Le père de Calvin voulut que son fils Jean étudie le droit. Calvin se rendit donc à Orléans qui se targuait d’une université célèbre : Erasme y a enseigné les lettres classiques et Reuchlin l’hébreu. A l’heure où s’y rend Calvin, le célèbre juriste Pierre de l’Etoile y enseigne. A Orléans, Calvin se lie d’amitié avec plusieurs personnes de la ville : le jeune Duchemin, et l’érudit François Daniel, qui lui restera attaché par une amitié solide, même quand la question religieuse les séparera. Avec eux, il étudie parfois les Ecritures.. Il profita tellement en peu de temps, déclare Théodore de Bèze, qu’on ne le tenait pas pour " escolier ", mais comme l’un des docteurs ordinaires ! Cette supériorité lui valut un honneur aussi rare au XVIème siècle que de nos jours : on lui offrit le diplôme de Docteur. Ce ne fut pas seulement ses maîtres qui lui manifestèrent leur estime. Ses compagnons aussi qui l’éliront plus tard " Procureur de la nation de Picardie " pour les représenter !
Bourges
Appelé par son père malade, Calvin retourne à Noyon pour le soigner avec dévouement. Son état s’améliorant, il repart et s’installe cette fois-ci à Bourges avec d’autres étudiants. Nous sommes en 1529. Là, il y fait la connaissance d’une lumière du droit arrivée depuis peu d’Italie, un homme dont la réputation est européenne : Andrea Alciati. Bien que guère sympathique, l’Italien va ouvrir par son enseignement de nouvelles perspectives culturelles à ses élèves, à qui il inculque le goût de la science humaniste et une conception moderne du droit.
A Bourges, Calvin commence l’étude du grec avec un allemand luthérien, Melchior Wolmar. Or Wolmar est luthérien. Nous ne savons pas jusqu’à quel point Wolmar a partagé ses convictions religieuses avec Calvin. Ce que l’on sait cependant est que, lui comme Olivétan, le cousin de Calvin, seront expulsés de l’université d’Orléans pour leurs convictions évangéliques.
En ce temps-là, Calvin allait souvent prêcher en quelques localités des environs. Il poussait jusqu’à Asnières ou jusqu’à Lignères, où le seigneur local appréciait fort ses messages. Puis il rentrait à Bourges. Là, après un frugal repas, il se plongeait à nouveau dans l’étude, à moins qu’on ne l’attendit en quelque famille où on le recevait avec beaucoup d’amitié. Pendant qu’il était à Bourges survint la mort de son père qui l’obligea à se rendre à Noyon pour la succession à régler. Désormais libre de choisir lui-même son destin, Calvin, âgé de 24 ans, se rend à paris. Nous sommes le 14 février 1532.
Paris
Plusieurs de ses amis, le voyant arriver, offrent de le recevoir. Calvin refuse : il va loger au College Fortet qui, curieusement, deviendra le siège de " la Sainte Ligue " qui persécutera sur Paris les adeptes de la Réforme. Ne s’intéressant pas aux lois et aux procès, mais au latin et au grec, Calvin assiste au cours du Collège de France, l’institut universitaire qui est en passe de supplanter la Sorbonne. Là, il entre en relation avec des érudits jeunes et moins jeunes, des libraires et des professeurs. Il se lie en particulier d’amitié avec Nicolas Cop, fils du médecin de la Cour, qui fait lui aussi une brillante carrière dans les études humanistes.
A cette période, Calvin manifeste un engagement spirituel de plus en plus marqué. Il se joint aux assemblées secrètes qui se tenaient sur la rive gauche en quelque maison de la rue des Marais. Toutes ces maisons communiquaient les unes avec les autres, ce qui permettait d’échapper aux poursuites le cas échéant. C’est à cette époque aussi que Calvin publiera son premier ouvrage, un commentaire du livre " De la Clémence " du philosophe latin Sénèque. Il s’agissait en fait d’un essai politique adressé au roi de l’époque, François 1er, persécuteur des partisans des doctrines luthériennes, essai dans lequel le jeune Calvin faisait ce que le philosophe fit en son temps pour son élève Néron : lui donner des conseils pour gouverner sagement.. L’ouvrage de Calvin révèle un côté important de sa personne : Calvin ne s’intéresse pas seulement à la littérature, à la poésie ou à la philosophie, mais aussi à la politique : un intérêt qui va l’accompagner sa vie durant !
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus