samedi 9 octobre 2010

Le Visage de Dieu

Un titre qui bouscule

Malgré ce titre sulfureux pour un ouvrage de vulgarisation scientifique – ou plutôt grâce à lui – Igor et Grichka Bogdanov ont fait à nouveau parler d’eux cet été. Recensions littéraires, série documentaire sur France 2,, invitations sur les plateaux, : la question des origines a été remise en débat sur la place publique. Six ans après Avant le big bang et trois ans après Nous ne sommes pas seuls dans l’univers, les jumeaux d’origine russe et aux multiples casquettes (scientifiques et fans de science-fiction, hommes de télé, littérateurs) ont repris à leur compte une déclaration enthousiaste de l’astrophysicien Georges Smoot découvrant les images prises seulement 380 000 ans – un clignement d’yeux – après le Big Bang.

Une thèse gênante

Cette manière de mettre Dieu sur les dernières découvertes qui nous amènent toujours plus près du mystère des origines (« le visage de Dieu » pour un rayonnement fossile ou « le doigt de Dieu » pour le boson de Higgs) a le don d’agacer les scientifiques purs et durs. Tout comme les frères Bogdanov ont le don d’agacer et de séduire. Leur parcours académique atypique, voire controversé, leur popularité (à l’opposé du rat de laboratoire) ou encore un manque d’originalité dans leurs travaux leurs sont couramment reprochés.

Mais ce sont de redoutables communicateurs et leur travail mérite l’attention des croyants parce qu’ils adressent à la communauté scientifique les mêmes reproches, tout en partant d’un point de vue différent. « A nos yeux, les scientifiques se comportent un peu comme les grands prêtres de l’Antiquité », disaient-ils en 2006, déjà en réponse à leurs détracteurs.

Leur théorie scientifique développée dans Le Visage de Dieu tient en deux points : variez la valeur relative des grandes constantes de l’univers et les conditions qui le régissent initialement, même de manière infime, et vous rendez la vie tout bonnement impossible ; donc, elles ne sont pas dues au hasard. Deuxièmement, le temps n’existe pas au-delà de l’univers – il en fait partie et est né avec lui. Igor et Grichka se situent donc dans le courant du Dessein Intelligent (DI), mais avec une approche scientifique, chose qu’on a dite impossible en France, où ce courant de pensée est systématiquement assimilé à une religion déguisée. Les Bogdanov, croyants ? « Nous sommes très prudents sur cette question qui concerne le Mystère. Notre Dieu, c’est celui d’Enstein. Mais tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science finiront un jour par comprendre qu’un esprit immensément supérieur se manifeste dans les lois de l’univers », ont déclaré les jumeaux sur le plateau de On n’est pas couché (voir vidéo).

L’information, réalité fondamentale

Les thèses qu’ils avancent sur l’origine de l’univers ressortent de la métaphysique, pour le cosmologiste de l’EPFL Sylvain Bréchet, membre du Réseau des scientifiques chrétiens. Les Bogdanov prétendent notamment que le cosmos dans ses premiers instants, serait apparu en tant que concentré d’information immatérielle qui aurait cédé la place à l’univers matériel. Cela ressemble étrangement aux premiers mots de l’Evangile de Jean : Au commencement était la Parole.

« L’ouvrage des Bogdanov tranche avec bonheur sur le dédain poli avec lequel le Dessein Intelligent est généralement traité en France, y compris parmi certains chrétiens évangéliques soucieux de se démarquer de tout créationnisme », analyse pour sa part Jean-Paul Dunand, traducteur en français d’un des tenants les plus connus du DI, Philipp Johnson. «Leur argumentation théiste est dans la ligne de nombreux autres mathématiciens contemporains. »

Article de Joël Fremond, tiré de Christianisme Aujourd’hui Octobre 2010


Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

1 commentaire:

Aurélien Lang a dit…

C'est intéressant de voir qu'il n'y a pas une si grande levée de bouclier contre la thèse des Bogdanoff en France. Le seul "scandale" autour de ce livre, ce sont les chiffres de ventes apparemment truqués des deux frères.