Un espace aménagé pour son bonheur
M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d’aubépines. C’est là qu’il mit la nouvelle pensionnaire. Il l’attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvait très heureuse et broutait l’herbe de si bon cœur que M. Seguin était ravi.
- Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s’ennuiera pas chez moi !
M Seguin se trompait, sa chèvre s’ennuya.
L’espace aménagé de Dieu pour l’homme
Comme M. Seguin pour sa chèvre, la Bible nous montre que, dès l’origine, le souci de Dieu était le bien-être de l’homme. Pour son confort, sa subsistance, sa joie, « l’Eternel Dieu, dit la genèse, planta un jardin en Eden du côté de l’Orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé. L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toutes espèces, agréables à voir et bons à manger. » L’espace aménagé par Dieu pour l’homme était totalement adapté à ses besoins et sa condition.
Il se peut qu’une des raisons de l’ennui de la chèvre de M. Seguin était la solitude. Sans doute avait-elle ce qu’il lui fallait, mais elle n’avait pas de vis-à-vis semblable à elle. Tel n’était pas le cas de l’homme. Créé, placé dans le jardin, Dieu remarqua et prit en compte la solitude de l’homme. « Dieu se dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui… L’Eternel Dieu fit alors tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. »
Se réveillant, nous entendons pour la première fois l’homme parler. Du contentement, il passe au ravissement. « Voyant la femme que Dieu lui avait donné, il dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! » Le texte original laisse entendre que nous trouvons ici la première forme de poème de l’humanité. Cette fois-ci, peut-on penser, il ne manque vraiment plus rien à l’homme. Dans les trois aspects de son être, spirituel, psychologique, physique, son bonheur est assuré ! Qu’est-ce donc qui va tout gâcher ? Où va commencer l’ennui ?
La corde
L’enclos aménagé par M Seguin pour sa chèvre était caractérisé par deux limites, imposées à la fois pour son bien, sa protection, mais aussi pour garantir la proximité que le propriétaire voulait avoir avec son animal. Ces deux limites étaient la haie d’aubépines et la corde qui la tenait attachée à un pieu. Il semble qu’à ses débuts, la chèvre ne voyait là rien qui soit une brimade à son bien-être. Mais, soudain, par on ne sait quel procédé mystérieux, l’ennui pénétra en elle (voir texte explicatif semaine prochaine).
Cette corde qui lie la chèvre de M Seguin par un pieu au centre du jardin, nous la retrouvons aussi dans la Bible sous la forme d’un commandement unique donné dès l’origine à l’homme. « L’Eternel Dieu donna cet ordre à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »
Si le bonheur de l’homme se trouve dans le cadre d’un espace aménagé, il est, dans la pensée de Dieu, également indissociable d’une liberté contrôlée. Non, il n’est pas possible pour l’homme de jouir pleinement de la vie sans qu’aucune limite n’encadre sa conduite. Si de multiples choses sont sources de bonheur effectives pour l’homme (le jardin était plein d’arbres agréables à voir et bons à manger) il y a clairement des choses qui n’apportent pas la vie, mais la mort. C’est la loi morale, définie par les commandements de Dieu, qui est pour nous la corde qui, dans l’espace aménagé où s’exprime notre liberté, en garantit l’usage pour notre bonheur. Au-delà de son rayon, le danger commence… "L'interdit instaure un espace de liberté et de confiance. Il crée la liberté (finalement illusoire) d'y désobéir et il autorise à manger de tous les autres arbres. En refusant l'interdit, Adam et Eve perdent la véritable liberté et ne répondent plus à la confiance que Dieu leur fait : Michel Sommer."
Toute l’histoire de l’humanité est jalonnée par la volonté humaine de braver les interdits. Par la modification des consciences et du sens des choses, opérée par une mystérieuse influence occulte, la marche humaine vers la transgression de tous les anciens repères est appelée progrès, libération. L’homme, la femme accomplis sont l’homme, la femme libérés auxquels sont opposés les « aliénés », esclaves de leur pudeur ou de leur tabous, prisonniers de leurs craintes et de leur conscience, les « intégristes » « conservateurs » et « fondamentalistes » figés dans leur posture archaïque, arc-boutés sur leurs valeurs dépassées…
Est-ce bien là la vérité ? Les femmes, les hommes libérés présentent-ils le visage d’être réellement épanouis ? Pourquoi donc se déchirent-ils alors autant ? Pourquoi remplissent-ils les cabinets des psychiatres hantés par leur culpabilité ou plongés dans la confusion la plus totale ? Comment se fait-il que, parmi eux, se trouve le plus grand nombre d’enfants traumatisés, déstabilisés détruits, en perte complète de repères et d’identité ? D’où vient-il que beaucoup, ayant brûlé la vie des deux côtés finissent, pour n’avoir pas voulu de la corde de Dieu, au bout de la corde de la mort ?
« Libérons-nous de la chaîne des contraintes morales des commandements de Dieu, pensaient-ils ! Jouissons pleinement de tout ce qui peut satisfaire notre égo ! » Les libérés ont oublié une seule chose : c’est l’application du principe incontournable qui est l’explication du comportement et de l’orientation que prend toute vie. Ce principe est que chacun de nous est esclave de ce qui triomphe de lui. La liberté sans frein mène à la mort ! Seule la liberté contrôlée produit la vie !
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus
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