Adaptation ou biographie ?
La présentation lundi soir du film de Marc Angelo « Marie Humbert : l’amour du mère » me pose problème. Pour plusieurs raisons. La 1ère tient d’abord au titre, qui inclut à côté du nom de la mère de Vincent Humbert, la proposition « l’amour d’une mère ». Elle dicte, avant même d’avoir vu le film et réfléchi à l’acte commis, la façon avec laquelle le spectateur doit l’interpréter. La seconde est que le film se présente comme une adaptation d’un fait réel. Nommer ainsi le film est, à mon sens, frôler la manipulation. Le film peut-il décemment être appelé une adaptation en frôlant de si près le vécu : noms réels des personnages, copier/coller exact du déroulement de l’histoire… ? Le spectateur ne va-t-il pas automatiquement penser que ce qu’on lui montre est le récit exact du vécu des personnes évoquées ? Si c’est le cas, en quoi est l’adaptation ? Si ce ne l’est pas, pourquoi lui en donner toutes les allures ? L’authenticité de ce qui sera montré est d’ailleurs fortement mise en cause par un témoin : le kinésithérapeute de Vincent Humbert, Hervé Messager (voir vidéo ci-dessous). De quel côté est l'instrumentalisation ???
La présentation lundi soir du film de Marc Angelo « Marie Humbert : l’amour du mère » me pose problème. Pour plusieurs raisons. La 1ère tient d’abord au titre, qui inclut à côté du nom de la mère de Vincent Humbert, la proposition « l’amour d’une mère ». Elle dicte, avant même d’avoir vu le film et réfléchi à l’acte commis, la façon avec laquelle le spectateur doit l’interpréter. La seconde est que le film se présente comme une adaptation d’un fait réel. Nommer ainsi le film est, à mon sens, frôler la manipulation. Le film peut-il décemment être appelé une adaptation en frôlant de si près le vécu : noms réels des personnages, copier/coller exact du déroulement de l’histoire… ? Le spectateur ne va-t-il pas automatiquement penser que ce qu’on lui montre est le récit exact du vécu des personnes évoquées ? Si c’est le cas, en quoi est l’adaptation ? Si ce ne l’est pas, pourquoi lui en donner toutes les allures ? L’authenticité de ce qui sera montré est d’ailleurs fortement mise en cause par un témoin : le kinésithérapeute de Vincent Humbert, Hervé Messager (voir vidéo ci-dessous). De quel côté est l'instrumentalisation ???
Ethique de situation
La 3ème raison qui me dérange est plus profonde. Elle tient toute entière à la façon avec laquelle, par ce film, on cherche à influencer l’opinion de la majorité. Comme ce fut le cas avec « l’affaire Ranucci » pour le lourd dossier de la peine de mort, ou celui de Marie-Claire Chevalier défendue en 1972 au procès de Bobigny par l’avocate Gisèle Halimi en vue de la légalisation de l'avortement, il est clair que l’histoire de Vincent Humbert est le cas idéal à exploiter pour légitimer la pratique de l’euthanasie dans la conscience collective. La méthode est ici toujours la même. On pratique ce que l’on appelle l’éthique de situation, une éthique qui se construit à partir de cas étudiés, les tenants et les aboutissants des principes n’étant pris en compte qu’après coup. Or, la charge émotionnelle des cas étudiés ne peut qu’influer dans le sens de l’adhésion contre la logique froide de l’analyse. Un principe général est ainsi défini sur la base d’un cas particulier, causant à terme, parce que les choses n’ont pas été réfléchies suffisamment et jusqu’au bout, plus de mal que de bien à l’ensemble de la population à laquelle il va désormais s’appliquer.
Historique
C’est au XVII ème siècle que, pour la première fois, le terme euthanasie (du grec eu, bien et Thanatos : mort ; mort sans souffrance) apparaît. Dans son Avancement of Leaning (le Progrès du savoir), écrit vers 1605, Sir Francis Bacon en fait la proposition. Par pitié, il suggère la pratique de l’euthanasie agonique qui consiste à mettre fin à la souffrance intolérable des agonisants. L’idée cependant n’était pas neuve. On en trouve déjà la trace des siècles auparavant dans la République idéale de Platon. Là, Platon propose à Adeimantus d’établir dans l’Etat parfait une législation à la fois médicale et de justice, prévoyant un traitement pour ceux des citoyens dont la santé physique et psychologique est bonne. Mais pour les autres, la même législation laissera mourir les malades, et « ceux dont l’état psychologique est incurable seront mis à mort. » (République, IX, ligne 410).
