samedi 17 avril 2010

La chèvre de M. Seguin (4)

L’inconscience de la chèvre de M Seguin

M. Seguin s’apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était… Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois :

- Ecoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.

- Ah ! mon Dieu !… Elle aussi ! cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son écuelle ; puis, s’asseyant dans l’herbe à côté de sa chèvre :

- Comment, Blanquette, tu veux me quitter !

Et Blanquette répondit :

- Oui, monsieur Seguin.

- Est-ce que l’herbe te manque ici ?

- Oh ! non ! monsieur Seguin.

- Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j’allonge la corde ?

- Ce n’est pas la peine, monsieur Seguin.

- Alors, qu’est-ce qu’il te faut ? Qu’est-ce que tu veux ?

- Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.

- Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il y a le loup dans la montagne… Que feras-tu quand il viendra ?

- Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin.

- Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangé des biques autrement encornées que toi… Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l’an dernier ? Une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit… puis le matin, le loup l’a mangée.

La liberté qui mène à la mort !

S’il fallait l’identifier, qui soupçonnerait que ce soit dans le concept de la liberté que se trouve le plus grand danger d’aliénation et de mort pour l’homme ? La liberté n’est-ce pas la fin des entraves, l’envol vers le bien-être, l’épanouissement, l’accomplissement ? M. Seguin, qui sait très bien à quoi va aboutir, pour sa chèvre bien-aimée, cette aspiration à la liberté, a beau la prévenir : elle ne le croit pas et n’en démord pas !

Ils sont légion dans le monde ceux qui, à corps et à cris, se sont faits les apôtres de la libération de l’homme. Nous pouvons penser pêle-mêle aux marxistes, aux féministes, à la génération hippie, promotrice de la libération sexuelle… Que reste-t-il aujourd’hui des promesses dont se voulaient porteurs tous ces grand mouvements ? Le marxisme a-t-il produit une société libre, égalitaire ? Le féminisme, avec l’avortement comme revendication phare, a-t-il amélioré la cohésion du couple, de la famille, de la société ? La libération sexuelle, qui a banalisé la pornographie, le libre échangisme, a-t-elle produit une génération plus heureuse ?

Ils sont légion ceux et celles qui, ayant cru à ces mirages, gisent au bord de la route de la vie, amers, déçus, dépressifs, blessés… quand ce n’est pas morts, suicidés. La cause toute simple de ces lendemains qui déchantent n’est pas à chercher loin. Elle est dans l’oubli de ce dont M Seguin cherche à tout prix à faire prendre conscience à sa chèvre. La vraie liberté, celle qui consiste à faire tout ce que l’on veut sans en souffrir, n’existe pas. Si la chèvre refuse de vivre sous la coupe de M. Seguin, qu’elle perçoit comme l’obstacle majeur à son bonheur, c’est au loup qu’elle devra faire face. Certes, M Seguin tient sa chèvre par une corde. Il cadre et limite sa liberté. Mais l’amour est à la racine de sa motivation pour elle. Autre chose attend la chèvre lorsque, livrée à elle-même, elle devra affronter son ennemi !

Le prédateur des chèvres libérées

Nous devons le savoir : le monde est ainsi fait que la neutralité n’existe pas. Si nous ne voulons pas de Dieu, notre Propriétaire légitime, le Dieu de la Bible, inévitablement nous tomberons sous la coupe du prédateur d’hommes le plus terrible qui soit : le diable. Car, bien qu’invisible, le diable existe. Nous pouvons, comme la chèvre de M Seguin, l’ignorer ou le mépriser : cela ne change rien à la réalité.

Plus encore que l’aspiration à la liberté, il y a une chose qui effare M. Seguin. C’est le refus de sa chèvre d’apprendre de l’expérience et des leçons du passé. Elle n’est pas la première, dit-il, à aspirer à la liberté. De multiples chèvres connues, et bien plus robustes qu’elles, ont voulu suivre ce chemin. Il ne reste plus d’elles qu’un souvenir plein de tristesse.

La constatation de M Seguin vaut aussi pour nous ! Comme la chèvre de M Seguin, chaque génération qui naît est porteuse du même discours. Certes, beaucoup ont précédé cette génération, mais elle n’a rien à apprendre d’eux, de leurs erreurs. Ce qu’ils n’ont pas réussi, elle va l’accomplir. Un jour nouveau va se lever, porteurs de plus de liberté, de bien-être pour chacun…

Ce que nous devons apprendre de l’histoire est que, toujours, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le domaine du monde ne nous appartient pas : il est celui du grand prédateur. Or, celui-ci n’a pas d’amis : nous ne sommes pour lui que des proies qu’ils trompent et avec lesquelles il aime jouer jusqu’au moment où il leur porte le coup fatal.

Appel

Ecoutons les enseignements du Propriétaire. Il a de l’expérience. Il connaît « les chèvres » depuis le début. Il en a vu des milliers courir à leur perte, malgré les avertissements qu’il leur avait donné. Moi qui vit dans son enclos, attaché par la corde de ses commandements, je vous le dis : c’est ici que se trouve la vraie liberté, la vrais satisfaction. Ne croyez pas aux mensonges de votre cœur qui vous abuse. Le loup est tapi à la porte de la sortie de l’enclos prêt à vous dévorer !

Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus

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