samedi 24 avril 2010

La chèvre de M Seguin (5)


Libre = enfin heureuse !

M Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre et à peine eut-il tourné, que la petite s’en alla…

Quand la chèvre arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieux sapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu’à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d’or s’ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu’ils pouvaient. Toute la montagne lui fit la fête.

Si notre chèvre était heureuse ! Plus de corde, plus de pieu… rien qui l’empêcha de gambader, de brouter à sa guise… C’est là qu’il y en avait de l’herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes… C’était bien autre chose que le gazon du clos !

La chèvre blanche, à moitié saoûle, se vautrait là-dedans les jambes en l’air et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées des châtaignes… Puis, tout à coup elle se redressait d’un bond sur ses pattes. Hop ! la voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d’un ravin, là-haut, en bas, partout…On aurait dit qu’il y avait dix chèvres de M. Seguin dans la montagne…

Une fois, s’avançant au bord d’un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes.

- Que c’est petit !dit-elle ; comment ai-je pu tenir là-dedans ?

Pauvrette ! De se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde…

L’euphorie du péché

La désobéissance, la transgression des interdits n’auraient aucun attrait si, dans un premier temps, elles ne procuraient aucune jouissance, aucune euphorie. Pour chacun de nous, dans quelque domaine que ce soit, le fait d’oser franchir le pas qui mène du terrain du bien, du convenu au territoire de l’illicite provoque une excitation due au sentiment de liberté tout neuf qui résulte de l’expérience.

« Enfin, pensons-nous comme la chèvre de M Seguin, je sors du domaine de l’étroit et de l’étriqué. Il y avait à deux pas de moi une telle abondance de plaisirs et l’on voulait m’en priver ! »

Parallèle biblique

Le sentiment éprouvé par la chèvre de M Seguin me rappelle celui vécu par le fils prodigue de l’histoire racontée par Jésus. Se sentant étouffé dans la ferme de son père, celui-ci lui demanda sa part d'héritage. Le père n'était pas mort, mais le fils pensait que vivre près de lui, c’était déjà être mort. Sans dire mot, il prit donc ses cliques et ses claques et quitta la maison… oubliant tout ce que le père avait fait jusqu’alors pour lui. C’est bien connu : nul n’est plus oublieux des bienfaits reçus des autres que celui qui ne pense qu’à lui-même !

Extrait du giron familial, le fils prodigue connut (enfin, c’est ce qu’il pensait) la vraie vie. Beuveries, coucheries avec des prostituées, sorties avec des amis d’un soir, tout n’était que griserie sur griserie. « Si déjà on est sur terre, pensait-il, pourquoi donc ne pas en profiter, brûler la chandelle par les deux bouts : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons : telle était sa devise ! »

La mort ne vint pas si vite ! Le lendemain s’avéra être, non pas l’entrée dans le repos éternel, mais celui de la gueule du bois… du porte-monnaie à sec… et de la disparition subite des amis éphémères de la veille….

Par quel bout de la lorgnette regardez-vous la réalité ?

Sans doute savez-vous ce qu’est une paire de jumelles. D’un côté, vous avez des lentilles grossissantes qui vous font voir la réalité des dizaines de fois plus grandes que ce qu’elle est. Si vous regardez par elles, c’est l’effet inverse qui se produit : la réalité est si petite qu’elle vous paraît éloignée de vous d’une distance qui ne vous permet plus de la toucher. Quoi qu’il en soit, quel que soit le côté par lequel vous regardez les choses, les jumelles déforment la réalité.

La liberté sans cadre est une paire de jumelles déformante. D’un côté, elle vous fait croire ce qui est faux. Elle vous fait goûter à une ivresse démesurée qui ne correspond en rien à la réalité. De l’autre, lorsque l’ivresse tombe, la réalité vous paraît soudainement si hors de portée qu’elle vous semble à jamais inaccessible.

La liberté est une arme à double tranchant qui, mal utilisée, finit toujours par blesser celui qui en fait mauvais usage. Est-ce votre cas ? Vous retrouvez-vous au bord de la route de la vie parce que vous vous êtes laissés séduire par les sirènes trompeuses de la liberté ?

La fin de l’histoire approche. Si celle de la chèvre de M Seguin est tragique, une autre issue est possible pour vous. Découvrez-la bientôt

Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

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