samedi 7 octobre 2006

Les racines oubliées de la laïcité


POUR UNE LAICITE INTELLIGENTE !

UNE LOI CENTENAIRE !

Le 9 décembre 2005 a été commémoré un peu partout en France le centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Fruit de luttes acharnées, cette loi a pour objet de séparer l’exercice du pouvoir politique du pouvoir religieux dans notre pays. Elle indique clairement qu’en aucun cas, ni d’aucune manière, le religieux n’a à pénétrer le politique pour l’influencer, et vice-versa. Elle garantit en outre à tout citoyen la liberté de culte. Tout français est, depuis, libre d’adhérer à la religion ou à la foi qu’il désire.

CAUSES ANCIENNES DE LA LOI !

Pourquoi une telle loi fut-elle nécessaire dans notre pays ? Pendant de nombreux siècles, l’histoire le dit, la France est un pays catholique. Marchant main dans la main, la royauté et l’Eglise combattent avec force tous ceux qui pensent autrement que par Rome. De profonds mouvements vont changer la donne. Au XVIème siècle naît, sous l’impulsion de Martin Luther en Allemagne et de Jean Calvin (de Noyon) en France, la Réforme protestante. Elle dénonce, entre autres, les abus de pouvoir du catholicisme et ses faux enseignements par rapport à la Bible. Accueillie dans de nombreux pays, la Réforme est violemment combattue en France. Huit guerres religieuses et civiles se succèdent. Sous l’instigation de Catherine de Médicis, régente du royaume, a lieu, dans la nuit du 24 au 25 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélémy. L’Amiral Gaspard de Coligny, chef des protestants et défenseur en 1557 de la ville de Saint-Quentin contre les espagnols, est assassiné. Perdant leur droit civil, des dizaines de milliers de protestants s’exilent : un désastre économique pour le royaume…

L’intransigeance politique du royaume ne peut résister longtemps aux coups de boutoir des avancées nouvelles. La Bible, déjà mise à la portée du peuple grâce à l’imprimerie de Gutenberg (elle est le premier livre qu’il imprime), est traduite en langues nationales. Le catholicisme doit renoncer à sa prétention d’être le canal et le gardien uniques de la connaissance religieuse. En 1598, Henry IV promulgue l’Edit de Nantes, édit de tolérance religieuse. La liberté de culte des protestants sera de courte durée. Sous l’influence de ses proches, Louis XIV, en 1685, révoque l’Edit, estimant qu’il n’y a plus de protestants en France…

PREMICES DE LIBERTE

Avec le siècle des Lumières, les encyclopédistes, dont notamment Voltaire, dénoncent l’injustice et la folie de la persécution des protestants. La plupart des penseurs de l’époque réclament une autre manière de gouverner que le despotisme. Suite à la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, naît la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Charte de liberté, elle déclare dans son article 10 : « Nul ne sera inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu qu’elles ne troublent pas l’ordre public. » Il faudra cependant attendre le Concordat de Napoléon pour, qu’officiellement, trois cultes soient reconnus en France : catholique, protestant et israélite.

9 DECEMBRE 1905

C’est le gouvernement d’Emile Loubet qui fera voter la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Nous sommes alors en pleine « affaire Dreyfus », officier israélite faussement accusé d’espionnage. Dans un virulent pamphlet intitulé « J’accuse », Emile Zola défend Dreyfus contre ses accusateurs qui comprennent, entre autres, la majorité du clergé catholique. Aristide Briand se fait alors, à la chambre des députés, le porte-parole du gouvernement de l’époque. La loi est votée. Il est temps de mettre un terme au lien privilégié entre le pouvoir et l’Eglise romaine. Protestants et israélites se réjouissent. Forcée, l’Eglise catholique, lentement, se soumet…

LE PRINCIPE DE LAÏCITE

Si le mot laïcité est relativement récent, son principe est, contrairement à des idées reçues, déjà présent dans l’Evangile de Jésus-Christ. Plusieurs de ses propos le soulignent. Face au pouvoir religieux de son temps, Il ordonne de « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Jésus s’oppose fortement au mélange des genres. Le royaume qu’Il est venu inaugurer n’a aucune ambition politique. Il est intérieur, spirituel. S’il influence les comportements, c’est toujours suite à une adhésion personnelle à son message. « Si quelqu’un veut me suivre… déclare Jésus ».

Tous les lecteurs fidèles de la Bible ne peuvent qu’adhérer au principe de la laïcité, esprit de la loi du 9 Décembre 1905. Car, être laïc ne signifie en rien être athée ou systématiquement anti-religieux. La laïcité est un principe qui permet la séparation des sphères respectives, non l’interdiction par le politique de l’expression des croyances religieuses. La Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’homme et des Libertés fondamentales, signée par la France, le précise dans son article 10 : « L’expression religieuse doit être libre et garantie par les autorités de notre pays. Elle ne peut être restreinte à la sphère privée ou à l’espace cultuel. » Autrement dit, comme il est légitime en France de louer des salles publiques pour des meetings d’ordre politique, autant il devrait être possible de le faire pour des réunions à caractère religieux.

Rappelons enfin que partout où il y a dictature politique, le principe de laïcité est aboli. Un aspect peu connu du nazisme est sa volonté d’étatiser l’église et de réduire l’expression de la foi à la sphère uniquement privée. D’un autre côté, des millions de croyants seront envoyés dans les goulags de l’ancienne Union soviétique pour ne jamais en revenir. « Une peuple qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir ! » a dit Jacques Delors. Puisse ne pas être oublié le sang versé par ceux qui ont payé si chèrement le droit à notre liberté d’expression et de conscience.



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