Décalage
L’une des raisons les plus fortes de la réticence qu’ont nos contemporains à considérer la Bible comme un livre qui devrait faire autorité dans leurs vies, par exemple sur le plan moral ou éthique, tient sans nul doute à l’impression d’intolérance qu’elle leur donne. « La Bible, c’est la morale du passé, dit-on. Une morale qui ne tient pas compte des travaux et des découvertes de la psychologie moderne, travaux qui ont mis en lumière, dans le domaine du comportement et des mœurs, la possibilité de multiples préférences. » Le décalage entre ce que la Bible définit et considère comme étant bien ou mal et ce que la société moderne, dans son ensemble, apprécie comme tel, est si grand que la Bible n’a, aux yeux de beaucoup, de valeur que comme témoignage de ce qu’était le moral dans un autre âge. D’où est né ce décalage ? Quelle en est la source ? C’est ce que nous allons essayer de voir ici !
Du gris partout…
Nous le savons : la façon de penser d’un peuple à un moment donné n’est pas le fruit de sa seule décision. Elle apparaît, au contraire, comme la synthèse de tous les courants qui l’ont traversé. C’est dans ce mot « synthèse » que se trouve l’explication du phénomène de décalage dont j’ai parlé ci-dessus.
Qu’est ce qu’une synthèse ? La définition qu’en donne le Petit Larousse est la suivante : la synthèse est l’opération intellectuelle par laquelle on réunit en un tout cohérent, structuré et homogène divers éléments de connaissance concernant un domaine particulier. Chez Hégel, le philosophe (même s’il semble qu’il n’ai jamais utilisé le mot), la synthèse est le 3ème élément de la dialectique où s’opère, à travers leur union, le dépassement de la thèse et de l’antithèse. Une façon de procéder que l’on retrouve, sur le plan philosophique, chez Kant qui pense qu’à partir d’une synthèse peut être formulée une nouvelle antithèse, etc…
Quel lien ces raisonnements philosophiques ont-ils avec notre sujet ? Beaucoup ! Nous les comprendrons mieux avec une illustration. Appliquons la procédure thèse-antithèse-synthèse de Hegel aux couleurs. Prenons les couleurs les plus opposées les unes aux autres : le blanc et le noir. La blanc est la thèse, le noir l’antithèse. Selon Hegel, pour trouver la vérité, le chemin du milieu, il faut procéder à la synthèse. Nous le savons tous : la synthèse du blanc et du noir donne quelque chose de nouveau qui ne ressemble ni au blanc, ni au noir : c’est le gris. Suivons maintenant, le raisonnement de Kant : à partir de la synthèse (le gris) doit être formulée une nouvelle antithèse (le noir). Mélangeons donc le tout ! Qu’obtient-on ? Un nouveau gris, mais plus foncé… qui s’éloigne encore un peu plus du blanc désormais sacrifié !
Binaire ou tertiaire
Alors que la Bible (et Dieu) fonctionne sur le plan moral de façon binaire, il apparaît que, depuis les philosophes et le siècle des Lumières, c’est en tertiaire que, de manière dominante, nous nous sommes mis à penser. Pour tout occidental ouvert et moderne qui se respecte, le blanc et le noir n’existe plus : seul le gris est juste. Penser en termes de blanc et de noir, nous dit-on, ne peut mener qu’à une seule chose : une logique de confrontation. C’est cette forme de raisonnement binaire, qui caractérise les religions qui, nous dit-on, est la mère de tous les fanatismes et de toutes les intolérances qui ont, jadis, fait le lit de toutes les guerres. Est-ce juste ? Où se trouve l’erreur ?
Elle est dans deux choses :
- la première tient au constat que, chez ceux qui pensent en gris, l’intolérance est aussi forte que chez ceux qui pensent en blanc et noir. Pour le « gris », en effet il apparaît aujourd’hui qu’il n’est pas plus tolérable de penser en blanc ou noir que pour « les blancs et noirs » de penser en gris. Vous en voulez la preuve ? Allez dire aujourd’hui à nos contemporains que l’avortement est un meurtre ou que l’homosexualité est une sexualité contre nature, et vous connaîtrez vite le degré de tolérance qui animent « les gris » ! La réalité démolit donc avec force l’argument clé qui, selon eux, légitime chez les gris leur façon de penser. Pire ! nous allons le voir : il rétrécit même le champ de la tolérance !
- Si le gris ne peut penser qu’à partir d’une seule couleur, l’avantage du blanc et du noir est qu’il fonctionne, quant à lui, à partir de deux réalités. La blanc ne nie pas le noir : il affirme simplement qu’il est son contraire et que, pour sa part, ce n’est pas là son choix ! Pour autant, l’adepte du blanc, montre la Bible, n’a pas à haïr l’adepte du noir, mais à l’aimer, car il sait, lui aussi, par expérience, combien le noir est une couleur qui fait souffrir. C’est par Jésus, le Blanc par excellence, que l’exemple de ce qui doit être notre attitude envers nos contraires, a été le mieux démontré. Car bien que « Blanc parfait », Jésus, montre la Bible, s’est toujours mêlé aux noirs (appelés les pécheurs dont nous sommes tous), tout en restant Lui-même blanc, pour leur manifester Son amour. Dans cet amour, nous dit la Bible, il est allé, lui, le Blanc, à prendre sur lui toutes leurs noirceurs, pour que, de noirs qu’ils étaient, ils deviennent blancs, à son image !
Conclusion :
Ma conclusion sera triple :
1. Qu’on le veuille ou pas, la réalité fonctionne de façon binaire. Même les « gris » ne peuvent y échapper. Preuve en est par le fait qu’ils ne se contentent jamais de leur position, mais qu’a partir d’une synthèse, ils formulent de nouveau une antithèse qui les amène à une nouvelle synthèse… dans un cycle sans fin de réajustement. Le constat que l’on fait cependant est que, plus le temps passe, plus le noir est légitimé au détriment du blanc. Dans les derniers temps, dit la Bible, les hommes appelleront le mal bien et le bien mal : on comprend désormais pourquoi !
2. L’avantage du système binaire est qu’au moins, nous avons ici des frontières. Certains y verront une sclérose de la société, moi j’y vois les conditions de sa sécurité. Imaginez ce que serait dans le monde physique ce réajustement permanent des normes. Le mètre d’hier ne serait plus égal à 100 cm, mais 50, puis demain à 75, puis 87,5cm. Qui s’y retrouverait ? A quelle anarchie ne serait-on pas livré entre ceux qui seront restés à 100, ceux pour qui le 50 était la bonne norme, et les avant-gardistes qui militeraient pour aller encore plus loin… (On voit chez les personnes qui ont connu les anciens francs, puis les francs et l’euro quelle difficulté d’adaptation ces changements mènent !). C’est le raisonnement hégélien et kantien qui est à la base de la confusion morale dans laquelle nous sommes, pas celui de la Bible.
3. L’amour de l’autre est le secret de la cohabitation entre les contraires, non leur fusion en un tout dans lequel personne, finalement, n’y trouve son compte. C’est cet amour qui habite Dieu et qui fait que, malgré toutes les horreurs, contraires à sa nature, qui sont sous ses yeux, le monde, malgré tout, continue à exister. Dieu a, cependant, le projet de faire vivre chacun dans le royaume de Son Fils, le « Blanc ». Il nous offre par lui la possibilité d’être détaché du noir ! A chacun de choisir, s’il le souhaite vraiment ou non !
Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme : Jésus
1 commentaire:
Excellent article. C'est très éclairant tout en étant très facile à comprendre.
Barbara.
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