Plus tard l’idée sera reprise par d’autres. Citons parmi eux Sir Thomas More, dans son livre Utopia, écrit au début du XVème siècle. Dans son « Etat idéal », prêtres et officiers devraient, selon Thomas More, tenir le langage suivant, devant un grand malade : « Regardons votre problème de santé en face. Vous n’allez plus vivre de façon normale. Devenu une charge pour le monde et un fardeau pour vous-mêmes, en fait, déjà, vous menez une existence posthume… Pourquoi donc continuer à nourrir les microbes (avec votre corps malade) ? Puisque votre vie n’est que misère, d’abord pour vous-mêmes, pourquoi hésiter à mourir ? Vous êtes dans une chambre à horreurs, pourquoi ne pas y échapper vers un monde meilleur ? Donnez donc vos ordres et nous, nous organiserons votre fuite. Notre proposition n’est que du bon sens. »
Au début de notre siècle, le Français Vacher de Lapouge préconisa l’élimination radicale des personnes anormales. Malheureusement, le IIIème Reich emprunta ses idées. A partir du décret du 1er septembre 1939, le IIIème Reich ordonna la suppression de plusieurs milliers de malades mentaux, « existences superflues ». Même si le corps médical allemand était partagé au sujet de cette pratique, nous savons que par la suite cette forme d’euthanasie sociale, l’eugénisme (dans le sens d’élimination ethnique), fut pratiquée en masse. Six millions de Juifs disparurent, ainsi que des milliers de Tziganes et beaucoup d’autres personnes. Et leur mort ne fut pas particulièrement douce !
Aspects bibliques
Parce qu’elle touche à ce qu’il y a de plus fondamental dans l’être humain (la vie), il est impossible que la question de l’euthanasie se règle et s’appréhende à partir de cas particuliers et d’histoires émotionnellement chargées. Car toucher à la vie, c’est toucher à ce qu’il y a de plus sacré en l’homme.
Or, l’homme est, selon la Bible, plus qu’un ensemble de molécules. Il a une dignité et une valeur qui dépassent de loin sa vie physique. Il est créé à l’image de Dieu qui, seul, a droit de souveraineté sur sa vie et sa mort. « Sachez donc, dit Dieu dans la Bible, que c’est moi qui suis Dieu, je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. » « l’homme n’est pas maître de son souffle pour pouvoir le retenir et il n’a aucune puissance sur le jour de sa mort. » Il est à noter de plus que parmi toutes les demandes à mourir formulées dans la Bible, aucune n'a été exaucée par Dieu. L’euthanasie n’est, du point de vue biblique, pas seulement un crime contre l’humanité, mais encore contre les droits de la Divinité.
La Bible affirme d’autre part l’existence d’un au-delà après cette vie. « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois après quoi vient le jugement. » Vouloir mettre fin aux jours d’une personne à cause de ses souffrances, c’est donc faire le choix de la précipiter avant l’heure dans l’éternité. Si nous (les opposants à l’euthanasie) comprenons et respectons la volonté des malades de mettre fin à l’acharnement thérapeutique qui les maintient artificiellement en vie, il nous apparaît que le fait d’ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie va introduire dans l’humanité une pratique dont elle pourrait par la suite regretter très amèrement les applications.
Que sert-il à un homme de gagner lemonde entier s'il fait la perte de son âme ?
La 3ème raison qui me dérange est plus profonde. Elle tient toute entière à la façon avec laquelle, par ce film, on cherche à influencer l’opinion de la majorité. Comme ce fut le cas avec « l’affaire Ranucci » pour le lourd dossier de la peine de mort, ou celui de Marie-Claire Chevalier défendue en 1972 au procès de Bobigny par l’avocate Gisèle Halimi en vue de la légalisation de l'avortement, il est clair que l’histoire de Vincent Humbert est le cas idéal à exploiter pour légitimer la pratique de l’euthanasie dans la conscience collective. La méthode est ici toujours la même. On pratique ce que l’on appelle l’éthique de situation, une éthique qui se construit à partir de cas étudiés, les tenants et les aboutissants des principes n’étant pris en compte qu’après coup. Or, la charge émotionnelle des cas étudiés ne peut qu’influer dans le sens de l’adhésion contre la logique froide de l’analyse. Un principe général est ainsi défini sur la base d’un cas particulier, causant à terme, parce que les choses n’ont pas été réfléchies suffisamment et jusqu’au bout, plus de mal que de bien à l’ensemble de la population à laquelle il va désormais s’appliquer.
