La source historique de la pensée unique
Dans le précédent billet, nous
nous posions la question de savoir où va l’Europe. Plus que jamais, avons-nous
constaté, l’Europe est exposé au danger du totalitarisme. L’idéologie émergente
qui le sous-tend semble être celle de la pensée unique. La pensée unique, ainsi
que la plupart de ses composantes, trouve sa source historique principalement
dans la philosophie des Lumières. Cette dernière est essentiellement fondée sur
la raison, saluée comme la faculté suprême de l’homme. L’indépendance de l’homme
vis-à-vis du Dieu créateur constitue le cœur de l’humanisme issu des Lumières. Jean Brun, philosophe chrétien, a essayé dans ses ouvrages d’en décrire le drame :
« Le drame est que ce nouveau dieu (l’homme) décide, en tant que dieu, que
tout lui est permis, puisque rien ne saurait se trouver au-dessus de lui, et qu’il
est le libre créateur de normes toujours en devenir. On ne peut donc lui parler
de Mal, non seulement parce que tout « a droit » à la différence,
mais parce que le Mal doit être angélisé et perçu comme un facteur de progrès. »
Nul, mieux que Nietzsche, a anticipé les conséquences
inéluctables de ce remplacement de Dieu par l’homme. « Le plus grand des
événements récents, dit-il – la « mort de Dieu », le fait, autrement
dit, que la foi dans le dieu chrétien a été dépouillée de sa plausibilité –
commence déjà à jeter ses premières ombres sur l’Europe… Tout va s’effondrer
maintenant que se trouve minée cette foi qui était la base, l’appui, le sol
nourricier de tant de choses : toute la morale européenne entre autres
détails. Nous devons désormais nous attendre à une longue suite, à une longue
abondance de démolitions, de destructions, de ruines et de bouleversements. »
La preuve de ce qu’a annoncé Nietzsche se trouve aujourd’hui sous nos yeux. Les
implications du refoulement et de l’évacuation de Dieu sont évidentes et
dramatiques. Elles n’en finissent pas de corroder les piliers de la
civilisation occidentale et, plus particulièrement, de l’Europe.
Le totalitarisme européen à la lumière des prophéties
bibliques
Nos sociétés gagnées par l’anarchie morale et par la
confusion des valeurs montrent à l’évidence que leur désintégration s’accélère.
Il n’est peut-être plus éloigné le temps où l’on pourra dire de l’Europe
entière ce que Machiavel disait de l’Italie : « A bout de souffle,
elle attend celui qui pourra guérir ses blessures… la voilà prête à suivre un
drapeau, pourvu qu’il se trouve quelqu’un qui veuille le saisir. »
Sans ambiguïté aucune, la Bible proclame que l’Histoire de l’humanité,
entendue au sens du concept « temps des nations », prendra fin dans
le cadre d’un régime politique totalitaire universel. Dans le livre de l’Apocalypse,
on peut lire que « remplie d’admiration, la terre entière suivit la bête :
Apocalypse 13,3." Est mise en relief la séduction qu’exercera le dernier grand
dictateur de l’Histoire sur les masses. L’Ecriture souligne ensuite le
caractère mondial de cette emprise profondément funeste : « Il fut
donné à la bête autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute
nation : Apocalypse 13,7. Plus loin encore, l’apôtre Jean écrit : La
bête fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves,
reçoivent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne
puisse acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre
de son nom : Apocalypse 13,16-17.
Le dernier totalitarisme dont parlent les Ecritures
présentera, comme tous ceux qui l’ont précédé, une dimension historique, donc
spatiale. Il surgira d’un espace donné avant de s’étendre au monde entier. Il
trouvera sa genèse intellectuelle dans une culture dont tout donne à penser qu’elle
sera animée de ce que l’Ecriture appelle « l’apostasie », et « l’esprit
de l’Antichrist », expressions traduisant l’inversion du bien et du mal. L’Europe
représente, selon nous, le Continent le plus en osmose avec ce que l’on peut
qualifier « de culture de la fin des temps ». En dépit de la
puissance technologique, économique et militaire des Etats-Unis, en dépit de la
volonté farouche des islamistes les plus radicaux de mener une guerre contre la
chrétienté et les Juifs, c’est donc bien de l’Europe que risque de jaillir le
dernier totalitarisme, parce que c’est sa culture qui est le plus en adéquation
avec celle de la fin des temps.
Antisémitisme croissant
Si l’on retient l’un des plus grands schémas d’interprétation
des prophéties bibliques, il apparaît qu’à la fin des temps, le dernier
totalitarisme mondial témoignera d’une hostilité sans précédent à l’égard de
toute personne ou de toute pensée qui pourraient se réclamer du Dieu de
Jésus-Christ, mais aussi à l’égard du peuple d’Israël, progressivement restauré
dans son statut d’héritier de promesses spécifiques de l’alliance éternelle du
Dieu de l’Histoire. Or il est évident que les germes les plus virulents de
cette hostilité sont bien plus présents en Europe, dont 59% des habitants estiment
qu’Israël constitue la plus grande menace de paix du monde.
Le destin européen
De nombreux auteurs et hommes politiques assignent à l’unification
européenne le destin et le dessein de préfigurer et de préparer l’unification
du monde et l’avènement d’un gouvernement mondial. Denis de Rougemont, l’un des
pères de la construction européenne, a dit, qu’il nous « faut faire l’Europe,
parce qu’il faut faire le monde, et que seule l’Europe peut le faire. » En
1948, il disait déjà : « L’heure est venue de rallier pour ce nouveau
destin (l’Union européenne) tous les peuples du continent… en une fédération
qui sera le premier pas vers la fédération mondiale. » Il conclut sur ce
point par cette très forte affirmation : « Il n’y a pas de fédération
européenne imaginable qu’en vue d’une fédération mondiale. »
Le livre du prophète Daniel contient une fresque
exceptionnelle de l’histoire de l’humanité. Cette description grandiose de l’Histoire
nous apprend que le monde a été et sera dominé successivement par quatre grandes entités politiques : Babylone, les Mèdes et les Perses, la Grèce d’Alexandre
le Grand et l’Empire romain. Au sujet de l’Empire romain, l’Ecriture affirme qu’il
disparaîtra provisoirement pour laisser place à un temps d’évangélisation du
monde par l’Eglise. Il doit renaître à la fin des temps afin de servir de cadre
institutionnel à l’émergence du dernier totalitarisme féroce que connaîtra l’humanité :
celui de l’Antichrist, dictateur universel régnant sans partage sur le monde
entier. Cet Antichrist sera anéanti par le Christ lors de son avènement. C’est
alors que le Fils de Dieu établira son Royaume et régnera au nom de son Père
sur une humanité enfin délivrée du Mal. Pour toutes les raisons évoquées
ci-dessus, cet Empire romain renaissant pourrait bien être l’Europe en voie d’unification.
Tiré et adapté d’un article de J-P Graber, docteur ès
sciences politiques, auteur de la thèse intitulée « Les Périls totalitaires en Occident » (La Pensée
universelle : 1983). Paru dans le magazine Promesses en 2007. Avec
autorisation.
Visitez :
www.gillesgeorgel.com/
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