samedi 16 juin 2012

Europe, où vas-tu ? (1)

Le choix primitif de l’Europe

C’est à l’évidence Dieu qui a choisi l’Europe plutôt que l’Asie pour que l’Evangile s’y implante. L’apôtre Paul, qui se proposait d’aller en Asie, vit se fermer la porte devant lui. La vision surnaturelle d’un Macédonien qui faisait appel à lui, l’orienta définitivement vers l’Europe : Actes 16,6 à 15.
Cet aiguillage imposé aboutit au fait que l’Europe devint le pôle fondamental autour duquel s’articule l’histoire des nations depuis deux millénaires. Le christianisme prit essor en Europe alors qu’il disparut presque partout ailleurs, y compris dans les régions du monde qui l’avaient reçu avant lui. Une place particulière est donc assignée à l’Europe dans l’histoire.

Les 5 unifications historiques de l’Europe

Au cours de sa longue existence, l’Europe a déjà été unifiée à 5 reprises. Ces 5 unifications ont évidemment revêtu des extensions territoriales, des natures et des formes différentes. Elles ont eu pour théâtre l’Empire romain, l’Empire de Charlemagne, le Saint Empire romain germanique sous Charles Quint, l’Empire napoléonien et finalement le IIIème Reich. L’intégration européenne de notre temps constitue la 6ème tentative d’unification du Vieux Continent.
L’Europe d’aujourd’hui trouve son origine institutionnelle dans le Traité de Rome, signé le 25 mars 1957. Il a donné naissance à la CEE (Communauté économique européenne), dont est issu l’UE (L’Union Européenne). L’UE compte aujourd’hui 27 états membres. Le 1er janvier 2002, 15 états de l’UE ont perdu une part importante de leur souveraineté par la création d’une monnaie unique : l’euro. Avec la nouvelle Constitution européenne, la politique étrangère des Etats perd de plus en plus son autonomie au profit d’une politique étrangère européenne globale.

Le sens de l’Histoire

Le christianisme biblique révèle très clairement un sens de l’Histoire. Nous croyons, en tant que chrétiens, que l’élan actuel pour une intégration européenne des états qui composent l’Europe en fait partie. L’intégration est irréversible. Elle n’est pas une fatalité, mais les mentalités collectives actuelles ainsi que l’évolution de l’économie, de la politique, de la science des technologies ne peuvent qu’y conduire. « Certes, nous restons libres de choisir, écrivait, il y a 22 ans, Jean-Claude Casanova, éditorialiste à l’Express… Mais l’issue est si évidente aujourd’hui que l’on peut dire que notre liberté n’est que la conscience de sa nécessité. »

Les risques totalitaires en Europe

Le totalitarisme procède de la convergence de trois phénomènes fondamentaux clairement présents dans l’Europe contemporaine :

1.       Le développement de structures  qui lui sont favorables

La démocratie et les libertés individuelles ne se décrètent pas. Elles forment un régime politique ultimement issu du christianisme et de la Réforme. La démocratie et les libertés individuelles ne peuvent être maintenues qu’accompagnées d’importantes conditions protectrices telles que l’existence d’Etats-nations, la limitation du pouvoir étatique, la propriété privée, la liberté économique, le secret bancaire, le pluralisme et l’absence de surveillance électronique excessive des personnes. Or, en Europe, quelques-unes de ces conditions protectrices de la démocratie et des libertés individuelles sont en train de s’effriter dangereusement.

2.       La désagrégation de l’Etat-nation

Parmi les digues protectrices de la démocratie et des libertés individuelles, l’Etat-nation est aujourd’hui l’une des plus menacée en Europe. Ce phénomène est inquiétant. L’existence de nations, séparées les unes des autres principalement par les langues, procède de la volonté de la grâce commune et du dessein historique de Dieu. Elles ont été instituées pour entraver la formation d’un empire universel qui serait par essence totalitaire : voir Genèse 11,1 à 9. La division du monde en Etats-nations représente bien un principe de division salvateur, pour le temps et non pour l’éternité, en vue de préserver l’humanité des totalitarismes planétaires. La nature humaine étant ce qu’elle est, les mouvements trop unificateurs sont toujours tyranniques. Il n’y a pas de démocratie durable sans diversité protégée par des institutions substantiellement souveraines, distinctes les unes des autres. « Je suis convaincu, disait Goebbels en 1942 que dans 50 ans, les gens ne penseront plus en terme de pays. » Il ne s’est guère trompé !

3.       L’effritement d’autres écrans protecteurs des libertés individuelles


La plupart de ces écrans ne disparaissent pas qu’en Europe, mais dans le monde entier. L’extension technologique et spatiale rapide rend le contrôle des activités et des pensées humaines de plus en plus effectif. Toutes les tendances vont vers  l’affaiblissement de l’autonomie matérielle et spirituelle des individus. Le remplacement des billets de banque par des cartes bancaires comme moyen de paiement va dans le sens de la prophétie biblique apocalyptique sur le contrôle économique global exercé par la bête : Apocalypse 13,16-17. Toutes les évolutions montrent que les écrans protecteurs des libertés individuelles tels que la distance, la possibilité d’échapper à un œil inquisiteur et l’inviolabilité de la sphère privée régressent fortement depuis 25 ans. La possibilité, et plus encore, l’effectivité d’une surveillance électronique mondiale des personnes apparaissent dès lors comme un coup très grave porté à la pérennité des libertés individuelles qui ont fait la grandeur et la spécificité des démocraties occidentales.

Orientation

Tous les totalitarismes modernes de réfèrent à une conception du monde, une idéologie. Le totalitarisme soviétique s’inspira du marxisme, le totalitarisme nazi du racisme. Evidemment, ces idéologies apparaissent et se développent dans les sociétés libres avant que ces dernières ne deviennent totalitaires. Quelle idéologie, déjà présente dans notre Europe encore substantiellement démocratique, pourrait-elle bien constituer le noyau d’un futur totalitarisme européen ? Beaucoup d’experts et d’esprits lucides la discernent dans « la pensée unique ». Cette pensée unique, de plus en plus contraignante, paraît s’articuler autour des aspirations, des croyances, des mythes, des attitudes et des valeurs qui suivent.

Suite au prochain billet

Tiré et adapté d’un article de J-P Graber, docteur ès sciences politiques, auteur de la thèse intitulée « Les Périls totalitaires en Occident » (La Pensée universelle : 1983). Paru dans le magazine Promesses en 2007. Avec autorisation.

Visitez : www.gillesgeorgel.com/

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