Dans le monde sans en être…
L’Eglise chrétienne vit sa
propre vie au milieu du monde et, par tout son être, par toute son action, rend
à chaque instant témoignage de ce fait que « la
figure de ce monde passe », que le temps est court, et le Seigneur
proche. Cela la remplit de la joie la plus intense. Le monde devient trop petit pour elle. Elle marche encore dans la
chair, mais son regard est dirigé vers les cieux d’où reviendra celui qu’elle
attend.
Ici, en pays étranger, elle est
comme une colonie loin de la patrie, une communauté d’exilés qui profite de l’hospitalité
du pays dans lequel elle vit, qui obéit à la loi de ce pays et en respecte l’autorité.
Elle use avec reconnaissance de ce qui fait partie des besoins du corps et de
la vie, en toutes choses elle se montre honnête, juste, pure, douce, tranquille
et prête à servir. A tous les hommes, elle manifeste l’amour de son Seigneur « et surtout envers les frères dans la
foi ».
Elle est patiente et joyeuse
dans la souffrance, et se fait gloire de l’affliction. Elle vit sa vie propre
sous une autorité et une juridiction étrangères. Elle prie pour toute autorité
et, ce faisant, elle lui rend le plus beau des services. Mais elle n’est là que
comme en passant. A chaque instant peut retentir le signal donnant l’ordre de
poursuivre la marche. Alors, elle plie bagage, et abandonne toue amitié, toute
parenté de ce monde pour suivre uniquement la voix qui a lancé l’appel. Elle abandonne
le pays étranger, et fait route vers sa patrie, le ciel.
Le sel de la terre
Ils sont pauvres, affligés,
affamés et altérés, débonnaires et miséricordieux, pacifiques, persécutés et
outragés dans le monde, et, pourtant, c’est à cause d’eux seuls que le monde
est maintenu encore. Ils préservent le monde du jugement et de la colère de
Dieu. Ils souffrent pour que le monde puisse encore vivre sous le régime de la
patience divine. Ils cherchent les choses qui sont en haut etnon celles qui
sont sur la terre.
Car leur véritable vie n’a pas
encore été manifestée, elle est encore cachée avec le Christ en Dieu. Ils ont
là devant les yeux le reflet de ce qu’ils seront. Ici, seule leur mort
apparaît, leur mort secrète et quotidienne au vieil homme, et leur mort
publique devant le monde. De même, ils sont encore cachés à leurs propres yeux.
La main gauche ne sait ce que fait la main droite. C’est précisément en tant qu’Eglise
visible qu’ils se demeurent totalement inconnus à eux-mêmes. Ils ne regardent
qu’à leur Seigneur. Lui est au ciel, en lui se trouve la vie qu’ils attendent. Mais
lorsque le Christ, leur vie, paraîtra, eux aussi paraitront avec lui dans la
gloire.
Une gloire cachée bientôt
visible
« Ils avancent sur terre
et vivent aux cieux. Ils sont sans force et protègent le monde. ils goûtent la
paix au milieu du tumulte. Ils sont pauvres et ont pourtant ce qui leur plaît.
Ils sont dans la souffrance et demeurent dans la joie. Ils semblent morts aux
sens extérieurs et vivent intérieurement la vie de la foi. Lorsque le Christ,
leur vie, paraîtra, lorsqu’un jour il se présentera dans la gloire, avec lui,
princes de la terre, ils paraîtront aussi, glorieusement, à l’étonnement du
monde. Ils régneront, triompheront. Tels de somptueux luminaires, ils orneront
les cieux. Alors on pourra ressentir la joie révélée.[1] »
C’est l’Eglise de ceux qui ont
été appelés, l’ecclesia, le corps du
Christ sur terre, ceux qui suivent la voie de l’obéissance à Jésus, ses
disciples.
Tiré de « le prix de la
grâce » : Dietrich Bonhoeffer
Visitez : www.gillesgeorgel.net/
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