Nous avons vu dans le billet précédent quel portrait les Evangiles font de Marie, la mère de Jésus. Nous avons découvert en Marie une femme simple, humble, prête au moment où Dieu se révéla à elle à entrer dans son projet. Nous avons aussi découvert au fil du temps les attitudes fluctuantes de Marie à l’égard de Jésus. Tantôt elle se montre à l’unisson avec Jésus, tantôt en pleine opposition. Marie nous est proche en ce qu’elle révèle dans son comportement bien des traits de caractère de la faiblesse humaine. Elle est pour nous la démonstration même que, bien que choisie par Dieu, ce n’est que lorsque nous sommes sous l’éclairage de l’Esprit de Dieu que nous comprenons les choses qui émanent de Lui. Equipée de sa seule intelligence, Marie ne pouvait comprendre Jésus. Il ne pouvait être pour elle, comme pour tous ceux qui veulent l’approcher sur cette base, qu’un mystère, voire une folie.
Alors que le portrait que nous avons de Marie par les Evangiles est le seul qui soit sûr, la tradition catholique a élevé Marie à des hauteurs de sainteté inimaginables. D’où vient cet écart flagrant entre la description si sobre et humaine de Marie dans les Evangiles et celle présentée à la foi des croyants de cette église ?
Genèse du culte de la Mère et de l’enfant
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le catholicisme qui, le premier, a introduit le culte de la Mère et de l’enfant. On en trouve en effet, sous des noms différents, la trace dans presque toutes les grandes civilisations antérieures au christianisme. Dans leur religion populaire, les Babyloniens adoraient par-dessus tout une
mère déesse et son fils, représenté dans les tableaux et par des statues comme un petit enfant dans les bras de sa mère. De Babylone, le culte de la Mère et de l’Enfant se répandit jusqu’au bout du monde. En Egypte, la Mè
re et l’Enfant étaient adorés sous les noms d’Isis et d’Osiris. Dans l’Inde, même aujourd’hui, sous les noms d’Isi et Iswara. En Asie, c’est Cybèle et Deoius. Dans la Rome païenne, la Fortune et Jupiter Puer, ou Jupiter l’enfant. En Grèce, Cérès la grande Mère avec un nourrisson au sein, ou Irène, la déesse de la paix, avec l’enfant Plutus dans les bras. Même au Tibet, au Japon, en Chine, les missionnaires jésuites ont été surpris de trouver la contre-partie de la Madone et son enfant adorés aussi dévotement que dans la Rome papale. Shing Moo, la Sainte Mère des chinois était représentée avec un enfant dans les bras, entourée d’une gloire identique à celle qu’un artiste catholique romain rend à Marie.
Ce n’est pas pour rien que les historiens font remonter l’origine de ce culte à Babylone. En effet, c’est ici au temps de Nimrod, premier roi babylonien, que ce culte apparaît. Nimrod (ou Ninus) avait pour épouse Sémiramis. Or, la tradition rapporte que c’est elle qui eut la gloire de terminer les fortifications de Babylone, après que son mari soit sans doute décédé. Nimrod divinisé, son épouse le fut aussi. Sémiramis la première, comme Diane plus tard, fut adorée comme la Mère de tous les dieux. Sous ce nom, la déesse reine de Babylone devint presque un objet d’adoration universelle. La mère des dieux était adorée par les Perses, les Syriens, tous les rois d’Europe et d’Asie, avec les marques de la plus profonde vénération. Hérodote déclare même qu’en Egypte cette reine des cieux était la plus grande des divinités et celle qu’on adorait le plus.
Si la Mère représente Sémiramis, qui est l'enfant ? Il y a là une énigme qui n'a pas manqué, pendant longtemps, d'embarrasser les spécialistes de l'histoire ancienne. Car le fils que porte Sémiramis paraît avoir été son mari Nimrod (appelé aussi Ninus : le Fils), autrement dit le Père. Sémiramis est bien donc la Mère des dieux. Cette confusion de rapports entre la Mère, l'Epoux et le Fils se retrouve également dans la relation entre Isis et Osiris en Egypte, Osiris étant à la fois lui aussi époux et fils. Si Sémiramis porte l'Enfant, la signification est claire : elle atteste que, bien que mère, c'est du fils qu'elle tient toute sa gloire et tous ses titres à la déification. Etrange parallèle avec Marie, comme le montrera la suite de l'article.
Partout où le culte de la Mère déesse et de l'Enfant fut introduit, il exerça une fascination vraiment inouïe. Les Juifs même, au temps de Jérémie, furent si enivrés par ce culte que le prophète les prévint qu’il sera l’une des causes majeures de la colère de Dieu qui va se déverser sur le pays. A ses avertissements, sévères, le peuple répondra : " Nous ne t’obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom de l’Eternel, mais nous voulons agir comme l’a déclaré notre bouche, offrir de l’encens à la reine des cieux et lui faire des libations, comme nous l’avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem : Jérémie 44,15 ,à 17.
Marie, reine du ciel : la Sémiramis ancienne
Si l’on doute de cette affirmation, il suffit pour s’en convaincre de lire les textes même du Concile Œcuménique Vatican II. Voici, parmi d’autres énormités d’erreur sur le plan biblique, quelques affirmations tirées des déclarations faites à ce sujet :
"La
Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à Son Fils, Seigneur des seigneurs… La bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Eglise sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ. " Il faudra encore m’expliquer comment ce tour de passe-passe peut être réussi… Comment Marie peut être médiatrice sans que cela ne porte atteint à l’unique Médiateur qu’est le Christ entre les hommes et Dieu. Si nous n’avions pas ici la preuve d’une théologie jésuite…
Chronologie
Quoi que disent les écrits de Vatican II, Marie n’occupa pas, de loin, dès le début du christianisme la place qu’on lui donne aujourd’hui. Ce n’est que progressivement que ce culte s’éleva au point d’obscurcir celui rendu au Christ (il suffit de se rendre le 15 août, comme je l’ai fait à Poitiers en ce jour, dans une église catholique, pour voir les litanies incessantes adressées à Marie pour le salut des hommes).
Repères chronologiques :
- An 374 : Première mention dans une des lettres de l’évêque de Salamine, écrites pour s’opposer aux hérésies, de " Sainte Marie, la toujours vierge…
- An 392 : le pape Sirice écrit à Anysius de Thessalonique qui croyait que Marie avait eu d’autres enfants après Jésus : Jamais le Seigneur n’aurait choisi de naître d’une Vierge, s’il avait jugé qu’elle serait si peu continente qu’elle souillerait par la semence d’une union humaine ce lieu d’où naîtrait le corps du sauveur, ce palais du roi éternel. " Il faut ici rappeler que, pour entrer à Jérusalem, Jésus était assis sur un âne. Il n’a pas estimé ce siège trop inconvenant pour lui. Dire ce que ce pape dit induit que jamais plus l’âne utilisé par Jésus n’aura été ensuite monté par quiconque. En quoi, de plus, la relation sexuelle entre Joseph, l'époux légal et fidèle de Marie serait-elle une relation impure ! ! ! !
- An 430 : Cyrille, évêque d’Alexandrie, prononce un anathème contre Nestorius, prêtre d’Antioche, parce qu’il refuse de donner à Marie le titre de Mère de Dieu.
- An 449, le pape Léon 1er expose le fait que " le Fils éternel d’un Père éternel a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge mère, qui enfanta sans perdre sa virginité, comme elle avait conçu sans perdre sa virginité
- An 451, le concile de Chalcédoine définit le dogme des deux natures du Christ : " engendré du Père selon la divinité et… né de Marie, la Vierge, mère de Dieu, selon l’humanité. "
- An 1477 : le pape Sixte IV énonce le témoignage officiel de l’église catholique au sujet de " l’Immaculée Conception " : Lorsque nous scrutons, en recherchant avec une dévote considération, les marques insurpassables des mérites grâce auxquels la reine des cieux, la glorieuse Marie mère de Dieu, portée dans les hauteurs du ciel, resplendit parmi les astres comme l’étoile du matin (un titre biblique pour Jésus)… nous jugeons qu’il est digne, ou plutôt qu’il est dû, d’inviter les fidèles du Christ… à rendre grâce et louanges au Dieu tout-puissant pour l’admirable conception de la Vierge immaculée. Le dogme sera définitivement établi en 1854 par le pape Pie IX
- An 1891 : le pape Léon XII précise le rôle de Marie dans le plan du salut : " Absolument rien de cet immense trésor de toute grâce apportée par le Seigneur, rien ne nous est distribué, de par la volonté de Dieu, sinon par Marie. Comme on ne peut arriver au souverain Père que par le Fils, ainsi en quelque façon, on ne peut arriver au Christ que par sa mère." "On se demande pourquoi Jésus n’a cessé de dire : Venez à moi… Je suis le chemin…
- An 1904 : Jubilé du dogme de l’Immaculée Conception : déclaration du pape Pie X : " Marie mérite largement de devenir la réparatrice de l’humanité déchue, et partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par sa mort et par son sang. "
- An 1950 : le pape Pie XII définit le dogme de l’Assomption de Marie, par lequel il dit avoir reçu révélation du fait que le corps de Marie, préservé de la corruption de la mort, a été élevé, ainsi que son âme, à la gloire céleste
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An 1983 :
Jean-Paul II, ardent et chaud pèlerin de la dévotion mariale, récapitule ce qu’est Marie pour la foi catholique : " Marie est mère de Dieu, des hommes, de l’Eglise, de la paix, de l’espérance, des prêtres, du bel amour, de la grâce divine, de tous les chrétiens, du Verbe éternel, de l’unité, du bon conseil, des fils de Dieu, des rachetés, de toutes nos routes terrestres, de la miséricorde, dans l’ordre de la grâce, des imitateurs de Jésus, de Jasna Gora… elle est aussi médiatrice auprès du Médiateur, sommet et soleil de la rédemption, route du Christ et de son Eglise, épouse du Saint-Esprit, siège de la sagesse, archétype de l’E
glise, étoile de l’évangélisation, étoile du matin, première des rachetés, femme nouvelle, dame du message de Fatima, fille sublime de Sion, héritière de la spiritualité sapientiale d’Israël, plus parfaite disciple du Christ, éducatrice de la foi, collaboratrice de Dieu dans la nouvelle alliance, avocate et protectrice, type de l’Eglise victorieuse, signe et anticipation des biens futurs dans la vie terrestre, patronne du Mexique et de l’Amérique centrale, reine de la Pologne, de la paix, des apôtres, du ciel, de tous les saints… " " Vous devez annoncer Christ qui est son Fils ? Qui, mieux que sa mère, vous transmettra la vérité sur lui ? (lettre aux évêques, 1979)… Tout par Marie ! Telle est l’interprétation authentique de la présence de la mère de Dieu dans le mystère de Christ et de l’Eglise (Homélie de Jasna Gora, Pologne 1979)
Conclusion :
Je ne peux terminer ce billet sans avertir tous les adorateurs de Marie de la grave offense qu’il porte à Jésus, le Fils de Dieu, dont la mort sur la croix suffit à elle seule pour nous réconcilier avec Dieu le Père. Comme il a été démontré, le culte de la Mère et de l'Enfant n'a rien à voir avec le culte que Dieu veut qu'on lui rende. Il se trouve même être le culte le plus opposé à celui-ci dans l'Ancien Testament, celui pour lequel la colère de Dieu s'est manifestée à plusieurs reprises contre le peuple juif, Son peuple. Il n’y a aucun verset de la Bible qui nous encourage à passer par un autre chemin que Jésus pour aller à Dieu. Car Lui seul possède la double nature qui fait de Lui le Médiateur qualifié entre Dieu et l'homme. Le
culte marial est, par conséquent, un pur produit du père du mensonge, Satan, dont l'unique intérêt est de nous détourner du Christ-Jésus pour priver notre âme de salut.
Sources :
Les deux Babylone d’Alexandre Hislop : Librairie Fischbacher
Le Concile Œcuménique Vatican II : Editions du centurion
Marie, servante du Seigneur d’Henri Gras : Edition la Maison de la Bible
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus