale. « Vraiment, moi, je ne prends pas plaisir à voir mourir qui que ce soit, dit Dieu. Convertissez-vous et vivez ! : Ezéchiel 18,32. De même que le divorce ne serait pas nécessaire si les couples mariés savaient s’aimer et se réconcilier, la peine de mort n’existerait pas si l’homme n’était pas aussi méchant dans ses actes envers son prochain.
2. Contrairement à ce que certains de ses opposants pourraient dire, la peine de mort met en valeur le grand prix que Dieu attache à la vie humaine. Dans notre société ou le sens du sacré a disparu, une telle logique paraît à contre-courant. Dieu considère cependant que certains crimes sont si abominables que leurs auteurs ne méritent plus de poursuivre leurs vies ici-bas.
Nous avons vu ici le fondement juridique de la peine de mort. Pour autant la pensée biblique sur le sujet ne s’arrête pas là. Nous verrons la prochaine fois, à le lumière de la venue de Jésus, quels éclairages nouveaux elle apporte sur le sujet !
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