Historique
C’est au XVII ème siècle que, pour la première fois, le terme euthanasie (du grec eu, bien et Thanatos : mort ; mort sans souffrance) apparaît. Dans son Avancement of Leaning (le Progrès du savoir), écrit vers 1605, Sir Francis Bacon en fait la proposition. Par pitié, il suggère la pratique de l’euthanasie agonique qui consiste à mettre fin à la souffrance intolérable des agonisants. L’idée cependant n’était pas neuve. On en trouve déjà la trace des siècles auparavant dans la République idéale de Platon. Là, Platon propose à Adeimantus d’établir dans l’Etat parfait une législation à la fois médicale et de justice, prévoyant un traitement pour ceux des citoyens dont la santé physique et psychologique est bonne. Mais pour les autres, la même législation laissera mourir les malades, et « ceux dont l’état psychologique est incurable seront mis à mort. » (République, IX, ligne 410).
Plus tard l’idée sera reprise par d’autres. Citons parmi eux Sir Thomas More, dans son livre Utopia, écrit au début du XVème siècle. Dans son « Etat idéal », prêtres et officiers devraient, selon Thomas More, tenir le langage suivant, devant un grand malade : « Regardons votre problème de santé en face. Vous n’allez plus vivre de façon normale. Devenu une charge pour le monde et un fardeau pour vous-mêmes, en fait, déjà, vous menez une existence posthume… Pourquoi donc continuer à nourrir les microbes (avec votre corps malade) ? Puisque votre vie n’est que misère, d’abord pour vous-mêmes, pourquoi hésiter à mourir ? Vous êtes dans une chambre à horreurs, pourquoi ne pas y échapper vers un monde meilleur ? Donnez donc vos ordres et nous, nous organiserons votre fuite. Notre proposition n’est que du bon sens. »
Au début de notre siècle, le Français Vacher de Lapouge préconisa l’élimination radicale des personnes anormales. Malheureusement, le IIIème Reich emprunta ses idées. A partir du décret du 1er septembre 1939, le IIIème Reich ordonna la suppression de plusieurs milliers de malades mentaux, « existences superflues ». Même si le corps médical allemand était partagé au sujet de cette pratique, nous savons que par la suite cette forme d’euthanasie sociale, l’eugénisme (dans le sens d’élimination ethnique), fut pratiquée en masse. Six millions de Juifs disparurent, ainsi que des milliers de Tziganes et beaucoup d’autres personnes. Et leur mort ne fut pas particulièrement douce !
Aspects bibliques
Parce qu’elle touche à ce qu’il y a de plus fondamental dans l’être humain (la vie), il est impossible que la question de l’euthanasie se règle et s’appréhende à partir de cas particuliers et d’histoires émotionnellement chargées. Car toucher à la vie, c’est toucher à ce qu’il y a de plus sacré en l’homme.
Or, l’homme est, selon la Bible, plus qu’un ensemble de molécules. Il a une dignité et une valeur qui dépassent de loin sa vie physique. Il est créé à l’image de Dieu qui, seul, a droit de souveraineté sur sa vie et sa mort. « Sachez donc, dit Dieu dans la Bible, que c’est moi qui suis Dieu, je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. » « l’homme n’est pas maître de son souffle pour pouvoir le retenir et il n’a aucune puissance sur le jour de sa mort. » Il est à noter de plus que parmi toutes les demandes à mourir formulées dans la Bible, aucune n'a été exaucée par Dieu. L’euthanasie n’est, du point de vue biblique, pas seulement un crime contre l’humanité, mais encore contre les droits de la Divinité.
La Bible affirme d’autre part l’existence d’un au-delà après cette vie. « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois après quoi vient le jugement. » Vouloir mettre fin aux jours d’une personne à cause de ses souffrances, c’est donc faire le choix de la précipiter avant l’heure dans l’éternité. Si nous (les opposants à l’euthanasie) comprenons et respectons la volonté des malades de mettre fin à l’acharnement thérapeutique qui les maintient artificiellement en vie, il nous apparaît que le fait d’ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie va introduire dans l’humanité une pratique dont elle pourrait par la suite regretter très amèrement les applications.
Que sert-il à un homme de gagner lemonde entier s'il fait la perte de son âme ?
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